Rêve brisé

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Première partie

Chapitre 1

‹Lorsqu'une simple décision change le cours de toute une vie....››

Elle avait vingt ans à l'époque....

Elle faisait la terminale et était à fond dans les révisons. Il lui fallait ce bac, coûte que coûte. Les cours débutaient à huit heures précises et s'arrêtaient à dix-huit heures mais avec ses camarades de classe, elle restait jusqu'aux environs de vingt heures pour mieux assimiler les leçons et faire des exercices. A cette époque, il n'était pas rare de voir une fille étudier mais aux yeux de son père, c'était une catastrophe, un scandale, le pire qu'il soit, un manque de respect total envers elle-même en temps que ‹‹femme›› et envers ses parents. Pour lui, sa fille se moquait bien des anciens, de la tradition et de leurs coutumes parce que tout simplement, elle fréquentait l'école française. Par contre, sa mère n'y voyait aucun inconvénient. Au contraire, elle ne cessait de lui prodiguer des conseils, de lui remonter le moral quand son père l'insultait de tous les noms d'oiseaux, juste pour qu'elle sorte de sa tête l'idée de continuer ses études. Sa mère, bien connue sous le nom de Sounkar, n'a eu que des filles et ce fut d'ailleurs la raison pour laquelle elle n'hésitait jamais à verser toutes ses économies dans ses études pour qu'elle réussisse. De plus, elle était la seule qui vivait avec elle car ses  quatre autres  soeurs s'étaient  mariées. 

- Travaille bien à l'école, ne cessait-elle de lui répéter. Je compte sur toi pour m'entretenir et pour ce faire, tu dois réussir dans les études, devenir une directrice, avoir une belle petite voiture après nous avoir sorties de cette maison bien-sûre. M'as-tu bien compris? Tous mes sacrifices ne doivent pas être vains.

Ces phrases la faisaient redoubler d'efforts, la rendaient invulnérable face à la fatigue et l'envie de baisser les bras quand Baba, son père, levait presque la main sur elle pour qu'elle oublie l'école. Tenez, un matin, après avoir fini de faire le ménage, elle se rendait au puits avec son seau lorsque son père la tira férocement vers lui.

- Mais Baba! S'écria-t-elle.

- Sale petite effrontée. Si tu sors d'ici aujourd'hui pour aller apprendre la perversité dans cet endroit où garçons et filles se côtoient à longueur de journée, ce n'est plus la peine de remettre les pieds dans ma maison! Lui avait-il crachée en pleine face tout en agitant rageusement son chapelet.

Sans vraiment en faire un drame, elle libéra son bras de son emprise pour puiser de l'eau afin de prendre son bain car, ce jour là, elle risquait fort bien d'être en retard. Lorsqu'elle quittait la concession familiale, il était huit heures passées. Elle pressait le pas tout en sachant que le principale du lycée n'allait pas la rater. Elle allait être collée mais bon, tant que cela n'allait nullement lui empêcher de réussir, elle n'en faisait pas un problème de sécurité nationale. Le lycée était bien loin hein. Toutefois, elle ne se plaignait jamais car c'était elle qui voulait étudier. Personne ne lui avait forcée la main.

-Eh ma séri ( ma chérie), lui lança Chérifou, un vieux qui voulait demander sa main mais lorsqu'il lui avait fait la proposition, une belle paire de gifles lui avait été servies puis elle lui interdit formellement d'aller voir ses parents car, lui promit-elle, " si jamais je deviens ta femme Chérifou,  wallay tu t'en mordras les doigts! Sur la vie de ma mère tu vivras l'enfer! Si tu ne me crois pas, essaie juste pour voir". Fort heureusement, depuis ce jour là, il lui lançait juste des "eh ma séri! séri coco!" dans un sourire salace qui dégoutait la jeune demoiselle. Lui qui avait déjà deux épouses qu'il n'arrivait point à nourrir! Quel insatiable vraiment, se disait-elle.

Elle ne comprenait toujours pas pourquoi les vieux aimaient tant la courtiser. Euh si, peut être qu'elle en avait une petite idée mais pourquoi ne pouvaient-ils pas l'épargner de leur perpétuelle quête? Parce qu'elle avait des seins bien dressés? Des fesses rebondies? Ou parce qu'elle portait des pantalons qui mettaient en valeur ses courbes? Dégoûtants, les jugeait-elle. Pourtant, notre petite ‹‹bambara›› était d'une beauté si rare qu'il était impossible aux hommes de ne pas fantasmer lorsqu'ils l'apercevaient. On aurait dit une perle brillant sous l'effet des rayons solaires. L'envie de la ramasser pour en faire sienne était irrésistible. Elle avait une beauté indescriptible, un charme fou, dévastateur, un regard troublant, un sourire à faire tomber plus d'un mais ne s'en rendait pas compte. Tout ce qui intéressait cette jeune fille était la réussite, rien d'autre. Et lorsqu'elle mettait des tenues traditionnelles comme un ensemble jupe-taille basse, persone ne faisait exprès en la reluquant. Hommes et femmes. Tout le monde tournait la tête pour l'admirer. Seuls les vieux témérères, en fin de vie, avaient assez de courage pour l'aborder. Cela avait le don de l'énerver aux larmes parce qu'elle rêvait d'avoir un intellectuel comme mari avec qui elle aménagerait dans une cité et elle y croyait dur comme fer. Donc pour elle, c'était décevant de ne recevoir que des avances de la part de ces papis. Si ça continue comme ça, se disait-elle, j'aurais un mari qui aura l'âge de mon grand-père.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 01, 2018 ⏰

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