C'était une après-midi de Juin, la journée avait été ensoleillée comme rarement en cette année 1828.
Victor, jeune romancier entamant le début de sa gloire, était paisiblement assis dans la véranda de la maison qu'un de ses proches amis lui avait généreusement prêté le temps de deux semaines afin qu'il puisse échapper à l'effervescence que la ville.Un tas de feuilles un vrac était étalé devant ses yeux : son prochain roman, qu'il espérait a succès. La moitié de ses feuilles n'étaient couvertes de son écriture qu'à moitié, le reste des feuillets restait blanc.
Faute d'idées, le jeune homme recommençait inlassablement le même passage de son manuscrit, et malgré quelques modifications rien n'y changeait. Ce jour-là, son imaginaire lui faisait malheureusement défaut. Victor flanchait sur le même chapitre depuis le matin même.Ce midi là, un ami de longue date, habitant la région, lui avait rendu visite le temps d'un café. Après avoir longuement parlé de leurs vies respectives, Victor avait brièvement évoqué son problème, plus communément nommé "syndrome de la page blanche". Son ami lui ayant suggéré d'aller sortir effectuer une balade sur le littoral breton, le jeune romancier s'apprêtait à mettre ce conseil en application.
Le jeune écrivain rassembla ses écrits en un tas un peu plus ordonné que précédemment et, traversant la véranda où il avait passé la majeure partie de ses derniers jours, rejoignit le salon où plusieurs canapés sombres, une table en chêne et un coffre (lui aussi en bois) meublaient la pièce. Victor prit sa veste, précédemment posée sur le dossier d'un des canapés et troqua ses vieux chaussons contre une paire de chaussures achetées lors de son dernier voyage à la capitale.
Il avait emprunté le vieux vélo qu'il avait découvert quelques jours plus tôt dans le garage attenant à la maison de son ami, avait vérifié la pression des pneus, l'état des freins, le confort de la selle. Puis il avait enfourché l'engin dont la stabilité restait douteuse et, sortant de la résidence emprunta le premier chemin sinueux qui se présentait à ses yeux.
Avant de partir Victor avait pris soin d'emporter avec lui un carnet de feuilles et un crayon, tous deux soigneusement empaquetés dans le panier situé à l'avant du vélo.
Il n'avait pas roulé plus de cinq minutes avant de reposer son moyen de transport sur un carré d'herbe verte. Il préférait continuer sa balade en marchant.Sa balade touchait à sa fin. Le soleil commençait sa lente descente au-dessus de la mer, qui elle reflétait des couleurs orangée au lieu de son habituel bleu d'eau. Il était presque rendu au point où il avait déposé son véhicule quand il aperçut un peintre. Un vrai peintre. Pas un de ceux qui n'esquissaient que deux ou trois coups de pinceaux sur une toile pour ensuite la vendre à un prix tel que peu de personnes pouvaient se permettent d'acheter le tableau. Non.
C'était un Vrai peintre.
Un pour qui la peinture était avant tout une passion.Victor laissa un court instant ses yeux dérivé sur la toile de cet inconnu. Il en eu le souffle coupé. Cette brume, rouge ! Ce ciel bleu! Ces nuages ! Ce vent! Ce soleil doré !
Il eut d'abord l'impression que le peintre sublimait la scène qu'il observait, mais, relevant les yeux sur le paysages qui s'offrait à lui, le jeune romancier ne fut que plus éblouit par l'énergie qui se dégageait de la scène.
Le soir paraissait encore plus beau. Le rouge de la brume encore plus Vivant ! Les nuages se mouvaient en un archipel de formes et de teintes différentes.
Il enjamba les quelques mètres qui le séparaient de son vélo à vive allure, sortit son carnet et son crayon de leurs protections, revint à son point précédent, et, laissant son imaginaire et sa plume voler à leur guise, coucha sur le papier sa propre description de la vue qui l'entourait.
Le peintre, ayant assisté à cette manœuvre fut intrigué et discrètement se pencha de façon a pouvoir lire les premiers vers de la toute première exquise d'un poème, qui quelques temps plus tard serait publié et connu de tous.
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"Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
À des archipels de nuages. ""Le soleil à travers leurs ombres brille encor; "
"Sous son ventre plombé glisse un rayon du soir;
Cent nuages ardents luisent sous son flanc noir"
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La tête dans les nuages
Historia CortaAssise sur la plage, les pieds enfoncés dans le sable comme dans des chaussons, je regarde l'Océan et ses alentours. La rêverie s'emparre de mon être et les idées fusent, j'ai la tête dans les nuages. Face à la vie, mille esprits s'enroulent autour...