Ils m'ont laissé enfermé pendant au moins dix heures. Sans nourriture. Sans eau. Sans pouvoir bouger, condamné à fixer une paroi noire, qu'avais-je fait de mal ? Je me souviens que le sol s'était mit à trembler dans un bruit sourd au bout d'une heure, et s'était arrêté au bout de 5h. Moi, je ne savais pas que cette chose se déplaçait, je pensais sortir et retrouver Georges, ma mère et les autres, j'attendais ce moment avec impatience, mais ce ne fut pas le cas.
Quand ils m'ont forcé à descendre nous n'étions plus chez moi, rien n'était comme avant. J'étais affamé et terrifié, je ne connaissais pas les gens, ni les autres chevaux.. De force, ils m'ont amené jusqu'à un bâtiment sombre, des écuries. Je hennissais de peur mais il ne tentaient pas de me rassurer, était violent à chaque bruit que je faisais. Nous sommes arrivés à un box où les chevaux étaient plusieurs. Je ne connaissais personne, les autres ne m'aimaient sûrement pas, ils se moquaient de moi, me mordaient, bottaient et ne me laissait pas boire ni manger : quand je m'approchais de la mangeoire ils se mettaient debout pour m'intimider, ça marchait.
Au fond il y avait un vieux poney, plus petit que les autres ils auraient pu l'écraser et le tuer d'un coup, mais il semblait respecté. Ce vieux s'appelait Blood qu'il m'avait dit, je me souviens bien. Sa crinière grise et emmêlée trainait dans les crottins et dans la paille salie et moisie. Ce jour là, Blood me dit une phrase qui me suivit toute ma vie, dont je me suis toujours souvenu mot pour mot, le vieux Blood m'a dit :
« Écoute poulain, ne t'attache pas aux humains, crois moi je sais ce que je dis, poulain tu seras déçu, oublie ta vie d'avant, oublie ta mère, oublie tout ce que tu pourras rencontrer et aimer, car un jour les Hommes te l'enlèveront. »
Aujourd'hui je me dis que j'aurais dû y croire plus tôt, quel fiasco.
Longtemps je me suis dit que ce vieux était fou, que Georges et les humains m'aimaient ou m'aimeraient, que je reverrais ma me et mon maître... Cette nuit là je ne dormis pas, j'attendais Georges, je l'attendais...
L'homme qui entra dans le box au matin n'était pas Georges, tous les chevaux s'affolèrent, ils se levèrent et hurlèrent, l'un d'en eux me marcha dessus je crois, car j'avais mal.
L'homme attendit qu'ils se calment. C'est moi que l'homme attrapa, il me ramenait voir Georges ? Même si le trajet était horrible, si c'était le prix pour revoir mon chez-moi je l'aurais payé volontiers. Mais rien de tout ça.. Il me serra fort le licol, il me faisait tellement mal.. où m'emmenait-il ?
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Le traumatisme de toute une vie
Teen FictionComment peu-on lui en vouloir? À l'abattoir il se souvient de sa vie de cheval qui est loin d'être rose, la faute à qui ?