Tora

Tora: chapitre 2

Je me réveille en sursaut, la respiration rapide et irrégulière. Des gouttes de sueur coulent sur mon front, mon cœur bat vite et me fait mal. Je me sens compressé. Par réflexe, je prends la direction de la salle de bain. Il faut que je me rince le visage pour tenter de me calmer. Chaque pas que je fais est une torture.

Pendant que je me rinçais le visage, ma sœur m'a rejoint toute affolée: 

- Tu vas bien?!

Je ne lui réponds pas.

- C'est la quatrième fois cette semaine ! Dis quelque chose !

Agacé, je lui fais signe de se taire. 

- Tu vas réveiller les parents. Et oui je vais bien ne t'inquiète pas

Elle m'adresse un regard froid pour me faire comprendre qu'elle ne me croit pas. Cela me fait sourire. Elle qui était un bébé encore hier, maintenant elle essaye de s'occuper de moi, quelle ironie du destin.

En lui adressant un sourire bien viellant je lui fais signe d'aller se coucher. Au début elle ne voulait pas m'écouter mais un simple regard a suffit pour lui faire changer d'avis. Elle finit donc par acquiescer, me fait un bisou et part se coucher. Je fais de même. Une fois dans ma chambre je m'écroule. 

- Toujours ce même foutue cauchemar!

Mes poings se resserrent, mes muscles se contractent et je sens mes veines prêtes à exploser. Une incroyable haine fait surface. J'ai envie de tout casser, je suis actuellement capable de tuer le premier venu.

J'essaye de garder le contrôle sur ces sentiments qui ne me sont pourtant pas inconnus mais rien a y faire, je n'y arrive pas. Cette haine que je cache au plus profond de mon être continue de faire surface. J'ai envie de crier de toute mes forces, mais je ne le peux. C'est comme si un nœud s'était formé dans ma gorge. Impossible de dire quoi que ce soit. Seuls quelques petits gémissements de douleur sortent.

Puis, mes nerfs finissent par me lâcher. Tout mon corps se relâche et je ne suis plus capable de bouger ne serais-ce que le petit doigt. Je suis devenu un cadavre vivant. Mes mains se gèlent doucement alors que le froid se propage lentement dans tout mon corps, tel un poison mortel. Des larmes finissent par couler de mon œil gauche et une remise en question débute. 

- Pourquoi? Pourquoi la vie est-elle si injuste? Pourquoi je n'ai pas une famille simple, heureuse où tous le monde s'aiment et se respectent comme les autres!? Pourquoi ce que j'entreprends échoue à chaque fois!? Pourquoi elle ne m'aime pas? Qu'ai-je fait pour mériter un tel traitement!? 

Je suis au fond du gouffre... Les larmes coulent à flot sur mon visage et cette remise en question dure un bon moment. Elle dure si longtemps que je m'endors sans m'en rendre compte.

DRING DRING DRING DRING DRING

Le réveille sonne. Je tente vainement de me convaincre de me lever mais je crois bien que ma crise d'hier m'a vidé de toute mon énergie. C'est finalement ma sœur qui vient me réveiller avec toute la douceur et délicatesse d'un ange. 

- Tu te sens mieux grand frère? m'interroge-t-elle. 

Comme à mon habitude je lui répond par un simple hochement de la tête et des chatouilles. Je me sens déjà un peu mieux. C'est avec cette bonne humeur que l'on se prépare en deux temps trois mouvements, ne faisant au passage qu'une bouchée de notre petit déjeuner. Puis je décide de l'accompagner jusqu'à son école. Après tout, aujourd'hui j'en ai le temps et il fait beau. 

Sachant pertinemment qu'elle n'aime pas être vu avec moi par les autres élèves de son bahut car je cite "Tu fais trop peur aux autres", je la quitte un peu avant le portail d'entrée et commence a prendre mon chemin en direction du lycée.