Il y a très longtemps, dans une lointaine humanité, se trouvait un peuple fort civilisé. Leur intellect avait atteint des proportions inimaginables, si bien que la plupart d’entre eux mouraient prématurément, le cerveau surchauffé. Ils crurent d’abord à un fameux mélange de surpoids et de toxines atmosphériques… mais comme ils avaient évolué, depuis! Du haut de leur évolution, c’est ainsi qu’ils décidèrent tous, à l’unanimité, de se régresser eux-mêmes au niveau des autres nations. Ainsi, dans un élan de fausse générosité, ils se présentèrent aux urnes. Tout le monde vota le fameux jour, mais plus personne ne s’en rappelait le lendemain. S’ils regardaient de haut auparavant, ce n’est que le sol qu’ils fixèrent par après. Quant à leur intelligence, elle cadrait maintenant à merveille avec leur choix d’électeur; avec l’homme le plus à même de détruire leur pays : Donald. Seulement, ce dernier vit son ascension au pouvoir d’un tout autre oeil. Toute sa vie durant, et à ce moment plus que jamais, il n’avait été guidé que par une seule chose : le pouvoir du bidou vert.
Comme beaucoup de héros, il avait d’abord débuté sa carrière à bien des échelons en dessous du bas de l’échelle la plus longue. Au début, il devait passer la serpillière, qu’on lui avait dit. Alors il la passa. Seulement, voilà, la serpillière ne voulait pas de lui. Elle tenta de s’enfuir; il la rattrapa. Elle devenait hystérique et s’agitait dans tous les sens, si bien qu’elle lui coupa la moitié du doigt. Le sang coulait à flots, tandis qu’il tentait au mieux de servir les clients: « Ah, mon doigt! »
Un riche homme d’affaires, vêtu de sa fortune, dodu de son métier, vieilli par les deux, entra à l’intérieur:
« Jeune homme.
Vieil homme.
Apprends donc à maîtriser ta serpillière! lança le riche
Mêlez-vous donc de vos affaires! » rétorqua le pauvre
La serpillière asservie, le brave Donald se dirigea vers le tiroir-caisse. L’air renfrogné, il servit de son mieux le petit homme riche, et celui-ci fut autant satisfait qu’on puisse l’être dans une transaction impliquant un sac de chips. Sa vieille panse se plaignait moins. Le frêle commis ouvrit la caisse et y déposa l’argent. Ses bras devinrent verts. Il sentit le vert longer son dos, tournoyer autour de son cou, monter jusqu’à sa tête… Pour la première fois de sa vie, il voyait la vie en vert : il s’effondra. Les bidous roulaient par terre.
Il se réveilla en tant que grabataire. Allongé sur un étroit matelas inconfortable et mis à nu, Donald sentait les punaises qui festoyaient. Il crut même apercevoir quelques mites qui se joignaient à la fête. Il se trouvait à l’hôpital. Il faisait nuit dehors comme à l’intérieur. Le jeune homme s’égosillait en appels pour ses infirmiers, mais là, comme à l'extérieur, tout le monde dormait. Les poings fermés, le cœur serré, les dents grincées, la morve écoulée; il se jurait qu’un jour il changerait les choses. Il voulut dormir et maudit à la place. Il passa la nuit à maudire; la société d’abord, puis le capitalisme qui la maintenait en place. Ses petites lèvres formulaient ainsi des injures à voix basse, lorsque la fenêtre se plaignit à son tour. Quelqu’un entrait; l’homme aux affaires, dodelinant, bedonnant.
« Jeune homme, te voilà bien heureux! lança-t-il
Vieil homme, vous voilà bien drôle! répliqua Donald. Que venez-vous faire ici?
Acclamer l’élu.
Pardon?
Tu ne sais donc pas ce qui t’es arrivé?
Oui, je me suis coupé le doigt et puis…
Non! Non, non et non! Je l’ai répété aux médecins et me voilà qui te l’annonce: tu ne t’es pas évanoui à cause de cette stupide blessure, voyons! Enfant, j’encaissais bien davantage… Ce qui t’a terrassé, c’est la réception du don; l’argent t’a choisi!
VOUS LISEZ
Donald le capitaliste et son maître bonhomme
HumorL'ascension au pouvoir tout à fait suprenante d'un Donald dodû autrefois bien frêle. L'intervention d'un mystérieux maître bonhomme qui ne jure que par les bidoux verts.