Chapitre 9 - Aiden

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Depuis une semaine, il ne se passe rien de particulier. Les cours continuent, les Lermoyer sont encore chez moi, les jours passent lentement, comme chaque fois.

Mais ce soir, mes parents reviennent.

On est vendredi soir. Je suis sur mon lit, les mains jointes sous ma tête, habillé d'un vieux jogging gris et torse nu. J'écoute de la musique. Je décompresse. On a eu notre premier examen blanc cette semaine. Et dire que j'étais stressé est un petit mot. J'aurai pu avoir un ulcère tant j'avais peur. Je sais que ce n'est pas le vrai BAC, mais j'avais peur. Car les examens blancs comptent dans la moyenne.

Je sursaute en sentant qu'on m'enlève un écouteur. Je n'avais ni entendu, ni vu la porte de ma chambre s'ouvrir. Florian pose mon téléphone et mes écouteurs sur le lit avant de s'allonger près de moi.

Durant cette semaine, je me suis posé un tas de questions.

La première étant : qu'est ce que je suis ? Je suis de plus en plus attiré par Flo. La preuve, on dort ensemble. Ma chambre s'est transformée en 'notre' chambre.

J'ai peur de savoir qui je suis réellement. Je n'avais jamais été attiré par qui que se soit, que se soit filles ou garçons. Même si je regardais les filles, en cachette. J'étais, et je suis encore, trop timide pour le faire ouvertement.

Mais depuis que Florian est entré dans ma vie, je n'ai regardé aucune fille. Zéro. Mon colocataire de lit tourne, et je sens qu'il me regarde. Je ne bouge cependant pas, je fixe le plafond.

Mais je sais qu'il se rapproche encore plus de moi, jusqu'à ce que je sente son souffle sur ma joue, et son torse contre mon bras.

"Aiden... Aiden, regarde-moi..."

Je tourne lentement la tête vers lui. Sa voix suave et sensuelle m'a collée des frissons sur tout le corps. Nos yeux bruns se fixent. J'ai l'impression que le temps s'arrête.

Il se mord la lèvre, et je ne sais pas qu'elle est cette pulsion intérieure qui me prend, mais je me jette sur ses lèvres.

Dû à mon poids et la vitesse, il tombe sur le dos. L'une de mes mains enserre doucement son cou, sur le côté, alors que l'autre tient sa joue.

Florian m'attire à lui par ses mains dans mon dos et mes cheveux. Entre deux baisers brûlants, on reprend à peine nos respirations. Nos langues dansant ensemble sont comme une évidence. Comme si, depuis tout le temps, elles n'attendaient que cela.

Je gémis quand, en m'attirant encore plus contre lui, nos sexe entrent en contact. Il sourit. Puis j'ai une reconnection, et je recule.

Putain mais qu'est ce que je fais !? J'aime pas Florian, et encore moins les hommes. Je descends du lit pour faire les cent pas.

"Merde... merde... merde... Merde !, je crie."

Flo sort du lit et m'arrête. Ses yeux s'ancrent dans les miens. Il panique aussi, mais je crois qu'il comprend ma détresse.

"Je sais ce que ça fais. Je suis passé par là aussi.

- Je suis pas gay... J'aime les filles..."

Il me secoue.

"C'est pas ce que ton corps dit, Aiden...

- Mais..."

Il me serre contre lui. C'est l'inverse de la semaine dernière. C'est lui qui me console. Je pleure contre lui.

"Co...comment il vont le prendre...?

- Je ne sais pas. Je ne sais pas..."

Il relève ma tête pour m'embrasser. Le baiser est salé a cause de mes larmes, mais apparemment cela ne le dérange pas.

Je me retrouve plaqué au mur de ma chambre, je ne sais lequel. Mais ce baiser-là est lent, doux, et langoureux. Il me calme.

Florian se recule lentement, posant ensuite son front sur le mien.

"Je serai là. Okay ?"

Les lèvre tremblantes, je réponds.

"Je ne peux pas leur dire...

- Quand tu l'auras déjà accepté toi-même, ce sera plus simple.

- Comment je peux accepter d'être gay !? C'est impossible ! Je ne peux pas l'être !"

Je me prends une gifle. Je porte ma main à ma joue légèrement douloureuse et chaude. Florian me raisonne.

"Moi non plus je ne voulais pas l'accepter. J'avais peur, comme toi. Peur du regard des autres, d'être rejeté. Mais j'ai finis par l'accepter, au collège, après quelques long mois à être mal dans ma peau, à me mentir à moi-même. J'aime les mecs, ouais, et j'assume. J'ai toujours une part de moi qui flippe de le dire à une nouvelle personne, mais c'est normal. C'est normal d'avoir peur ! Une personne qui n'a pas peur n'a pas de cœur... Tu peux attendre avant de le dire, mais plus tu attendras, plus tu auras peur, et tu te feras du mal. Tu te cacheras, tu nous cacheras, et cela te fera du mal, Aiden. Tu comprends ?"

Je prends une sacré douche froide suite à son monologue. J'ai parfaitement compris ce qu'il veut m'expliquer. Oui, je souffre intérieurement de ne pas savoir qui je suis, mais maintenant que je le sais, je souffre de peur. J'ai affreusement peur de la réaction du peu des proches que j'ai.

La main de Florian qui câline ma joue me ramène sur Terre.

"Je ne te demande pas de le dire dans les jours qui suivent, mais plus tôt tu le diras, mieux tu te sentiras. Je serais là, de toute façon. Et tu n'es peut-être pas gay, tu peux être bi."

Je vais à la recherche de ses lèvres pour penser à leur douceur, et à autre chose. Je me sens bien dans ses bras, sous ses baisers, tout simplement à ses côtés.

"Aiden ! C'est maman !"

On se sépare sous un soupir de sa part. Il essuie mes joues alors que je tremble. Et si ils le devinaient ?

"Respire... Ça va aller."

Je souffle. Puis on sort pour aller voir mes parents. J'enlace ma mère puis mon père. Je sens un froid entre eux. Ça sent mauvais...

"Tu as les yeux rouges, Aiden. Ça va ?"

Pas du tout...

"Oui maman, t'inquiète pas."

Elle me sourit.

"Comment s'est passé votre semaine les garçons ?

"Bien. Il y a eu les examens blancs, mais ça été comme sur des claquettes, plaisante Flo."

Je souris. Ma mère le reprend gentiment.

"On dit 'comme sur des roulettes', Florian."

Elle part ensuite en cuisine voir Madeleine. Florian sourit.

"J'ai réussi à te faire sourire, dit-il, fier."

Je lève les yeux au ciel.

"Oui.

- Allez viens, on va manger. J'ai la dalle moi !"

On va donc dans la salle à manger, d'où on peut voir la cuisine où rient nos mères, et le salon où mon père regarde la télé. Chose très rare de sa part. Il se passe quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais j'espère qu'on me le dira bientôt.

Pourquoi faut-il qu'il y ait un problème le jour où je suis déjà mal et perdu ?

Je crois... Que je suis gay... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant