Partie trois.

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(Chapitre flashback.)

C'était le grand jour, celui où j'allais fixer un monstre dans les yeux et lui lancer « Tu n'as plus d'emprise sur moi. Tu ne me fais plus peur et je vivrais une vie heureuse dont tu ne feras jamais partie. » Ou quelque chose du genre. Je mentirais si je vous disais que je n'avais préparé aucun discours, pour être honnête je ne faisais que penser à cette confrontation depuis des semaines.

Mon téléphone affichait treize heures, il était largement temps pour moi de me préparer. Il était hors de question de me présenter là-bas avec des cernes tellement profondes qu'ils ne reflétaient même plus la lumière.

Je m'installais devant mon petit miroir de salle de bain et appliquais une légère couche de maquillage, rien d'extravagant : un faible coup de mascara vint compléter mes yeux bleu foncé, un peu d'anticernes pour avoir l'air d'avoir passé une bonne nuit et une fragile touche de rouge aux lèvres pour contraster avec mon teint blafard.

Le moment de partir était arrivé.

***

Le bâtiment était beaucoup plus imposant que je pensais. Les barbelés autour de l'édifice semblaient me dire de prendre mes jambes à mon cou et de ne jamais revenir. Je ne m'attendais pas à ce que les couloirs soient aussi longs et ternes, mais bon, sachant l'endroit où j'étais, qu'est-ce que j'aurai pu espérer d'autre ?

Mon cœur battait trop vite pour son propre bien et mes mains étaient tellement moites qu'on aurait dit qu'elles pleuraient à chaudes larmes. Je pris une grande respiration et fis mon entrée dans le parloir. Il était là : celui qui m'avait obligé à subir ses coups incessants, l'homme qui avait brisé mes os et mon âme.

Son regard était toujours le même : froid et rempli de mauvaises intentions. Un sourire narquois se dessina au coin de sa bouche et en un clin d'œil j'avais l'impression d'être redevenus la fillette tétanisée que j'étais autre fois.

— Ça fait un bail mon ange. Lança-t-il d'un air satisfait.

— T'as perdu le droit de m'appeler comme ça le jour où t'as levé la main sur moi pour la première fois.

— Voyons mon ange, si t'avais été sage jamais je n'aurais eu à te punir.

Ses mots me déstabilisèrent bien plus que je le faisais paraître. Il essayait de jouer avec moi, de me blesser. Il était hors de question de le laisser faire : nous allions être deux à jouer.

— Tu te souviens de la foire où toi et maman aviez l'habitude d'aller ?

Une lueur d'étonnement et de curiosité apparut dans ses yeux noirs. Je compris que j'étais sur la bonne voie et repris de plus belle.

— Et bien elle est en ville en ce moment. Je suis passée devant en venant. Maman adorait tellement cet endroit. Je la vois encore rire aux éclats, elle était si heureuse à l'époque. Avant que tu ne lui enlèves tout.

— Tu ne sais de quoi tu parles mon ange. Tu ne sais rien du tout.

— Je sais à quel point elle a souffert quand elle a vu ton vrai visage.
Quand elle te suppliait, accroupie sur le sol d'arrêter de la frapper.
Quand tu la tabassais tellement fort qu'elle perdait connaissance pendant des heures.
Quand elle hurlait qu'elle t'aimait dans l'espoir que tu mettes fin à son calvaire !

— Ta gueule Alexis ! Dit-il en se levant de sa chaise. Tu ne sais pas ce tout ce qu'elle m'a fait !
C'était qu'une salope.
Elle me trompait avec tous les mecs qu'elle pouvait croiser !
Et elle méritait chaque coup qu'elle recevait.

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⏰ Dernière mise à jour : May 31, 2018 ⏰

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