Chapitre 1

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La jeune fille regardait le petit éclat scintillant qui s'était délicatement posé sur sa main, réconfort tiède dans l'humidité ambiante. Assise sous une grille diffusant la lumière extérieure, elle ne parvenait pas totalement à se réchauffer, comme si l'étau glacial qui lui donnait la chair de poule prenait sa source à l'intérieur d'elle. Le mur de pierre derrière son dos était couvert d'une fine couche d'humidité qui mouillait son vêtement et collait à sa chevelure emmêlée. Elle avait cessé de se soucier depuis bien longtemps déjà de la cascade rousse qui avait autrefois descendu, lisse et éclatante, jusqu'au bas de son dos.

La particule solaire tomba de sa main et elle reporta son attention sur les murs qu'elle connaissait par cœur. Elle passa rapidement sur la lourde porte qui ne s'ouvrait jamais pour lui rendre sa liberté. Méira s'étonna presque que cette idée ne la choque plus. Elle était dans ce trou depuis trop longtemps. Ils, se corrigea-t-elle en évitant de s'attarder sur les autres pensionnaires. Le sort qui protégeait les murs de leur prison était tel que même la végétation n'avait pas réussi à y pénétrer.

Lorsque plusieurs heures plus tard la trappe sous la porte s'ouvrir et que l'on jeta ce qui devait leur servir de pitance, elle ne quitta pas son coin. Profitant de l'air qui s'était réchauffé, elle observa les autres prisonniers se battre pour leur part. Tentant de trouver une position qui soulagerait son dos meurtrit, elle songea qu'elle avait de la chance de pouvoir se passer de nourriture terrestre. L'état de son corps témoignait des nombreuses fois où l'on s'était intéressé à elle.

 L'imposante pièce de métal tourna sur ses gonds et un attroupement de gardes pénétrèrent dans le cachot. C'est alors qu'elle su qu'il se passait quelque chose d'important. Les têtes se levèrent à peine à leur arrivée, les yeux étaient vitreux et les corps mous, affalés au sol. Il y avait dû avoir quelque chose de plus dans la nourriture. Les hommes, armé et revêtus d'une mince cotte protectrice, se dispersèrent autour d'eux. Une lance se leva dans sa direction. Ils s'étaient attendu à ce qu'elle ne soit pas sous l'effet de la drogue. Se contentant d'observer, elle prit soin de ne faire aucun mouvement. Une silhouette se détacha du groupe, sa chemise blanche impeccable et ses cheveux ramenés soigneusement vers l'arrière. Hector.

- Quand arrive-t-elle, monsieur. 

La voix d'Hector, faussement mielleuse, s'éleva pendant qu'il regardait fièrement ses pensionnaires. 

- Demain. Ici, ce sera parfait. Nous veillerons à ce que tout soit prêt pour la recevoir comme il se doit, bien sur. Je compte sur vous.

- À vos ordres.

Le garde pointa un doigt menaçant dans sa direction.

 -Attention à celle-là, elle ne nous quitte pas des yeux.

- Je doute qu'elle fasse quoi que ce soit dans l'état des choses. Ne sont-ils pas fascinants?

Il avait adopté un air qui se voulait rassurant, tentant de calmer son subordonné. Malgré le ton de sa voix, il ne semblait pas satisfait. 

- Ils brillent comme de là putain d'argenterie, oui!

- Voyons, Benoît, surveillez votre langage devant de si tendres oreilles.

**

Le lendemain, peu avant l'heure du repas, des bruits de pas résonnèrent de l'autre côté de la porte, attirant l'attention des prisonniers. Les gardes étaient de retour et ils n'étaient pas seuls.

- Tu feras moins la fière une fois dans ce trou, sale monstre.

Le rire froid d'une femme lui répondit, puis on entendit un drôle de fruit étouffé ainsi qu'un gargouillement sinistre. Un autre cria puis le cliquetis d'une chaîne qu'on tire retenti sur les parois humides.

Lien de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant