juste elle

Prise de conscience

Je suis allongée dans mon lit, les yeux fermés. Je sens que quelqu'un me regarde avec insistance. Je sais que c'est Louise, même si j'ignorais qu'elle était chez moi j'aurais pu reconnaître sa présence. Son parfum, son odeur corporelle, le bruit de sa respiration, son souffle, la chaleur qu'elle dégage...

Puis, je l'entends se lever et quitter ma chambre. Environ 30 minutes après je me lève pour de bon et va dans le salon pour la retrouver.

Louise m'aperçoit et un sourire s'affiche sur son visage.

« Ben quoi ? » lui demandais-je,

« Rien, ta une drôle de tête c'est tout. Viens manger, je t'ai préparée des pattes et des brochettes tomates-mozza' »

Elle fait preuve d'attentions tellement adorable à mon égard...

Je m'installe à table sans broncher puis elle se plaça debout en face de moi :

« Sierra, c'est entrain de recommencer, c'est ça ? » me demanda t-elle de la manière la plus calme qui soit,

« je ne vois pas de quoi tu parles » lui répondis-je en évitant le plus possible son regard,

« Arrête de me prendre pour une idiote, je ne t'ai pas vu manger depuis au moins un jour et en plus tu as bu ! Sierra, parle-moi, je suis là !! Qu'est-ce qu'il se passe ?? Pourquoi est-ce que tu fais ça ?? »

Je sens mes larmes montées. Je n'ai pas envie de pleurer devant elle, je ne veux pas la faire paniquer. Je ne suis plus malade, je me sens mieux, réellement mieux.

« Louise lâche moi putain !! j'avais juste pas faim tout va bien » lui répondis-je violamment,

Puis d'un geste machinal je me leva, tourna les talons, et me dirigea vers ma chambre,

J'allais claquer ma porte quand une info à la télé m'interpella :

/ alerte : un jeune homme de 17 ans abattu à Nice /

Louise avait allumé à la télé depuis notre retour chez moi, nous nous regardons sans un mot puis nous nous asseyons devant la télé, Nous vivons à Nice donc nous nous sentons concerné par l'information :

/ le jeune homme fut tué par 4 garçon à cause de son orientation sexuelle... /

Soudain, ma gorge se cloua :

/ en effet, il fut abattu par coup de pied dans le crâne. Le jeune homme fut d'abord victime de propos homophobe puis...

Et là, je n'arrive plus à respirer, j'ai comme l'impression de m'étouffer, je n'arrive plus à avaler ma salive, ma tête tourne, je vois flou et j'ai d'horribles nausée, j'essaye de pleurer, de parler mais je ne peux pas.

Comme toujours, Louise ne panique pas.

- « Sierra, calme toi, respire, souffle, ça va aller... » me dit-elle en caressant mes cheveux et en attrapant mes mains moites,

- « C'est une crise d'angoisse, c'est dans ta tête, n'aie pas peur, je suis là... » continua t'elle en m'étalant de l'eau sur tout le visage à l'aide d'un mouchoir,

En effet, je suis en pleine crise d'angoisse. Louise est habituée à ce genre de situation car c'est elle qui gère mes crises depuis de nombreuses années.

Puis petit à petit, je me calme et je lui explique ce qu'il s'est passé. Que le garçon qui est décédé aurait pu être encore en vie si j'avais intervenu. Que je l'ai vu se faire frapper mais que je n'ai rien fait.

« Écoute, essaye de prendre du recul, tu as eu une réaction humaine. Tu ne savais pas s'il fallait fuir ou lutter, tu as paniqué, c'est totalement normal.. » me rassura t'elle

« mais je me sens tellement coupable Louise ! lui répondis-je en larmes.

Et puis, comme à son habitude, elle calma mes pleurs et mes angoisses.

Elle comprit que ma perte d'appétit d'aujourd'hui venait de là.