Chapitre 10

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J'étais dans la rue, toute seule. Je ne reconnaissais pas le paysage. Puis, Hunter est apparu devant moi, les mains pleines de sang. Au début, j'étais confuse puis le corps inerte de ma mère est arrivé auprès de moi. Elle avait les yeux grands ouverts et elle me fixait. J'ai été obligée de détourner le regard parce que je ne pouvais pas la regarder dans cet état. Après quelques secondes, Hunter dit avec une voix qui n'était pas la sienne :

- Les autres vont venir te chercher, jeune élue. Tu dois te rendre à l'ancien temple d'Athéna, à Athènes. Quelqu'un t'y attendra avec un paquet qui est très important. Nous sommes fiers de toi.

Je ne comprenais absolument rien à ce qu'il me racontait. Je voulus lui demander plus d'explications, mais il avait disparu. Je me retournai pour voir où il était allé, mais il n'y avait aucune trace de lui, il s'est volatilisé.

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Je me réveillai en sursaut, des gouttes de sueur coulaient sur mon front. Je me redressai, puis me tournai pour laisser mes pieds toucher le plancher de l'avion : j'ai besoin de sentir quelque chose de solide sous mes pieds. Je trouvai un verre d'eau dans un compartiment de mon lit et je le bus en une gorgée. J'étais tellement déshydratée que j'avais l'impression de n'avoir rien mangé depuis des mois.

Je me levai de mon lit et sortis de ma chambre pour trouver tante Jenna. Elle était assise dans un banc juste à côté d'un hublot. Elle lisait un livre sur l'histoire de la sorcellerie. Elle semblait très concentrée, alors je n'ai pu la déranger. J'allai donc m'asseoir devant Tessa qui lisait un document. Elle me regarda, de la sympathie dans les yeux. Je m'assis, elle me sourit, puis dit :

- Alors ma belle, comment te sens-tu ?

- Fatiguée, en colère et triste. Maintenant que maman n'est plus là, je n'ai que Tante Jenna comme famille. Je ressens un grand vide au fond de moi, comme si quelque chose s'était brisé et qu'il ne pouvait être réparé. Je ressens de la colère envers moi parce que je n'ai pas pu la protéger et aussi envers Hunter pour tout ce qu'il m'a fait subir. Tout ce que je veux, c'est combattre mes ennemis et venger ma mère. Elle le mérite bien après tout ce qu'elle a fait pour moi. À la fin de cette folie, je veux simplement reprendre une vie normale, tu comprends ?

- Bien sûr, je te comprends tout à fait. J'ai vécu quelque chose de semblable à toi. Quand je n'étais qu'un bébé, ma mère s'est fait tuer pendant un braquage à la banque. Puis, quelques mois plus tard, mon père s'est suicidé parce qu'il n'arrivait pas à vivre sans son grand amour. J'ai donc été élevée par ma tante. Elle a su prendre soin de moi comme mon père n'aurait jamais été capable de le faire après la mort de ma mère. Puis, lorsque j'ai eu 18 ans, je suis allée vivre à Montréal pour devenir policière. Je voulais sauver des vies et mettre des pourritures en prison. J'ai tout fait pour être admise à l'école et j'ai finalement été acceptée. Après quelques mois de service, j'ai été affectée à une enquête d'accident de voiture. Un homme dans la vingtaine avait été percuté de plein fouet par un camion. Après avoir analysé la scène de crime, je suis allée voir la veuve à son domicile pour lui annoncer la nouvelle. Elle avait 22 ans et avait une petite fille de 3 ans qui s'appelait Sybelle. Quand j'ai énoncé le décès de ton père à ta mère, elle a été anéantie. Elle t'a déposé dans ton petit lit, puis elle est venue me parler. Elle m'a avoué sa crainte que la mort de ton paternel n'était pas un accident et que quelqu'un cherchait à tuer votre famille. Au départ, je croyais qu'elle disait n'importe quoi parce qu'elle était en état de choc, mais elle m'a raconté toute l'histoire sur toi et ton destin. Elle m'a demandé, à ce moment-là, de veiller sur toi et de te prendre comme apprentie pour des cours de combat quand tu serais en âge de comprendre. Aussi, elle m'a dit que s'il advenait qu'elle meurt, que je devais te prendre sous mon aile avec ta tante, si elle était toujours en vie quand cela arriverait. Après ses révélations, je me suis enfuie, croyant que ta mère était folle. J'ai même songé à appeler la DPJ pour lui retirer ta garde. Puis, quelques jours plus tard, je me suis dit : « Cette femme semble avoir terriblement besoin de ton aide. Va l'aider, même si elle semble folle. Tu pourrais sauver la vie de cette petite fille et te rendre vraiment utile. » Alors, je suis retournée voir ta mère et j'ai accepté. Tout ça me semblait fou, mais on j'avais le pressentiment que je devais le faire. Quelques mois plus tard, j'ai créé ma propre entreprise de combat et d'entraînement. Chaque année, j'attendais l'appel de Nataly pour savoir quand tu commencerais ta formation. Puis, il y a peu de temps, ta mère m'a finalement appelée après avoir appris que tu savais toute l'histoire.

