Chapitre 1 : Ce jour là.

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 Ce matin, il faisait gris. C'est comme ça tous les jours de toute manière à Paris. Brisons autant tout de suite les clichés du grand ciel bleu et du soleil dans un coin de la page, tout comme de l'herbe verdoyante dans le parc du coin. Il n'y a aucun parc dans cette ville.
J'étais perché sur un toit en tuile et je regardais au lointain, avant de passer ma main dans mes cheveux pour les attacher. C'est chiant les cheveux au vent, surtout en hauteur.
J'aperçus une tache rouge apparaître au loin, sautant de toits en toits. C'était Ladybug, qui se balançait à l'aide de son yo-yo et qui m'avait visiblement repérée bien avant moi.
Elle posa pieds sur le toit où je me trouvais, et s'avança vers moi alors que je la regardais droit dans les yeux.

« Bah alors, ça va pas chaton ?
- Ah, tu as remarqué ? »

Je me frottais les yeux entre le pouce et l'index, fatigué, avant de soupirer profondément en replongeant mon regard dans l'horizon. C'était vraiment une journée de merde.

« C'est encore ton père ? »

Je feignis de sourire en jetant un coup d'oeil sur Ladybug qui avait posé sa main sur mon épaule, avec son habituel visage compatissant.

« Touché. Il m'a encore fait un speech de dix ans en me disant que si je continuais à me blesser comme je le fais, je ne pourrais plus faire du manneq-
- Eh, pas d'indices sur notre identité ! »

J'avais presque oublié ça. Je me suis alors tût, et j'ai détourné les yeux.

« À quoi ça sert ? On est même plus des supers héros, maintenant. Il y a tellement de gens que nous n'avons pas réussi à sauver, et je...
- Tu as pris tes antidépresseurs récemment, chaton ?
- ... »

Je ne répondais pas.

« Tu sais que c'est important que l'on prenne tous soin de nous-mêmes. Ce n'est pas en évitant tes médicaments que tu vas pouvoir sauver cette ville, c'est vrai. »

Elle me prit chaleureusement dans ses bras en souriant pour essayer de me réconforter, mais je n'avais pas la force de faire face à la réalité. Accepter cette embrassade, ce serait accepter de me faire prendre en pitié. Je ne suis pas malade, je ne suis pas dépressif, je suis juste réaliste.

« Si tu veux, tu peux sauter la garde d'aujourd'hui. Rentre chez toi et va te reposer, je vais demander à Magma Doll de te remplacer pour aujourd'hui.
- Non, je veux pas que cet idiot prenne ma place.
- Dis pas ça, il est très doué ! Tu sais, il m'aide beaucoup ces derniers temps. Et ça lui plaît de prendre ta place quand tu ne te sens pas bien.
- Justement. »

Je connaissais le faible qu'avait Magma Doll pour Ladybug. Je ne voulais pas qu'il me la prenne, après toutes ces années où j'ai essayé de me rapprocher d'elle en vain. C'était encore la seule chose qu'il me restait de fiable, mon amour pour elle, malgré ces épreuves.

« Tu es sûr ?
- Complètement. »

Je me suis relevé en grinçant des dents, avant de prendre une grande bouffée d'air pollué et d'afficher un faux sourire sur mes lèvres pour faire plaisir à ma douce.

« Bon, allons la faire cette patrouille ! »

Elle avait l'air satisfaite, et c'est tout ce qui comptait pour le moment. Je lui tendis ma main pour l'aider à se relever, puis je bondis sur un autre toit tout en grimaçant. Ma blessure au thorax de la veille me faisait encore mal, mais j'avais connu bien pire. C'était le genre de blessure qui se soignait en moins d'une semaine.
Heureusement, et avec l'expérience, j'avais appris que Hawk Moth ne faisait que rarement apparaître des Akumas les Mardi. Ils ne devrait donc pas y avait de problèmes aujourd'hui, hormis peut être des bagarres de rues et quelques vols de banque. La routine.
Et effectivement, comme je l'avais prévu, l'après-midi fût plutôt calme. Nous avions dûs empêcher un bus d'écraser une petite vieille, nous avons arrêté un voleur, et ce fût quasiment tout. La journée était déjà finie et nous devions chacun rentrer de notre côté même si je n'en avais pas vraiment envie. Rentrer chez moi voulait dire faire face à mon père, et c'était vraiment la dernière chose dont j'avais envie.
Ces dernières années ont étés désastreuses avec lui. Alors que mes résultats scolaires chutaient, mon père me donnait toujours plus d'heures de rattrapage, il insistait aussi énormément sur ma carrière dans la mode, sur le piano, sur le mandarin, sur l'escrime, et sur toutes ces choses qui rendent les gens si "hauts" et "bien-vus" dans la société. Il essayait de me forger une identité lui-même, alors que je n'en avais déjà plus depuis des années.
Ah, et je ne pouvais évidemment pas quitter le foyer comme l'avait déjà fait Ladybug et les autres puisque mon père refusait de me payer quoi que ce soit qui ne me soit pas nécessaire pour répondre à ses attentes. En l'occurrence, un appartement n'en faisait pas partie. 

The tale of a bad catWhere stories live. Discover now