Alors que la nuit était tombée depuis plusieurs heures, trois hommes, marchant d'un même pas, longeaient la rue désertique. Ils avançaient vite, le bruit de leurs pas résonnant sur les pavés du trottoir. Sous leurs longues capes, les bottes de cuir noir qu'ils portaient reflétaient la pâle lumière des réverbères.
Debout devant une porte, un homme à l'uniforme gris les arrêta. Il était muni d'un MI5, pistolet-mitrailleur allemand produit par la firme Heckler&Koch, qui venait d'être adopté par la police et la douane allemande, et était convoité par bon nombre de pays.
En somme, une arme révolutionnaire.
Entre le coude et l'épaule du militaire, était noué un morceau de tissu noir, sur lequel on pouvait voir un rond blanc, entrecoupé de trois lignes horizontales en son centre.
L'un des trois hommes tira un papier de sa poche et le présenta au gardien, qui hocha la tête avant de les laisser entrer.
Pressé, celui qui avait tendu le sauf-conduit franchit la porte et prit le soin d'ôter sa large veste noire, puis emprunta l'un des couloirs de l'immense bâtisse.
Il arborait lui aussi un uniforme gris couvert de médailles, le même tissu noué sur le bras gauche. Au bout du couloir, il entra dans une pièce, gardée elle aussi par des soldats armés.
À l'intérieur, se trouvaient un lit et une petite table. Pas de fenêtres. Juste de quoi lire et écrire et quelques affaires de base.
Un homme aux cheveux bruns, celui qui occupait la chambre, se leva lorsque le militaire entra. De petite taille, il devait avoir un certain âge. Il fixa le gradé, avant de lui tendre une main.
- J'ai failli attendre.
Le général lui serra et prit place sur l'une des chaises de bois.
- Tout fonctionne parfaitement. L'espion qui a infiltré leurs rangs m'a rapporté avoir bel et bien vu le corps dans un laboratoire. Ils le conservent précieusement. Les scientifiques sont convaincus qu'il s'agit de vous.
L'homme l'écoutait attentivement, le sourire aux lèvres.
- Cela ne m'étonne pas de la part de ces Russes ! L'URSS se croit tout-puissant.. Mais, par ailleurs, qu'en est-il de nos plans ?
- Cela prendra du temps, certes, mais nous sommes sur la bonne voix.
- COMMENT ? Je n'ai plus assez de temps pour ATTENDRE ! répondit-il en se levant brutalement.
Dès qu'il haussa la voix, les gardes firent irruption dans la pièce, braquant leurs armes en direction de celui qui n'était plus qu'un vieillard.
Tranquillement, le général rejoignit les soldats, et se retourna vers l'autre :
- Vous ne devez pas oublier, mon cher, que vous n'avez plus aucun pouvoir, ici. Il plissa ses yeux gris pâle, soutenant sans ciller le regard sombre et fou de son interlocuteur. Nous mettrons le temps qu'il faudra pour tout mettre en place, et NOUS, nous n'échouerons pas.
Le jeune homme partit aussi sec, ne laissant pas à son hôte l'occasion de répondre.
Le cliquetis métalliques de ses médailles résonnant à chacun de ses pas. Il s'engagea dans un couloir plus sombre encore que le précédent. Le corridor était décoré de nombreux tableaux de collections, que quelques armures venaient entrecouper. Au bout, un escalier en colimaçon semblait descendre jusqu'aux enfers. Le millitaire l'emprunta, et déboula dans une chapelle désaffectée, dont d'immenses pilliers de pierre soutenaient les voûtes, au plafond.
De nombreux gradés y étaient rassemblés, écoutant ceux qui venaient parler, au centre de la salle. Sans prendre le temps de les saluer, il s'avança et prit la parole. L'assemblée le dévora aussitôt des yeux.
-Messieurs, mesdames, il est temps de mener à bien notre projet. Des murmures approbateurs acceillirent ses paroles. Chacun sait ce qu'il a à faire.
( livre en pause)
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Condamnés
Historical FictionLe temps passe, tranquillement. Mais nous sommes condamnés. L'heure de la révolte a sonné.