LA RENCONTRE |1|

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Chapitre 1, Partie 1

Avachie sur mon bureau, sur un tas de cahier de mathématiques, l'atmosphère est pesant. Je suis là, présente, juste physiquement car mon cerveau lui, n'est pas vraiment d'humeur à calculer des vecteurs, des statistiques ou même de souffrir avec ce foutu critère de colinéarité. Dans ma main droite, ce stylo tout mordu qui m'aura dérangé jusqu'au lycée. Dans ma main gauche, cette lettre que je viens tout juste d'écrire, et qui en y repensant me fait encore souffrir.

« Arrive un moment où je ne peux plus faire semblant, croire que tout va bien alors que tout va mal et qu'en plus, personne ne s'en soucie pour autant. J'ai atteint un stade où je ne peux plus croire que ma vie va changer pour du meilleur. Je me le suis répété trop de fois et rien a changé jusqu'à cette heure. C'est pour ça que je l'ai écrite, pour tous les gens qui se soucieront de ma vie ou plutôt de ma mort car oui ce soir, j'ai décidé de ne plus vivre, de me suicider. »

Je jette un dernier coup d'œil à cette lettre avant de rassembler tous mes efforts pour soulever cette masse qu'est mon corps de fille en pleine croissance. Enfin ma colonne vertébrale à la verticale, je suis maintenant face à mon bureau. Il doit être à peu près minuit. Ça ferait maintenant cinq heures que j'ai dit à mes parents que j'allais dans ma chambre pour faire ce désastreux devoir maison que les professeurs adorent tant nous donner. Je lâche mon stylo pour fermer mon cahier, j'en ai marre. Après tout, à quoi bon faire ce devoir si il ne sera jamais rendu ? Pour mes derniers instants, je m'étais promis d'écouter ma chanson préférée. Un peu plus vers la gauche, sur l'étagère, il y a mes écouteurs. Je les attrape pour les brancher par la suite à mon téléphone. Je clique sur le bouton play. La musique démarre. Elle résonne dans ma tête. Un peu de joie pour conclure cette horrible vie. Je me sens prise par cette ambiance. Je ferme les yeux et me voilà évadée de ce monde où règne la terreur. Ma tête commence à se balancer au son rapide de la batterie. Je commence petit à petit à oublier tous mes soucis. Je lâche prise. Je m'avachie cette fois-ci en arrière sur ma chaise à roulette. Je recule d'un pas pour ne pas me prendre le bureau et fait un petit tour avec ma chaise comme je faisais plus petite. De retour devant ce bureau, je rouvre les yeux espérant un dernier changement, un dernier signe d'un miracle qui aurait pu apparaître mais rien. Je soupir. Puis la musique devient plus douce, c'est bientôt la fin du morceau. L'envie me prend de refaire un petit tour. Je tourne mon regard vers la gauche en même temps que la chaise et je vois un garçon d'à peu près mon âge, un adolescent. Je n'ai pas pu bien l'observer car la chaise a tourné et, paniquée, je suis tombée. Je suis maintenant par terre, sous ma chaise. Je me demande comment la chaise a pu faire pour atterrir au dessus de moi... Pendant que j'étais en train de réfléchir, je me rappelle aussitôt du garçon et je lève ma tête. Il me regarde, l'air secoué. Nous entrons comme dans un duel de regards. Je ne saurais par la suite le décrire car mon regard ne pouvait se détacher de ses yeux. Quand j'eus tenté de dire quelque chose, il mit son doigt sur sa bouche comme on fait pour dire aux enfants de se taire. La douleur commençant à naître sur mon dos, j'enlève cette chaise lourde de moi et me lève. Je replace la chaise vers mon bureau et quand je me retourne, plus rien. Le garçon avait disparu. Je regarde à gauche puis à droite mais aucun signe de vie d'un garçon qui se serait introduit chez moi. Je regarde du côté de mon dressing, puis vers le côté des escaliers qui montent à mon lit, puis bien évidemment dans mon lit. Rien. Vraiment plus rien. Je n'ai pourtant pas entendu ma porte s'ouvrir ni même se refermer. Était-ce simplement mon imagination ? Je me dirige vers la fenêtre, l'ouvre et la referme aussitôt en m'insultant car il fait froid et que je suis en pyjama d'été. Une fois refermée, je me met dos à cette fenêtre. Je repense à ses yeux qui étaient similaires aux miens. Je regarde le sol et aperçoit ma lettre. Je la récupère et la range dans un livre à l'intérieur de mon tiroir. J'ai décidé, pas ce soir...

Ma lettre de suicide [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant