le tournage décisif

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Dans la peau d'houssey:

On était dans une salle assise sur une natte les têtes baissées et on nous appelait une à une et à chaque fois qu'une d'entre nous entre, elle crie et après ne ressort pas on avait très peur moi je flippais grave mais je n'osais pas trop le manifester sinon les vieilles vont me frapper et mes camarades se moqueront de moi alors j'ai baissé la tête et pleurais en douce. La dame qui faisait l'appel continuait a cité des noms jusqu'à ce qu'il n'en restait plus que moi dés qu'on m'a appelé j'ai tout de suite écarquillés les yeux j'avais visiblement peur ma grand mère m'a accompagné. Arrivée sous l'arbre je vois des tas de sang coulaient par terre, des lames ensanglantées sur la natte et des bouts de chair alors j'ai cru que j'allais mourir donc j'ai décidé de fuir au moment où je tourne les talons mamy m'attrape et m'emmène en face de la vieille et d'un coup je sens deux masse sur moi deux vieilles me tenaient les pieds grandement écartés et une autre mes mains. La vieille s'approche de moi et en moins d'une minute je sens qu'on m'arrache quelque chose et la douleur que j'ai ressenti ce jour hun c'était atroce walah vous ne pouvez pas imaginer et je me suis évanoui sous l'effet de la douleur
Pour ceux qui veulent deviner la douleur c'est comme si on vous coupez un doigt et qu'on vous mette du citron et du piment sur la blessure et je peux dire que c'est plus que ça
Donc je vous disais que j'avais perdu connaissance et je ne me suis réveillée que deux heures après j'avais une douleur atroce au niveau de la *snek* je ne sentait plus mes jambes. Mes yeux étaient lourdes et je ne ressentais plus d'émotions je ne pouvais ni pleurer ni crier ni exprimer ce que je ressentais. Et d'un coup, je vois ma grand mère s'approcher de moi en souriant.Ne sachant pas quoi faire je l'ai laissé faire donc elle est venue vers moi et m'a dit bravo chérie tu as été courageuse je suis vraiment fier de toi tu m'as honoré aujourd'hui face à mes collègues. En ce moment je n'avais qu'une envie pleurer et l'insulter mais je me tue elle me prend dans ses bras.
Le lendemain nous nous sommes réveillées à 6h du mat pour la fameuse douche on était assise nues les jambes bien écartées en attendant notre tour. À présent, c'était moi qui devait me laver.Dans la douche il y'avait des feuilles d'accasia, une grande bassine contenant de l'eau tiède mélangé de ces feuilles dans lequel on m'avait demandé de m'asseoir ce que je fis sans protester mais sérieux c'était chaud en plus ça piquait tellement wallay que mes larmes ont commencé à couler d'elles-mêmes tellement ça faisait mal ma grand mère me lave et m'habille puis suis retournée à ma place les yeux tout rouges j'avais présque pas touché à mon déjeuner. Je n'avais goût à rien, tout me paraissait bizarre et inutile. Je me tordais de douleurs mais je ne pouvais pas me permettre de pleurer mes camarades aussi avaient autant mal ça se lisait sur leur visage on était lasse tellement qu'on ne jouait pas et même parler on ne le faisait pas. Les vieilles s'occupaient de nous, elles nous donnaient à manger, nous emmenaient au toilettes en cas de besoin et nous lavaient même si personne d'entre nous ne voulait y aller parce que quand tu pisse walayi t'as l'impression qu'on te met de la menthe sur la parti arrachée et pour le bain n'en parlons même pas rien que d'y penser j'ai les larmes aux yeux.

#**je vous passe 3semaines**#

On était toutes dans la salle qui nous servait de chambre comme d'habitude mais cette fois-ci on jouait, criait, se chamaillait parce que la douleur était partie chez certaines et moins persistante chez d'autres. On était tellement excitée du fait qu'on devrait rentrer dans au max une semaine et rien que d'y penser ça nous faisait plaisir. Entre ma grand mère et moi c'était comme toujours sauf que je me disais à l'intérieur de moi que toute cette malheur était à cause d'elle mais elle me disait toujours qu'un jour je la remercierai et que je pourrai comprendre quand je serai plus grande.

#**Éclipse de quelques jours#**

On est à un jour de notre retour on était toutes joyeuses mais les vieilles nous avaient convoquées dans la cour pour une réunion. Elles nous avaient dit ou plutôt exigé de ne jamais ouvrir la bouche pour en parler à qui que se soit et ma grand mère m'avait menacé en me disant que si j'en parle à ma mère elle me raménera encore chez l'exciseuse et sans vous mentir j'avais pris peur donc je lui ai dit ok.
Quelques jours après nous sommes toutes guéris mais la douleur se ressentait toujours chez certaines et chez d'autres, elle était disparu. Donc nous nous apprêtions à rentrer le sourire aux lèvres mais en repensant à ce qui s'est passé en un mois on se rend compte que nous sommes devenues différentes et nous ressentons un grand vide en nous mais nous savons aussi que nous ne devons rien dire à personne.
Les jours se succèdent et nous sommes au grand jour. Celui du retour.
Nous sommes le jour du retour les bus sont revenus nous prendre à 1km de là où nous étions parce qu'il ne devrait pas avoir d'hommes ni d'intrus c'est à dire ni de femme non excisé du coup ils nous attendaient un peu loin. On est réveillé à 6h, pris notre douche, nous habillé et pris le petit dej et enfin nous marchions vers la sortie pour retrouver les bus à 8h nous sommes déjà dans les voitures et on rentrait. On arrive à mbour le lendemain vers 18h moi je devais retourner chez ma mère. Le jour de mon retour ma grand mère me rappelle les interdits de la réunion même si je n'avais que 4ans je savais qu'elle était sincère donc je l'ai fermé et depuis lors je ressens toujours de la douleur à mon entre-jambe. Je ressens toujours comme une brûlure sur ma snek mais je ne me plains jamais même ma famille paternelle n'est pas au courant de cette partie de ma vie. Elle pense que suis pas excisée et parfois j'ai l'impression qu'elle m'enveuille pour ça. Disons qu'elle aussi la pratique mais heureusement pour moi que lorsque suis retournée définitivement chez mon père en 2003 on ne m'a pas emmené me refaire excisée sinon elle aurai su la vérité et je remercie le tout puissant pour ça jusque là j'arrive à cacher cette partie en moi. A part mes meilleures amies , personne d'autre ne sait pour ma mutilation et chaque fois que j'ai des douleurs, je fais toujours appelle à elles même si elle ne m'aide pas à guerrir, elles me soutiennent tout de même. D'ailleurs y'a même Lynda qui m'avait forcé à aller consulter un gynéco ce que j'ai fait à contre cœur mais qui m'a apporté une aide capital. D'après le gynéco, j'ai attrapé une infection et que l'infibulation(taff en wolof) que l'on m'a fait est trop serrée et c'est la raison pour laquelle je ressens toujours des douleurs et il m'avait prescrit une ordonnance et grâce à ces pommades j'ai du mieux maintenant.

La vie d'une exciséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant