La porte n'est toujours pas fermée, il n'a pas fait le déplacement jusqu'à celle-ci pour la pousser. Peut-être qu'il espère que je revienne. Que sait ? Je rentre, il doit entendre mes pas sur le sol puisqu'il se retourne vers moi. Il a l'air blasé de me voir à nouveau, mais je prends la parole.
– Je suis désolé pour avant. C'est vrai que c'est complètement con ce que je t'ai fait. Je n'aurais pas dû. Je m'en rends compte maintenant. Je suis sûrement stupide.
–Oui, répond-il
–Laisse-moi finir. Bordel, je ne pensais pas que ça allait me faire chier de te voir là ! T'as l'air de t'ennuyer. C'est nul de regarder dehors par la fenêtre sans avoir la possibilité d'y aller. T'aimais l'histoire, je ne sais pas pourquoi puisque le reste tu détestais. Mais je voulais juste que l'extérieur vienne à toi. C'est tout. J'aurais juste espéré un merci et je serais parti.
C'est faux, puisque même s'il me l'avait demandé, je serais resté là. Un simple merci n'aurait pas pu être le signal de mon départ. Sûrement que j'aurais voulu partir mais on m'en aurait empêché. Qui ? Je ne sais pas, ça aurait fait comme lors de ma première venue ici, je voulais partir mais mon corps ne suivait pas. Un silence. Un lourd silence même comme s'il attendait quelque chose de plus, d'autres arguments, des excuses et il gagne puisque je reprends.
–Je ne me moquais pas de toi. Je n'ai jamais été méchant envers toi.
–Je ne te crois pas.
–Tu devrais. C'est eux qui parlaient sur toi, moi j'écoutais.
–Et les bouts de gommes dans le dos ?
–Je ne sais pas pourquoi je faisais ça, j'aimais ça.
–Ça me dérangeait Milan.
–Je sais, mais... J'attendais que tu réagisses. Je voulais que tu te retournes, je ne sais même pas pourquoi.
–Et ton sourire quand vous me voyez ? Tu ne peux pas dire que c'est juste un sourire comme ça. Tu te foutais de ma gueule.
–Non. Je te promets que non.
C'est vrai, je souriais à chaque fois que je le voyais. Ce n'était jamais moi qui tapais dans son sac, dans son livre. Je n'étais pas méchant envers lui, c'était plutôt les autres. Je me suis tu. Je n'ai jamais dit d'arrêter de le faire, de le laisser tranquille. Peut-être que j'aurais dû mais je voulais me faire accepter, je voulais leur ressembler pour qu'ils ne me laissent pas. Ils croient tous que mon sourire est synonymes de pouvoir alors que non, pas pour Elio. C'était juste lui qui me faisait sourire, comme la première fois où je suis venu ici. Je l'ai reconnu et j'ai souris. Ce sont des choses inconscientes que je fais jusqu'à ce que je parte et là, je me rends compte que je souriais. C'est toujours comme ça.
–Je ne sais pas pourquoi je souris quand je te vois. C'est plus fort que moi, dis-je en frottant le bout de ma chaussure contre le sol.
Elio me regarde, il me fixe même. J'ai l'air gêné, j'ai l'impression d'avoir le rouge aux joues, comme si je venais de lui faire une déclaration d'amour. Non. Ce n'a rien à voir avec l'amour. Aimer un homme ? Jamais de la vie. J'aime beaucoup trop le corps d'une femme. Jamais je ne me retourne sur un beau garçon. Jamais je ne regarde un homme lorsque je suis à la plage. Je ne le fais pas alors que rien ne m'en empêche, c'est juste parce que je suis hétérosexuel, c'est tout. Même si je n'ai jamais été en couple. J'ai dix-sept ans et je n'ai jamais eu de filles dans ma vie. Je ne sais pas comment faire avec elles. Elles ont l'air si compliquées, si différente que moi. Pour être amoureux ou juste pour sortir avec une personne, il me faudrait quelque chose de naturel, certes je serais timide mais elle sera là pour me donner du courage. Si on dit sur moi que j'ai eu une copine, c'est faux, c'est une rumeur. Une fois, on m'a dit que je devrais sortir avec Jenny, sauf que je ne veux pas. Elle ne fait pas battre mon cœur plus vite, c'est ma meilleure amie, si je ne la vois pas pendant plusieurs jours, ce ne sera pas grave. Mon amoureuse, j'aimerais la voir tous les jours. De plus, je ne parle que très rarement de ma vie privée, même pas à Jenny et encore moins à ma mère. En allant dans ce sens, je n'ai jamais couché avec une fille et pour le moment, je n'en ressens pas le besoin. Je n'ai pas envie d'être comme tous les autres qui s'en vantent tout le temps. Nos regards se rencontrent à nouveau et Elio capitule. Il sourit à son tour et commence à parler, après un long silence.
–Merci. Merci pour les cours, reprend-il. C'est gentil. Je...
Et il s'arrête. Moi, j'attends qu'il finisse la phrase qu'il vient juste de commencer.
–Dis, lançais-je.
–Est-ce que ça te dérangerait de m'en apporter d'autres. Enfin, la suite. Pendant que tu n'étais pas là,
j'ai... J'ai regardé ce que tu m'as donné.
–Ça ne me dérange pas.
–Mais la prochaine fois, tu n'es pas obligé de recopier, fait moi juste des photocopies, ou apporte-les
ici et je les lirais juste. Tu n'as pas à faire deux fois plus de travail.
–Non, j'écris vraiment trop mal quand je prends ce que le prof dicte. Puis, ça me fait réviser de les
recopier.
–C'est faux, non ? Tout le monde dit ça mais ça n'aide pas de recopier le cours.
–Non, j'avoue, je l'ai fait en écoutant la musique, alors je chantais en même temps.
–Ne me dis pas que tu as fait ça au lycée ? Demande Elio en commençant à rire.
–Si. À la bibliothèque.
Il me regarde et rit. Son rire s'entend mais il se voit aussi dans ses yeux. Il y a un mélange de sentiment en moi, tout d'abord, le soulagement de l'apaisement du lien entre nous puis la joie, oui la joie de le voir me sourire, de le voir rire grâce à moi.
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Apprendre à avoir mâle
Ficção Adolescente|livre non complet pour auto-édition| [boyxboy] Elio est invisible pour les autres. Il est considéré comme le nerd que l'on aime bousculer dans le couloir pour instaurer une sorte de terreur. Milan croule sous la popularité au lycée. Tout le monde l...