Chapitre 1

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Les cloches de l'église retentissent et ce n'est pas pour annoncer l'heure. Nous sommes Jeudi, il est un peu plus de 15 heures. J'avance lentement en direction de l'allée centrale suivit de près par ma meilleure amie, Hayden. Nous sommes arrivées à hauteur de cette boîte blanche. Elle est là, dormante pour un sommeil éternel. Je ne pleurerai pas, je me le suis promis. Je pose une main sur le cercueil et lui fait un dernier au revoir avant de me dirige ensuite vers les portes principales de l'église.

Une fois dehors, je regarde le ciel et constate qu'aucun nuage ne vient déranger ce magnifique bleu. Il fait doux et une légère brise me caresse le visage. Je prends une grande inspiration, attrape Hayden par le bras et essaye de nous frayer un chemin à travers la foule.

Une fois une place trouvée, nous attendons ce qui me semble être des heures avant que le cercueil ne soit placé dans la voiture. Hayden ne supporte pas cette dernière image et s'effondre par terre. Je fais mon possible pour la garder, serrée contre moi et après quelques minutes au sol, je l'aide à se relever. Nous attendons que la longue voiture noire parte pour, à notre tour, partir.

Je décide de ramener Hayden chez moi car je ne veux pas la laisser seule dans cette état et, il faut avouer, je ne veux pas rester seule non plus. De plus, il n'y aura personne à la maison avant au moins 23 heures, m'a mère étant retenue par son travail et mon père ne rentrant pas ce soir.

J'attrape dans ma poche arrière droite de mon jean noir les clefs de la maison, ouvre et entre, suivis de mon amie. Elle a le visage pâle et fermé, le regard perdu dans le vide, si bien qu'elle manque de louper la marche. Ça me fait vraiment mal au cœur de la voir comme ça dans cette état.

J'ouvre la première porte à droite, celle de ma chambre et laisse Hayden s'asseoir sur le bord de mon lit. Ma chambre n'est pas fort grande. Le lit deux personnes collé contre le mur du fond ne me laisse pas beaucoup de place mais ça me suffit amplement.

Je profite qu'elle enlève son manteau pour la laisser seule quelques minutes le temps d'aller dans la cuisine chercher un verre d'eau. En revenant, je manque de tomber à cause de mon chat, il est vraiment con celui-là ! Je reviens donc auprès de ma meilleure amie et lui tends la boisson qu'elle accepte avec un petit sourire.

C'est à ce moment là que mon téléphone vibre, signe que j'ai reçu un message. Je le sors de ma veste en cuir que j'avais, au préalable, posé sur mon bureau et lis le message :

/ Salut ma chérie, je ne pourrai pas rentrer à la maison ce soir, je suis désolée ! Propose à ton amie de dormir à la maison. Je t'aime, gros bisous <3 –Maman/

Qu'elle super nouvelle, noté ici l'ironie. Hayden me regarde d'un air interrogateur, je lui montre donc le message que je viens de recevoir. Elle le lie puis retourne son attention vers moi et me sourit, montrant ainsi qu'elle est d'accord pour passer la nuit à la maison.

Je commande donc des pizzas pour le dîner et nous les mangeons en regardant la télévision. Nous parlons de tout et de rien jusque 22 heures tout en évitant la raison de notre présence à l'église cette après-midi. Nous allons ensuite nous coucher, enfin seulement Hayden. J'ai essayé de dormir mais je n'y suis pas parvenue.

Je décide donc d'aller dans ma salle à l'étage pour me défouler. J'enfile une brassière rose fluo et un short noir puis attrape mes gants et commence à frapper dans le sac de sable.

Je donne des coups dedans depuis déjà 10minutes en pensant à la journée que je venais de vivre. Mes coups se font de plus en plus puissants et je ne peux plus m'arrêter. Mes joues commence à devenir humides et mes yeux me piquent, je pleure. Des larmes de tristesse et de haine m'envahissent si bien que je tombe à genoux, au sol, épuisée. Des bras viennent m'enlacer par derrière et je ne résiste pas.

-Calmes toi, tout va bien se passer. Je suis la. Me dit la personne au creux de l'oreille.

-Thomas, qu'est ce que tu fais ici ? Lui dis-je alors qu'il m'aide à me relever.

