Chapitre 11 - Florian

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"Alors la tapette ? Ça va ?"

Oh non. Mais qu'est ce qu'ils font là ? Comment ils ont su que j'étais ici, au fait ?

J'ai changé de numéro de téléphone, je n'ai dit à personne l'endroit où je déménageais, je ne parle plus à mes anciens amis, comme ennemis. Alors qu'est-ce qu'ils font ici ?

"Tu ne me reconnais pas, Florian ?

- Bien sûr que si, je crache.

- Tu me présentes ?"

Je souffle et regarde Aiden. Il fixe le sol en triturant ses doigts. Okay, il n'est clairement pas à l'aise, ça se voit comme le nez au milieu du visage.

"Va en cours, je lui dis"

Je le fais sursauter en posant ma main sur son épaule. Il regarde rapidement Jérôme, Valentin et Thomas avant de filer à grands pas dans le lycée. Je sais que dedans il ne risque rien. Je me retourne ensuite vers Jérôme.

"Qu'est ce que tu fais ici ?

- Je viens rendre visite à mon copain.

- On n'est pas ensemble, rentre chez toi."

Il s'avance vers moi et prend mon menton entre son pouce et son index pour que je le regarde dans les yeux.

"Heureusement qu'on n'est pas ensemble, sale monstre ! Les gens comme toi ne devraient pas exister."

Il me lâche, claque des doigts et part, suivit de Valentin et Thomas. Moutons va. Je vérifie qu'ils soient bien parti avant d'entrer à mon tour dans le lycée. La sonnerie a déjà retentit, et je suis en retard. Super. Journée de merde.

•••

C'était vraiment, mais vraiment une journée de merde ! Après deux semaines pour que Aiden s'ouvre aux autres, il s'est totalement renfermé sur lui-même aujourd'hui. Il n'a pratiquement pas ouvert la bouche, il est resté dans son monde, dans ses pensées à chaque pause, ainsi que le midi au self. Je crains que cela ne recommence comme au début, qu'il me repousse.

On descend du bus, et il reste derrière moi sur la route. Il est trop distant avec moi, et je n'aime pas ça. On entre. Il est presque dix-huit heures, nos mères cuisinent ensemble en riant, mais surtout en se racontant des anecdotes de nous, ainsi que Rémi, petits. Comment passer pour un con ? Demandez à ma mère !

Je vais les embraser sur la joue toutes les deux. Oui, même celle d'Aiden. Je vole au passage un paquet de gâteaux dans un placard pour manger avec Aiden, qui lui, a déjà disparu à l'étage. Je soupire. À cause de ce connard de Jérôme, mon copain s'éloigne de moi.

Je prends aussi une bouteille de soda et monte. J'ouvre doucement la porte puis la referme derrière moi. Aiden est allongé sur le ventre, la tête dans son coussin. Ah non rectification. Dans mon coussin.

Mon bébé...

Je pose la bouteille et le paquet de biscuit, enlève ma veste ainsi que mes baskets et monte sur le lit. Je m'asseois sur ses fesses, fermes mais rondes comme je les aime, et me penche en avant pour embrasser sa nuque. Sa peau se recouvre de petits boutons. Les seuls qui soient gréables à avoir et à regarder...

Mes mains s'activent à remonter son maillot, bien qu'Aiden soit allongé sur le ventre. Je n'y arrive donc pas.

"Aiden..., je l'implore.

- Laisse-moi, me répond-il, le son étouffé par l'oreiller.

- Bébé... Allez..."

Il soupire mais se relève légèrement, me permettant de retirer son tee-shirt, qui vole à travers la pièce pour atterrir sur son bureau. Je pose mes mains à plat sur son doux dos et mes pouces tracent des cercles tantôt appuyés, tantôt plus discrets, sur sa peau.

Tout son dos y passe, sa nuque, ses épaules, ses côtes, le milieu de son dos, et la chute de ses reins. Je lui embrasse et mordille sa peau par moment. Il se détend, et relâche la pression de ses muscles, me laissant maître du massage.

J'allais embrasser son cou quand on entend des pas dans l'escalier. Je me relève pour aller ramener le maillot à Aiden et on se met assit tous les deux, en allumant l'ordi.

Moins d'une minute plus tard, la porte s'ouvre sur le père d'Aiden. Fabrice, son père, nous regarde chacun notre tour, comme s'il nous analysait. Je prends discrètement la main d'Aiden dans la mienne et mon pouce caresse le dessus de sa main.

"Qu'est ce que tu veux papa ?

- Rien."

Il repart comme il est arrivé. Euh... okay ! Je crois qu'il a un problème lui. Je me tourne vers mon petit-ami qui doit certainement penser à la même chose que moi.

"J'adore la petite ride que tu as entre les yeux quand tu réfléchis..., je lui dis." 

Il fais les gros yeux et plaque sa main libre dessus. Je ris avant de prendre appuie sur ses épaules pour m'assoir sur ses jambes étendues. Mes bras autour de son cou, je réduis la distance entre nous pour l'embrasser. Mais il me stoppe d'une main sur le torse. Ce geste, si basique soit-il, m'excite.

"Attends...

- Quoi ? Qu'est ce qui t'arrive, Aiden ?

- J'ai peur."

J'ai envie de dire ''encore'', mais je sais que cette vie-là est toute nouvelle pour lui.

Il aurait pu nier des semaines et des semaines, dire qu'il n'était pas gay, que ce n'était pas le vrai lui, cela n'aurait servi a rien. Il aurait été mal dans sa peau, encore plus qu'avant, puisqu'il sait désormais qui il est. Mais il aurait très bien pu éviter d'accepter la vérité et déprimer, ou pire, se mutiler ou se renfermer encore plus sur lui-même.

Mais il ne l'a pas fait, et j'accepte, malgré mon envie d'aller plus loin, ses doutes et ses peurs.

"Je sais bébé."

Son visage prend une merveilleuse couleur rouge.

"Bébé ?"

J'appose mon front sur le sien et chuchote.

"T'es mon petit bébé à moi. Dis-moi ce qui te fait peur.

- Tout. J'ai l'impression que tout le monde sait au lycée... Et ensuite ce mec ce matin, mon père...

- Le mec au lycée... c'était Jérôme."

Il relève vivement la tête, que je cogne mon front à son menton.

"Aïe !"

Je ris. Nous l'avons dit en même temps. On frotte chacun notre partie du corps endolorie, puis je dépose un petit bisou sur chacune de ses joues.

"Je ne sais pas comment il m'a retrouvé, mais je ferai en sorte qu'il ne te fasse rien. Même s'il n'a jamais tapé quelqu'un à ma connaissance, je préfère te protéger.

- Oui mais...

- Y'a pas de ''mais'', Aiden. T'es mon mec et je te protège car je tiens à toi, point.

- J'ai peur de te perdre..."

J'en perds mes mots. Puis un grand sourire trône mon visage, avant que je prenne celui d'Aiden entre mes mains pour le couvrir de bisous.

Ah...mon bébé... tu n'as rien à craindre. Je tiens trop à toi pour partir.

Je crois... Que je suis gay... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant