Un frère, une soeur, les barreaux d'une prison. Ils étaient vagabonds dans un quartier en ruines, avant que l'on ne tente d'effacer leur existence d'un revers de la main, d'un discours à la télévision. De rêveurs ils sont devenus révoltés, d'enfants...
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On était trop pauvres pour qu'ils se soucient de nous, jusqu'à ce qu'elle arrive. Elle avait des dents blanches et un sourire de lion et tu te rappelles dans ses yeux les couleurs des plumes d'un paon. Elle passait à la télé qu'on avait pas, et disait vouloir en finir avec tout ça (et tout ça c'était nous). Elle disait que Paris c'était deux villes en une et que ça ne devait en être plus qu'une. Elle a craché par ses mots sur maman et sur tous les autres du quartier et sur toi qui transportait des pavés pour construire les beaux quartiers. Elle a craché sur papa qui était tombé trop malade à cause des fumées dans la mine qui depuis a fermé, elle a craché sur les rails avec les touffes d'herbe qui poussaient dessous, sur lesquelles on jouait quand on était petits parce que le métro n'est jamais passé là-bas. Elle crachait sur le quartier en entier et les familles décomposées et quand elle disait « tout changer » ses yeux nous hurlaient « vous chasser ». Alors c'est ce qu'elle a fait.
