Métamorphe

Prologue

Le froid envahissait tout mon corps, je tremblais, mes lèvres devenaient violettes, qu'allais-je devenir ? Je serrais mes mains autour de cette lance, le plus fort que je pouvais, je voulais la retirer mais mes forces s'amenuisaient sans que je puisse faire quoi que ce soit. Ma vue se brouilla, était-ce aujourd'hui que tout devait s'arrêter ? Dans un dernier effort je relevais la tête vers ses grands yeux bleus et froids qui m'épiaient. Ils me transperçaient de l'intérieur, j'avais l'impression qu'ils pouvaient même lire dans mes pensées. Une nouvelle vague glaciale me traversa et je sentis mon corps partir, le sol heurta ma tête si violemment que celui-ci se contracta sous la douleur. Le sang se répandait tout autour de moi, mon sang ... Il était d'un noir, aussi sombre et visqueux que les ténèbres qui entouraient mon champ de vision. Peut-être que le coup que l'on venait de me porter me faisait halluciner mais j'étais presque certaine que cette substance épaisse qui sortait de mon corps était mouvante. Elle s'élevait jusqu'à ces deux points bleus qui me scrutaient avec toujours plus d'intensité, je crus un instant déceler une pointe de tristesse dans ce regard distant et dur. Le noir se mit à les engloutir, les ronger jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Puis, il vint à moi, je fus prise de sueurs froides, et me mis à convulser violemment. Allait-il m'entraînait dans les limbes comme il l'avait fait avec tout ce qui m'entourait quelques secondes auparavant ? Je sentis mes paupières se fermer doucement, je me laissais envahir, ça avait quelque chose de plus doux que je n'aurais jamais pu l'imaginer. Mon corps flottait, la douleur lancinante se calmait petit à petit mais surtout ce froid... Ce froid qui me grignoter depuis de longues minutes fut enfin remplacé par une douce chaleur. J'étais bien mais j'allais mourir et je n'étais en aucun cas capable de faire le moindre effort pour m'en sortir. Peut-être tout simplement, parce que la personne qui m'avait planté cette lance faite de glace dans l'estomac, était pour moi, la personne en qui j'aurais dû avoir une totale confiance.