-Hayden m'a appelé quand elle t'a entendu monter. Elle m'a dit que c'était très urgent alors je suis venu le plus vite possible !

-Merci mais je vais bien, tu peux repartir maintenant.

-Jodie, sois un peu raisonnable et regarde moi. Je relève la tête. Il y a encore 30 secondes tu étais effondrée par terre.

Il me prend les mains et enlève mes gants. Je remarque du sang sur mes phalanges, merde ... J'aurais du me les bander. Je me dirige donc vers l'armoire à pharmacie à côté de la porte. J'attrape le désinfectant et remarque qu'il est vide, fais chier.

Je descends donc dans le salon, Thomas sur mes pas. Hayden est allongée dans le canapé et dort à point fermé, elle c'est probablement rendormit suite à l'appelle qu'elle a passé à Thomas.

Je vais en direction du bar et prends la première bouteille d'alcool à 90 degré qui me tombe sous la main et me dirige ensuite au dessus du lavabo de la salle de bain. J'ouvre cette dernière et commence à m'en verser quelques gouttes sur la main gauche. Une grimace de douleur se dessine sur mon visage quand le liquide entre en contact avec mes plaies. On ne peut pas dire que je ne l'ai pas mérité.

Thomas entre dans la pièce et me prend la bouteille de la main et m'aide à en verser sur l'autre, ce qui me fait de nouveau grimacer. Il met ensuite des pansements sur mes plaies légèrement ouvertes. Je le remercie et remonte dans ma salle d'entraînement.

Je m'assois sur un banc et Thomas prend place à mes côtés. Nous restons un moment sans parler, laissant seulement entendre les mouches voler. Je regarde mes mains tout justes bandées. Je n'ai pas vraiment réfléchi sur ce coup et il faut dire que j'en paye sérieusement le prix.

Le silence qui règne dans la pièce et bien trop glacial à mon goût et commence sérieusement à m'énerver. C'est pourquoi je décide donc d'entamer la discussion :

-Pourquoi tu es encore là ?

-Tu veux que je parte ?

-Non reste. Le suppliai-je

Thomas est comme mon grand frère, il est toujours là quand je vais mal. Ça fait un peu plus de trois ans que je le connais et on ne se quitte plus. Nous nous sommes rencontrés quand je suis allée au club de boxe la première fois. Ancien boxeur, je suis contente qu'il soit non seulement mon frère de cœur mais aussi mon coach.

-Parle moi de ce qu'il c'est passé aujourd'hui !

-J'aimerai ne pas aborder le sujet maintenant ! Lui répondis-je sèchement.

-Jodie, tu ne peux pas continuer à frapper dans ces sacs et à te faire du mal, il faut que tu en parle.

Je n'ai justement pas envie d'en parler. Le fait que Thomas insiste aussi lourdement me met hors de moi et je ne peux m'empêcher de lui balancer sèchement.

-Et tu veux que je te dise quoi au juste ?

Je me lève furibond et commence à faire des allers-retours devant le banc.

-Elle est morte Thomas, je n'ai pas pu l'en empêcher car je n'ai rien vu. Je n'ai rien vu alors que c'était là, sous mes yeux, tous les jours, je n'ai pas su lui venir en aide alors qu'elle en avait besoin.

-Jodie, ce n'est pas de ta faute, si tu n'as rien vu c'est parce qu'elle n'a pas voulu que quelqu'un sache qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.

-Oui mais ...

Au fur et à mesure que je parlais, des larmes coulaient sur mes joues sans que je puisse les contrôler. Thomas fini par se lever et me prend dans ses bras.

Ça ne me ressemble pas, en deux ans je me suis attachée à elle et aujourd'hui elle n'est plus parmi nous. Je ressens un si grand vide en moi, j'ai l'impression qu'on me poignarde le cœur.

Voilà maintenant une heure que je ne cesse de pleurer et de répéter la même chose : le fait que j'ai une part de responsabilité dans sa mort et que j'aurai dû me rendre compte que quelque-chose n'allait pas.

Toujours blottie dans les bras de mon ami, je commence à me calmer petit à petit. Je reprends un rythme cardiaque normal et ferme les yeux d'épuisement.    

Boxing for Forget [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant