Souvenirs d'Asgard

Différent

- Merci à tous d'avoir assisté à cette réunion, dit Odin avec un sourire forcé. Vous pouvez maintenant disposer.

Un à un, les ministres du Conseil vinrent s'incliner devant le roi d'Asgard, avant de quitter l'immense pièce et de refermer la lourde porte de bois derrière eux. Ce ne fut qu'à ce moment-là que le vieux borgne poussa un profond soupir, et, se laissant tomber sur le plus grand siège, celui qui dominait la table où siégeait comme d'habitude le Conseil, il passa une main sur son visage fatigué.

La guerre. Ils ne parlaient que de ça. Renforcer la garde intérieure et extérieure, former plus de soldats compétents, multiplier les alliances solides avec les autres peuples pour éviter un conflit interplanétaire, telles étaient les paroles que répétaient en boucle ces vieilles carcasses, sans se préoccuper de ce que pouvait en penser le peuple, qui commençait à en avoir assez de voir ses enfants partir au camp d'entraînement. Et Odin aussi en avait assez. À force d'entendre le mêmes couplet à longueur de journée, il avait l'impression d'être poursuivit par le spectre de cette guerre fictive où qu'il aille, autant lorsqu'il voulait lire un livre que lorsqu'il voyait son fils aîné, Thor, courir dans les couloirs en faisant tournoyer son épée de bois et en hurlant " À mort les Géants de Glace ! ". C'était à devenir fou.

Un souffle chaud sortit le Roi d'Asgard de ses pensées. La fenêtre du balcon avait été laissée ouverte, pour profiter de la douce chaleur qui commençait à arriver en ces jeunes jours de printemps. Désirant mieux profiter de ce vent inattendu, le vieux borgne se leva et se mit au balcon. Ce dernier donnait sur les Jardins du Palais, un petit terrain où se mêlaient à merveille les fontaines d'eau pure et les arbres millénaires, et avait même un petit escalier qui permettait rapidement de les rejoindre. Odin ferma les yeux, goûtant pleinement à la fraîcheur des arbres qui remontait jusqu'à lui et qui emplissait ses poumons, laissant le gazouillis des quelques oiseaux nichés non loin de là lui faire oublier les problèmes politiques de sa ville. Tout était en paix. Tout était...

- Descend de là haut, morveux ! Descend si t'en as le courage !

L'ordre strident jeté à travers les arbres fit se réveiller Odin dans un sursaut de sa douce torpeur. Intrigué, et surtout agacé de s'être fait dérangé dans sa méditation, il se pencha un peu par dessus la balustrade pour essayer de repérer l'origine du cri.

Malgré la densité du feuillage émeraude qui commençait à renaître, il reconnut la toison brune et liée en une longue tresse de la petite Sif, compagne de jeu de Thor depuis un bon moment déjà. Les poings sur les hanches, elle fixait la cîme du chêne devant elle avec un regard qui aurait put lui couper les branches.

À côté d'elle, Fendral avait l'air beaucoup plus calme, bien qu'il exprima son agacement dans un tapotement rapide et régulier du sol du bout de sa chaussure. Avec eux il y avait également le rondouillard Volstagg qui, lui, tenait fermement sa hache miniature dans ses petites mains, une hache qu'il avait reçu de son père et dont il était très fier.

Tous avaient la tête levée dans la même direction que Sif, comme s'ils avaient vus quelque chose d'étrange qu'il ne fallait surtout pas lâcher du regard sous peine de le voir disparaître. Ce qui était peut-être le cas: en effet, lorsque l'objet de leur contemplation leur répondit, Odin reconnut immédiatement, malgré la distance, la voix de son cadet, Loki.

- Et tu crois vraiment que c'est comme ça que je vais te rejoindre, pauvre idiote ?

Même si elle était de dos, Odin put voir les oreilles de Sif virer rouge tomate devant l'insulte, avant qu'elle ne se baisse pour ramasser une pierre et ne la lance sur le garçon perché juste au-dessus d'elle. Odin ne vit pas la fin de la course de la pierre, mais vu l'agitation soudaine dans les feuillages, elle avait dû atteindre sa cible.