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Je hurlais, encore et encore, dans mon lit jusqu'à que je tombe de fatigue et que je me remette à hurler de peur alors que mon sommeil était hanté de mes pensées.

Je me suis réveillé mainte et mainte fois sans pouvoir les compter tellement j'étais déstabilisé, je ne sais par quoi ou par qui, je m'agitais et hurlais à chaque fois que j'en avais l'occasion, pendant surement plusieurs heures ce qui suffisait amplement pour transformer la peau de mes poignets et celle de mes chevilles  en des plaies prêtes à s'infecter à cause des attaches qui ont frotté jusqu'à m'arracher la peau et qui frottent désormais jusqu'à me scier les extrémités ...

Pourquoi est ce que je m'agitais comme ça ? Je ne me sentais pas en sécurité, j'avais envie de m'échapper de ces attaches même si ça me blessait, c'est comme si je ne sentais rien, tout ce qui m'importait est de soulager cette souffrance constante causée par ma vie toute entière, par ma mémoire totalement brouillée ... On me qualifie toujours de solitaire, violent et agité ... je ne me souviens pas forcément de qui le dis mais je me rappelle de ces mots ... Je ne sais plus non plus si c'était avant ou après mon entrée sur ce terrain maudit renfermant ces diables que je nommais depuis toujours les blancs ...

Les blancs ... les diables ... ça se ressemble si peu ... une couleur angélique renfermant la terreur ... je crois me souvenir qu'avant d'arriver sur ce terrain on m'a dis que c'était pour mon bien ... on retrouve encore cette belle image qui renferme quelque chose d'horrible.

Complètement épuisé par mon agitation précédente, je ne bouge plus j'attend, somnolant à moitié, deux blancs entre dans la chambre, ils me regardent et s'approchent en mentionnant mon état, ils disent qu'ils n'arrivent pas à me contrôler comme pour les autres.
Je ne comprends pas pourquoi est ce qu'ils veulent le contrôler, est ce que je suis comme une espèce de machine qu'ils doivent dresser pour l'utiliser à leur guise ensuite ?

L'un des deux me regarde semble me parler, je ne me sens pas dans la conversation mais j'écoute tout, apparemment ils veulent faire venir un autre blanc ... un qui serait plus fort qu'eux.

C'est ce qu'il vient de dire ... Comment ça plus fort ?
Ils va venir pour me dresser comme eux le veulent ... Quel est ce monde étrange où chaque personne veux me voir attacher ou alors immobile ? Je suis pourtant presque sur que nous devons faire ce que nous voulons ... Je crois ...

Je ne sais pas ce que je veux, j'agis quand j'en ai envie sans savoir pourquoi, je ne comprend pas les émotions, seules certaines que j'atteins rarement ... Le soulagement ... C'est quelque chose qui me fait un grand bien, ça me calme complètement. Je ne saurais dire à quel point je me sens bien dans ces moments là ... Ces moments où je repeins ma chambre de ce liquide rouge.

Seulement atteindre ce soulagement ultime est presque impossible, je dois être détaché et seul, cela fait tellement de temps que ce n'est pas arrivé que j'ai oublié cette sensation
... Je crois que c'est arrivé une seule fois depuis que je suis ici, et pourtant ça m'a fait tellement de bien que rien que quand y repense je me sens extrêmement bien.

Mon souvenir s'efface, jour après jour il disparaît et mon soulagement aussi, nous empruntons deux chemins différents et peu à peu nous nous éloignons ... Je ne le vois plus. Je ne l'entend plus. Je l'oublie.

À l'inverse l'incompréhension est sûrement le sentiment que je n'oublierai jamais, elle est attachée à moi, refusant de me lâcher, comme une sangsue affamée pour l'éternité.

J'étais si perdu dans mes pensées que je n'ai pas remarqué qu'ils étaient en train de nettoyer le sang d'hier, ils me frottent doucement les mains et les bras espérant que je ne bouge pas, jusque là je n'avais même pas remarqué, bizarrement leur mouvement doux ne me faisait pas du bien du tout, même si ils semblaient pouvoir être agréables, ils étaient froid et rugueux, je frissonne sous cette sentation désagréable et bouge, encore attaché à mon lit, je ne bouge que très peu.
Les deux blancs parlent de moi pendant qu'ils me nettoyent, ils disent que je me suis "encore" blessé, mais qu'est ce que ça peut leur faire que je me blesse c'est de leur faute après tout si je me suis arraché les extrémités.

Ils me détachent un pied, un me le tient et l'autre applique quelque chose sur ma cheville, je me tord de douleur comme si ils étaient en train de me scier le pied et pourtant ce n'étais pas le cas, ils me maintiennent tout de même et je hurle en m'agitant d'avantage mais je ne sais pourquoi.

Ils finissent par me droguer complètement, je ne réagis plus du tout comme si je les regardais juste me bander les chevilles puis les poignets sans rien sentir.

Je n'étais plus qu'un esprit sans corps, observant son ancienne enveloppe inanimée.

[Terminé/Vhope] Un rayon de soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant