Cauchemar

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Les journées passèrent et rien de nouveau comparé aux jours d'avant... Si ce n'est que je ne tiens pas mes propres résolutions. Effectivement, me voilà amie avec Max, mais à lui s'ajoutent Camille et Sophie, deux filles rencontrées dans l'interminable file du self.
Au sujet de Marc, je ne lui ai pas reparlé depuis la dernière fois. Ma foi, c'est pas plus mal.

- Bien, sortez vos carnets.

Urf, la journée commence bien. Madame Martin, prof de français et notre grande professeur principale semble plus enjouée que d'habitude. Ça ne sent pas très bon tout ça. Je me demande ce qu'elle nous prépare.

- Bien, dit-elle, j'ai deux nouvelles à vous annoncer. La première : Votre classe, et non uniquement votre classe mais toutes les secondes de la ville, participera au projet cinéma de la ville. En résumé, nous iront voir durant toute l'année 4 films choisi par mes soins.

Je crois maintenant savoir d'où elle tient son sourire...

- De ce fait, continue-t-elle, vous serez amené à m'accompagner au cinéma durant ces fois là et donc me ramener l'autorisation parentale signée pour demain sans faute.
- Dites surtout que c'est pour ne pas être seule au cinéma m'dame, s'exclame un bouffon du fond.
- Pour toi Tim, tu en auras un second à présenter à tes parents, pour leur propre plaisir des yeux.

Tout le monde se mit à rire, sauf Tim. Le pauvre, il était pas prêt à cette réponse à mon avis !

- La seconde nouvelle est la suivante. Voici un mois qui s'est écoulé depuis votre entrée au lycée. Vous avez donc pris le temps de vous connaître, de parler entre vous, de reconnaître les profils... Et ainsi vous aider à déterminer qui sera vos heureux représentants !

Mince ! J'ai totalement zappé ça. L'élection des délégués...! J'ai été délégué deux ans de mes années de collège, soit mes deux dernières années à Victor Hugo.

- Vous avez une semaine pour vous présenter en tant que candidat ! On procédera aux élections jeudi prochain. Réfléchissez-y !

Délégué... C'est quelque chose que j'aimerai bien retenter mais impossible, en trois semaines, quasiment un mois de cours, je n'ai jamais adressé la parole à quiconque...

La semaine passa, on est mardi et je ne m'étais toujours pas décidée. Jeudi, c'est les élections et si je veux me présenter, il ne me restait que deux jours pour parler à un maximum de personne... En d'autres termes, mission impossible. Pourtant... Être délégué pour moi c'était quelque chose de fort, j'avais ainsi l'impression d'être utile, qu'on pouvait compter sur moi et surtout, qu'on sache que oui, une petite Lucie est bel et bien en 2ndeC. Plus le temps passe et plus mes idées s'embrouillent.

- Hé Lucie ça va pas ?
- Ah salut Max. Euh, si tout va bien.
- T'as l'air perdue. Me dit rien, le repas de ce midi est à vomir.
- Ahah véridique, mais pas que, cette histoire d'élection aussi. Comment peut-on élire des représentants en ne les connaissant aucunement ? Enfin je veux dire sans discours ou quoi !
- Toi tu veux te présenter je me trompe ?
- Q-quoi... Pas du tout !
- Ton expression te trahira toujours ! Tu devrais. J'ai entendu dire au collège que tu étais une des meilleures déléguées que les profs n'avaient jamais vu là bas. Totalement investie dans ton rôle. Il paraît. On parlait que de toi dans ma classe.
- Hein ? Comment ça ?
- Bah faut dire qu'avec les deux délégués qu'on avait, on volait pas bien haut. Présente toi, je suis sûre que tu seras élue. En tout cas compte sur moi pour le vote !

Il est gentil Max... Mais je ne sais toujours pas si c'est que je veux réellement...

