Chapitre 1: Eveil

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Le silence de la pièce sombre fut soudain rompu. Dans le noir d'encre se distinguait l'écho doux d'un vrombissement électronique semblable à une respiration, puis plus rien. Jusqu'a ce qu'une tonalité plus nette et plus forte se fasse entendre et qu'un voyant rouge vif vienne percer la noirceur de la pièce. Pareil à une onde de vie se répandant dans le corps, l'énergie qui émanait de ce foyer de lumière gagna rapidement de larges tubes situés de part et d'autre de son centre jusqu'a s'étendre en toile fluorescentes le long des murs  dissipant ainsi l'obscurité de la pièce exiguë. Dans la lumière pâle et trouble que renvoyaient les cylindres en caoutchouc, on pouvait dorénavant distinguer un sol couvert de câble enchevêtrés semblables à de grosses racines toutes reliées à une multitude d'écrans de toute sorte accrochés tout autour de la pièce. Ce qui donnait à l'endroit déjà minuscule une amplitude encore moindre. Mais ce qui était le plus marquant ici, ce n'était pas les écrans, ni les câbles mais bien ce qu'il y avait au COEUR de tout ce réseau électrique de grande ampleur, c'est à dire ... Un corps. Un corps féminin, fait entièrement de métal. Allongé sur le sol comme désarticulé et vidé de toute énergie vitale. Enfin, presque. Car au centre de sa poitrine brillait un voyant de lumière d'un rouge vif  tantôt sanguin, tantôt plus doux, changeant au rythme d'un battement de coeur... 

L'androïde ouvrit ses paupières dans un mouvement légèrement mécanique pour dévoiler un regard profondément innocent, un regard couleur topaze dans lequel on distinguait une étrange... Humanité. 

L'être visiblement déboussolé tâtonnât un instant comme pour prendre connaissance des lieux lorsque la multitude d'écrans se mit en marche. Son corps de femme se redressa avant de s'asseoir sur ses membres en acier. Ses yeux étaient à présent rivés sur les machines qui faisaient défiler des milliers d'images à une vitesse fulgurante ! Cela commença par des images du tout début.. De l'espace, des planètes.. qu'une voix masculine se contentait d'expliquer le plus simplement possible. Comme si on racontait une histoire à une enfant. Et puis il y eu la création de tout. Des illustrations de faune et de flore, des dinosaures jusqu'aux Hommes de tout les âges et de toutes les ères...

L'androïde buvait ces images, ces paroles, totalement fascinée par ce qu'elle voyait. Elle avait glissé sa main froide et métallique sur les images défilantes d'animaux et de verdure qu'elle observait avec une avidité palpable dans les yeux. Malgré sa peau d'acier brillante reflétant forme et couleur, il était évidant que l'androïde était plus qu'un être fait de métal et câbles. Pas seulement parce que la finesse des traits de son visage aurait pu rivaliser avec la douceur de n'importe qu'elle peau humaine. Mais surtout parce que l'on pouvait voir se dessiner sur son visage la subtilité des sentiments humains. Un léger sourire au creux de l'échancrure de ses lèvres, un émerveillement enfantin peignant les contours de son regard...

La voix paternelle émanant de partout et nulle part à la fois se fit soudain plus dure.

Sur les écrans apparaissaient maintenant des photographies de moments historiques. Fut ensuite le tour des représentations et souvenirs de guerres. Et enfin, des extraits de documentaires. L'être de métal assistait sans un mot au spectacle. Sous ses yeux des massacres de masse.. Animal, végétal, humain.... La verdure avait disparu au profit des immeubles et de la pollution. Les véhicules avaient remplacés les animaux. L'évolution avait menée au culte de l'armement et de la guerre. Et tout ce qui fut, ainsi que tout ce qui était et tout ce qui devait être disparaissait sous ses yeux à la vitesse de la lumière, jusqu'à ce que ce fut le noir complet. Et le silence. 

Puis, dans la pièce maintenant plus sombre que jamais malgré la présence de l'androïde, la voix repris. Ténébreuse. Toute puissante.

" Après ça, le monde commença à changer sous la pression des Hommes. Un jour, la terre cessa de nous nourrir et de nous abreuver. Pour beaucoup, c'était notre punition divine. Le retour de la médaille pour avoir été trop orgueilleux, égoïstes... Pour avoir voulu tout posséder. Alors que rien n'avait jamais été à nous.. A un moment, certain on essayé de sauver ce qu'il restait. Des groupes de gens se sont formés dans l'optique de créer de nouvelles sociétés. Des sociétés plus humaines. Et peut-être que ça aurait pu marcher si seulement nos enfants n'avaient pas grandis dans une société aussi individualiste.. Hélas. Habitués à la violence, les Hommes ont continués à se batte et à prendre par la force ce dont ils avaient besoin. Les guerres firent rages... Pillages et meutres étaient devenus normal et  très vite, les pacifistes furent décimés, les derniers arbres coupés et le dernier puits asséché.. Ce fut le début de la fin des hommes."

Comme une sentence, la voix s'effaça dans les ténèbres. Laissant l'androïde à nouveau seule dans la pénombre, le visage défait. 



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