- Wow, je suis vraiment désolée pour toi. Surtout que ma mère t'a embarquée dans cette histoire folle, tu aurais pu devenir une grande policière si elle ne l'avait pas fait.

- Merci, mais ne t'inquiète pas pour moi. Je ne regrette aucunement mon choix. Je suis heureuse de pouvoir t'aider dans ta quête.

- Je suis contente moi aussi que tu sois avec moi. Tu es une excellente prof d'autodéfense.

- Merci, c'est gentil.

- De rien. Sais-tu dans combien de temps nous atterrissons ?

- Dans vingt minutes environ.

- D'accord et j'aimerais te poser une question sur moi ?

- OK, vas-y.

- Est-ce que ma mère t'aurait parlé d'un autre pouvoir que j'aurais ? Le « champ de force » que j'ai créé il y a trois jours m'intrigue.

- Malheureusement, je ne sais rien. Demande à ta tante si elle aurait une réponse à te donner.

- D'accord, merci.

Je me levai donc de mon siège et je me dirigeai vers Tatie. Elle lisait maintenant un livre dans lequel on parle des différentes familles de sorciers. Elle posa ses yeux sur moi, le regard plein de compassion. Je m'assis et lui dis :

- Bonjour, j'aurais une question pour toi.

- Bien sûr, laquelle ma chérie ?

- Aurais-tu lu quelque chose dans le livre à propos d'un pouvoir avec des « champs de force » ?

- Oui, j'ai lu un passage à propos de ça. Attends un instant.

Elle tourna une centaine de pages avant de trouver la bonne. Elle tourna le livre vers moi et elle lut à voix haute : « En 1864, un nouveau pouvoir de la famille des Wood fut découvert. Il s'agit d'un don qui permet de se protéger contre ses ennemis. Lorsqu'une personne à une poussée d'adrénaline dans un moment de détresse, le pouvoir se déclenche comme moyen de défense afin de repousser la menace. Puisque ce pouvoir demande énormément d'énergie, celui ou celle qui s'en sert sera épuisé. Un repos complet est recommandé, sinon la personne sera affaiblie et pourrait contracter des maladies graves. »

Comme si les mots étaient un signal, je commençai à saigner du nez et à cracher du sang. Tatie courut vers la salle de bain et revint avec une poubelle. Je la regardai, inquiète. Elle vint s'asseoir à côté de moi et me frotta le dos, comme ma mère le faisait lorsque j'étais malade. Après quelques minutes à saigner du nez et de la bouche, ça s'est arrêté. Par contre, j'attrapai un horrible mal de tête. Je criai alors de douleur, tant c'était insupportable. Tessa s'approcha de moi et fit incliner mon banc afin que je puisse être à l'horizontale. Puis, pour la troisième fois en peu de temps, un voile noir s'empara du décor. 

Les âmes du passéWhere stories live. Discover now