everything

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j'ai passé mes jours et mes nuits à m'évader dans ma tête, avec les souvenirs mis à ma disposition, les odeurs, les goûts. tout me rendait faible, faisait battre mon coeur, trembler mes mains, verser des larmes. il me suffisait de fermer les yeux pour sentir le soleil caresser ma peau, le vent emmêler mes cheveux et apporter l'odeur de la mer, entendre les cigales chanter et les vagues s'écraser sur le sable brûlant. la grosse boule de vide dans mon ventre ne se remplissait d'espoir que la nuit, quand Morphée arrivait enfin à me retrouver dans le labyrinthe de mon sommeil et que je m'écrasait en pleurs contre son torse. mes rêves m'apaisaient, séchaient mes larmes mais au réveil, la douleur me torturait, c'était la désillusion, un retour à la réalité un peu trop brutal quand j'ouvrais les yeux et que je me trouvais encore dans ma chambre, le froid glaçant du mois de décembre étant entré par ma fenêtre entre ouverte. C'était une gifle brutale, comme si Morphée était bipolaire, comme s'il jouait avec mon mental, comme s'il testait sa capacité à endurer la douleur de la réalité.

le tunnel était plongé dans un noir profond, une pénombre à vous glacer le sang, qui, au moindre mouvement, vous paralysait jusqu'aux os. votre corps se figeait, une boule s'installait dans votre ventre et remontait jusqu'à votre glotte, votre langue devenait pâteuse, le bruit qui vous entourait était étouffé par un sifflement aigus, vos yeux devenaient globuleux et votre vue se brouillait. vous étiez dans l'incapacité de parler sans risquer d'exploser, et que votre coeur s'écrase contre le bitume en milles morceaux, à la vue de tous.

et puis vinrent les jours où le tunnel se transforma en un aquarium dans lequel vous vous laissiez porter par le courant, vous étiez dans une bulle, complétement coupé du monde, rien ne vous atteignait, aucune parole, remarque, aucun geste. vous étiez dans une bulle vide, votre esprit était vide, vos pensées étaient vides, et seul votre coeur ressentais ce vide. vous vous étiez habitué à ce vide, le préférant à la douleur, et votre coeur qui lui, se construisait grâce à la douleur, n'était pas d'accord. mais comment faire face à un néant, qui ne ressent plus rien et dont la douleur lancinante n'est plus que poussière ? comment battre quelque chose, d'imbattable d'inatteignable ? comment se dresser contre quelque chose qui ne souffre plus ?

alors le vide reste, le temps passe, et votre coeur finit par patienter en vue de jours meilleurs, tandis que votre âme vagabonde entre la sagesse et la démence.

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⏰ Dernière mise à jour : May 15, 2018 ⏰

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