La sonnerie retenti, il ne me restait qu'une heure de cours. Une semaine sur deux le mardi, je fini à 14h30, sinon 15h30 à cause de S.E.S. Aujourd'hui, je finissais donc à 14h30. Je n'ai pas cessé de penser à cette histoire d'élection durant cette dernière heure, impossible de faire autrement. Je ne me sens pas capable de m'assumer face à des inconnus. Il est vrai que j'ai été délégué deux dernières années... Mais parce que je faisais partie d'une classe à spécialité musique. Toute mes années de collège s'est construite à travers une seule et même classe, donc avec le même entourage durant quatre ans. Maintenant, je fais face à l'inconnu, et ça ne me plaît pas forcément.

Je fini les cours, 14h30 passé je me retrouve devant le lycée, me dirigeant vers mon arrêt de bus qui se trouve tout en bas de la pente.
Musique dans l'oreillette, téléphone à la main, je me pose sur le banc de l'arrêt et attends en scrollant les publications sur les réseaux sociaux.
À cette heure ci, le bus tarde à arriver vu qu'il y a peu de monde. Donc j'ai de quoi traîner un peu.
Tandis que je m'amusais à tchecker mon téléphone, je remarquais que plusieurs personnes sont venus, tout comme moi, attendre ce foutu bus. Je levais la tête une première fois pour regarder ceux qui m' entourent ainsi que le temps d'attente : encore neuf minutes. A ma droite se trouvait un couple de jeunes, ils s'enlaissaient, je ne vous fais pas un dessin. Tandis qu'à ma gauche se trouvait un homme, plutôt âgé, il lisait son journal.
Je continue mes emplettes.

Pendant que je regardais mes messages, je senti soudainement une odeur désagréable. Une odeur que je n'avais jamais senti auparavant. J'ai un mauvais, mais très mauvais pressentiment. Je n'ose pas étudier sa provenance, cependant je remarquais que durant mes occupations, le couple à ma droite n'était plus là. Je n'avais pas entendu leur départ avec ma musique.
Instinctivement, je vérifie si le vieil homme était toujours là et il était toujours là.
Proche de moi, debout, sa tête au dessus de moi, me fixant d'un air menaçant. Il me regardait sans retraite. J'ai compris que quelque chose était anormal, quel était ce regard ? Je ne me fis pas attendre. Toujours son journal à la main, il ne lisait plus. Il l'utilisait pour se toucher, oui, à cette hauteur, j'étais face à cette chose. Cette chose que je n'avais vu auparavant, que je n'avais jamais senti auparavant. Il se donnait au plaisir devant moi, son journal cachant ses jouissements. Je restais médusée face à ce spectacle horrible. Il n'y avait personne pour m'aider, j'étais seule.

Je devais partir.

Je le vis s'approcher de moi et tendre sa main vers mon visage. Il était sur le point d'atteindre son summum. Et pris d'un brusque élan, je me lève et je me mis à courir. La peur m'envahissait, les images tournaient dans ma tête. Je trouvais une force inexpliquée pour m'enfuir. Je lançais quelques regards en arrière, il pris un temps court à ranger son engin avant de finir par me poursuivre. Je cours aussi vite que je le pouvais, je suis à bout de souffle.
Je décide de me cacher dans un coin devant mon lycée, je m'accroupis et attends. Je ne pouvais plus aller nul part, j'étais coincée. Il était 14h45, personne n'allait passer. Je priais, je pleurais, j'étais terrifiée.

J'entendis des pas s'approcher de moi, toujours plus fort, puis des rires. Je regarde à ma droite, c'est un groupe d'élève qui s'approche. Miracle, ma prière fût exaucée. Les pas repartaient en decrescendo. Mon cœur ne cessait de battre, je ne pouvais pas fermer les yeux une seconde, j'étais toujours cachée dans mon petit coin isolé de tous. Le groupe d'ami se posait devant le lycée, je reconnu Tim et Luc. Deux garçons populaires de ma classe. Je les entendis de loin, ils étaient retourné chez eux et son revenu chercher nos camarades qui finissaient à 15h30.

Ça relevait du miracle. Pour moi, ça l'était. Dieu merci.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 13, 2018 ⏰

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Aimée, Rejetée, AbuséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant