LOVE PAST - Tome 6 [Prochainement Auto Edité]

CHAPITRE 9 - ELLE

29 mars 2030

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J'ouvre délicatement les yeux et mon premier réflexe est de tendre le bras pour tâter la place à mes côtés. Mes doigts tâtonnent les draps froissés. Ils sont frais et je me demande s'il est venu se coucher cette nuit. Je me redresse, encore toute endormie, en plaquant le drap sur ma poitrine. Il n'est pas venu me rejoindre et ça m'attriste. Je tourne la tête vers la fenêtre, par automatisme. Le jour perce à peine le ciel assombri de la nuit. L'aurore est mon moment préféré de la journée. Tout recommence, tout se réanime et revit. C'est le recommencement, le début d'une nouvelle journée. Et c'est à l'aube que je me sens la plus créative.

Je me glisse hors des draps, ramasse le tee-shirt de Connor au sol, que j'enfile rapidement et attache mes cheveux en un chignon bordélique sur le sommet de mon crâne, que je fixe avec un crayon de papier.

Je quitte la chambre, les jambes légèrement flageolantes, sans oublier de prendre mon carnet. Ce carnet, je ne le quitte jamais. Il fait partie de moi, c'est une partie de mon âme. Il ne paie pas de mine. Il est vieux, usé, noirci de mots, de fragments de phrases parfois inachevées. Je gribouille dessus dès que je trouve deux minutes, ne faisant jamais attention à la page que j'ouvre. Il m'arrive même d'arrêter ce que je fais quand une citation me vient en tête pour la noter rapidement avant que ces mots ne s'envolent de mon esprit.

Certains ont besoin de retranscrire leurs pensées, leurs émotions et leurs souvenirs dans un journal intime. Moi, j'ai mon carnet. Il me permet de m'évader, d'organiser l'immense bordel qui se joue dans ma tête, un peu comme un écrivain qui fait le tri dans ses idées.

Je suis passionnée par la musique et par le chant depuis que je suis petite. Enfant, je me souviens que je voulais être chanteuse pour dauphins. Aujourd'hui, je veux être chanteuse tout court. Et je veux chanter mes chansons, mes textes, ceux qui me correspondent, sur mes mélodies. Je ne sais pas si un jour je percerai dans ce monde, que les gens connaîtront mon nom pour ma créativité mais chaque jour qui se lève, pour moi, débute par une envie encore plus forte d'écrire mes propres chansons. Celles que je fredonne et que je rêve de chanter devant un public.

Je descends les marches du penthouse et me raidis quand j'entends les rires de plusieurs hommes. Je reconnais facilement celui de Connor. Il est assez rare quand il rit, comme si il se l'autorisait que de temps en temps.

J'arrive dans la grande pièce principale qui sert de salon, de cuisine et de salle à manger et les visages se tournent vers moi. Je suis accueillie par l'éternel sourire de Nick, toujours aussi chaleureux et solaire. Ce mec, le plus vieil ami de Connor m'a plu dès notre rencontre. Il est sage, prévenant, toujours souriant. Une relation amicale s'est créée entre nous deux, bien qu'il y ait une certaine réticence vis-à-vis de Connor.

Mon regard est déporté vers Calvin. Ses yeux ballaient mes jambes nues et je le vois passer sa langue sur ses lèvres. Calvin a la fâcheuse manie de me mettre mal à l'aise parfois. Je tire vers le bas sur le tee-shirt de Connor, comme pour me cacher de ce regard trop persistant. Je sais que mon geste est inutile mais c'est un réflexe. Je ne suis pas pudique, loin de là, mais quand il s'agit de Calvin, je réagis toujours différemment. J'attrape un sweat à capuche gris qui traîne sur une chaise haute du plan de travail, comme si ce bout de tissu supplémentaire pouvait me rendre un peu plus décente.