Ça faisait une trotte. Deux heures pour y aller. Heureusement que je connais le Slum comme ma poche. Je l'ai trouvé son hôtel à la con. Je l'ai trouvé son information à la con. Enfin pas encore, mais on va dire que ce soir j'aurais mon argent.
L'hôtel en question était connu. Connu pour sa discrétion, pour les histoires qui s'y passent et pour le nombre de vivants qui y sont ressortis morts.
J'entre. On ne me connaît pas ici, c'est parfait. Je fais mine de regarder la carte des plats du petit restaurant du rez-de-chaussée, tout en analysant autour de moi. Pas mal de gens pas net. Normal. Pas mal de portes. Une pour entrer. Une pour les toilettes. Une pour la cuisine et une autre à la fonction inconnue. Soudain un homme un peu trop bien habillé entre et passe d'un pas décidé derrière la porte mystère. Je le suis en essayant d'avoir l'air aussi occupé. Derrière cette porte se trouvait un espace dédié aux clients VIP. Évidemment. J'aurais dû m'en douter. Je passe devant les cellules qui permettent de s'isoler pour parler affaires. Vide. Vide. Vide. Ah ! Je ralentis. L'homme entre dans l'une d'elles. J'eus tout juste le temps d'apercevoir deux hommes baraqués et une femme habillée d'un costume blanc au regard glacial, avant que la porte se ferme. Je sentis comme un frisson. Cette femme faisait froid dans le dos.
Une fois à l'extérieur de l'hôtel. J'envoyai mon premier rapport. Continuer à fureter serai trop risqué. Je me cachais alors non loin pour surveiller l'entrée. Pas la principale. Il est évident que ma cible ne sortirait pas par celle-ci. L'autre. Celle que j'avais repérée d'où sortait les gens qui se voulait plus discret.
Je patientais. Des heures durant. Mâchant un bout de pâte proteinée. Il se faisait tard. Je devais rentrer. Il faisait de plus en plus sombre. Il devait être 18h ou quelque chose comme ça. Les nuits étaient longues au Slum 404.
Si je ne rentrais pas Néo s'inquiéterai.
Enfin ! Un des gorilles que j'avais vu dans le restaurant sortit en premier. Puis le deuxième suivi de près par la madame au regard qui tue. Le dernier gars ne sortit pas. J'attendis quelques minutes avant de les suivre. La partie que je préfère. Surtout quand ma cible n'est pas une habituée du coin. Je crois que les soupçons de mon client se vérifient. La dame au regard qui tue là ! On dirait bien qu'elle vient d'une Cité. Certainement de la Tour De Cristal même. Personne ne s'habille comme ça dans le Slum. Et même si on avait assez d'argent, on évitait de le montrer.
Le trio s'avançait dans des endroits de moins en moins fréquentables...
Soudain, cinq damnés surgirent de nulle part...
...
Moi qui m'attendait à un massacre...
...
Enfin si il y en a eut un mais pas de ce genre.
Je vous explique.
Les damnés s'organisent en bande. Généralement les plus fragiles attaquent en premier et les plus forts se nourrissent des cadavres des victimes et des faibles qui n'ont pas survécu. Les bandes de damnés peuvent compter jusqu'à une bonne centaine de membres. Et on n'en sort presque jamais vivant et si on en sors, jamais entier.
Là... Bah... Il y a eut une bonne centaine de cadavres. Vous voulez savoir le plus impressionnant ? La Dame... Elle n'a pas eut une goutte de sang sur son costume malgré les centaines de coup de feu distribués aux damnés.
Ils reprirent leur chemin comme si de rien n'était. J'avoue que je les avais sous-estimés, ces richards.
Je continuais de les suivre... On s'éloignait de plus en plus des quartiers habités. Et étonnamment aucun damné ne refit son apparition... J'eus un mauvais pressentiment. Mon instinct me hurlait de rentrer mais il me fallait cet argent !
Enfin, ils s'arrêtèrent. Cet endroit m'étais complètement inconnu... Je stressais... Soudain, la Dame se retourna et me fixa de son regard bleu glacier malgré ma cachette. Impossible... J'étais la plus forte à ce jeu !
- Descend de ton perchoir petit oiseau...
Oh mon dieu. Elle me parle à moi... Sa voix était grave et douce. Pleine d'assurance.
- Descend ! fit elle d'un ton plus pressant.
Vous connaissez ce genre de ton ? Gentil mais vous sentez que si vous n'obéissez pas, vous allez prendre cher.
Je sautai du haut de ma cachette et atterri sur mes deux jambes à quelques mètres d'elle.
- C'était donc toi...
