Le début de la fin

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Ça fait maintenant deux semaines que ça c'est passé, on n'en a pas reparlé. J'ai peur que, si je lance le sujet, il me prenne pour un monstre. Après tout, je nous ai sortis du milieu de la forêt en 30 secondes, pendant ce laps de temps, on a parcouru 5 bons kilomètres. C'est quand même assez inhumain, il a forcément deviné que j'étais pas normale. Pourquoi est-ce que je me suis laissée entraîner dans cette histoire? Il ne sait pas pourquoi on a dû fuir, ni comment on a pu sortir de cette forêt aussi vite... Mais, jamais, je n'aurais pu le laisser se faire tuer par ma faute. Je ne me le serais pas pardonnée. Si il comprend, je devrais à nouveau disparaître, déménager à l'autre bout du pays. Et cette solution ne m'enchante pas, même si je ne suis pas ici depuis longtemps, je me suis attachée à cet endroit, et surtout, à Timy.

Je suis perdue dans mes pensées depuis je ne sais combien de temps, allongées dans mon jardin, près du portail. Quand je fini par me réveiller, je remarque qu'il est là, juste derrière la clôture de la propriété. Je ne l'entends jamais arriver, un peu comme un fantôme, mais je m'y suis habituée. Il ne me fait plus les mêmes frayeurs qu'au début. C'est étrange, mais, savoir qu'il n'est jamais loin me rassure, j'ai toujours été seule, d'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais eu de famille malgré ce que j'ai pu lui dire, ou d'amis, encore moins de petit copain. Donc, cette présence amicale, même si elle peut paraître excessive, me fait me sentir bien, me ramène dans le monde réel du jour. Alors que j'ai l'habitude de partir, m'imaginer un autre univers, en me basant sur le monde nocturne, sans me rappeler que la journée est faite de bien d'autres choses, d'autres expériences, tout aussi enrichissantes, voir même plus. De nuit, on ne voit quasiment rien, on utilise le mystère dû à l'obscurité pour ne pas se faire reconnaître, pour passer inaperçu. Le monde diurne en est l'exact opposé, on veut se montrer, se faire connaître, on préfère voir qu'être aveugle. Seulement, les deux mondes, si différents soient-ils sont aussi aveugles l'un que l'autre sur l'existence de leur opposé.

Je suis allée ouvrir à Timy. Il paraît qu'il m'avait appelé plusieurs fois, mais, comme je "dormais" il a préféré attendre que je me réveille et le remarque. Je pense que, sur le coup, il est un peu fou, on n'attend pas pendant plus d'une heure devant un portail!!!! Ce gars n'est pas normal, à sa façon.

- Je voulais te parler d'un rêve étrange que j'ai fais il a deux semaines, je ne savais pas comment te le dire sans que tu me penses fou. En réalité, je ne sais toujours pas comment m'y prendre, alors, autant tout te dire d'un coup. Je ne te demande qu'une chose, ne m'arrête pas, je ne te demande pas d'explications non plus, car je ne pense pas que tu en ais, vu que c'est un rêve, ou plutôt un cauchemar qui se termine bien. Mais c'est quand même mon subconscient qui l'a créé.
- Je ne peux pas te penser fou à cause d'un rêve, ils sont créés avec nos souvenirs, nos espoirs, nos craintes, et tout ce qui s'en suit. On ne les contrôle pas, et ils ne peuvent pas nous prouver que l'on est fou ou pas.
- D'accord, alors, dans mon rêve, on est à la clairière, on y est resté toute la journée. Le soir, quand on a voulu rentrer, on s'est perdus, puis, d'un coup, un truc t'a effrayé, je ne sais pas quoi, mais il fallait qu'on sorte de la forêt au plus vite, c'était une question de vie ou de mort. On s'est mis à courir puis, comme ça, sans explication logique pour moi, tu as fait demi-tour, tu m'as attrapé et es partie à une vitesse phénoménale, me traînant derrière toi. On est arrivé à la route de l'autre côté de la forêt en quelques secondes. À partir de là, tu étais rassurée, et on a suivi la route tranquillement jusqu'à chez nous. Voilà, c'est bizarre mais il fallait que je t'en parle.

Attends, il vient bien de dire que, pour lui, c'était un rêve, cette nuit horrible où on a failli mourir? Je n'y crois pas!!!! On ne peut pas être aussi chanceuse!!! Il n'a donc pas remarqué que je n'étais pas normale!! Je suis trop soulagée! Heu... Mais, et si il apprend que c'est la vérité et pas un rêve? Il se passera quoi? Il faut que je lui dise, que je lui avoue tout, même si c'est douloureux, même si je risque de perdre le seul ami que je me suis fait, même si.... En fait, peur importe ce qu'il peut se passer ensuite, ce poids est trop lourd, il doit savoir. Il a le droit de savoir qui je suis, et surtout ce que je suis.

- Heu... Bon bah, je vais te laisser, bonne soirée et on se voit demain.

Quoi? Quoi- quoi- quoi- quoi- quoi????!! Il peut pas me laisser en plan comme ça juste après m'avoir dit ça!!!

Les mots les plus gentils du monde?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant