Je m'appelle Anaïs et je suis née pour mourir.
Née enfant de la lune, on me diagnostiqua plus tard : la mucoviscidose plus une leucémie. Les médecins me disaient q'avant 20 ans je serai probablement morte.
Aujourd'hui j'ai 19 ans, dans 60 jours je fêterai mon anniversaire si la maladie me le permet. Je n'ai pas peur de mourir, car je sais que tôt ou tard cela arrivera bien un jour.
Mon état de santé qui se dégrade de jour en jour, m'oblige à être branchée en continue à une machine, ne sortant de chez moi que très peu et exclusivement la nuit. Pourtant au fond de moi je suis une jeune fille comme les autres : je voudrai me faire des amis, avec un copain, faire la fête, aller à l'université comme tout les jeunes de mon âge. Mais cela m'est interdit... A quoi bon avoir des amis ou aller à l'université si on ne vit que la nuit et avec une machine qui est le dernier moyen de me faire respirer et manger ?... Le peu de fois où je suis sortie avec ma combinaison pour me protéger du soleil, j'ai bien vu que les personnes ne comprennent pas cette différence, que je leur faisais peur.
Quand je m'observe dans une glace, je vois une jeune fille chauve, la peau plus laiteuse qu'un fantôme, avec la peau sur les os. Je ne suis que l'ombre d'un être humain mais je veux vivre, juste vivre... Je refuse de me laisser aller à la mort sans me battre.
Avant de mourir je souhaiterai :
- Participer au plus grand concours de chant de mon pays
- Aller à un concert de mon groupe de musique préféré et leur parler
- Suivre une journée à l'université
- Aller voir un film dans une salle de cinéma
- Manger autre chose que ce qu'on m'injecte, manger de la vraie nourriture
- Avoir une relation amoureuse
- Me faire un.e ami.e
- Faire en sorte que ce que j'écris actuellement soit publié et lu le jour suivant mon décès : une page par une page
Mais qui suis-je ? Une malade parmi tant d'autres, des malades que bien des gens ignorent. Nous sommes les fantômes de la société. Peu de gens prennent conscience que chaque jour des dizaines de personnes meurent : du cancer, de la mucoviscidose et de bien d'autres maladies qui sans vergognes arrachent des enfants, des parents, des proches, des amis à bien des personnes.
Je ne veux pourtant pas que ce texte soit la complainte d'un enfant malade. Je veux que se soit un message d'espoir. Battez vous pour cette vie, cette vie si belle. Parfois vous voudrez en finir mais ne perdez jamais espoir : la pluie est qu'éphémère, elle laisse place à un arc-en-ciel. Ne dit-on pas qu'au pied des arcs-en-ciel se trouvent un trésor ?
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Mort: J-60
Saggistica"Je m'appelle Anaïs et je suis née pour mourir. Si vous lisez ces lignes c'est que je fais partie du monde des morts." INFORMATIONS: Un nom poétique qui recouvre une douloureuse réalité, celle de ces enfants à qui la simple vie au grand jour est int...