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                                                       Raphaël


Je me retourne brusquement. Une très jolie fille se cache dans l'ombre.

 - Qui es-tu ?!

Un large sourire se dessine sur ses belles lèvres fines.

 - Du calme ! Ne t'inquiètes pas, je ne vais pas te manger !

 - QUI ES-TU ?!!

 - Pourquoi veux-tu le savoir ?

Un petit sourire mesquin traverse son visage.

 - Pourquoi ne veux-tu pas me le dire ?!

 - Il y a longtemps que je ne dévoile rien aux inconnus qui ne font que crier.

Touché. Je décrispe les poings que j'avais monté pour me protéger, et me mets en position normale - détente.

 - Là, c'est bon ? demandais-je, radouci.

Sans même prendre la peine de me répondre, elle lance :

 - J'ai une idée. Je te pose une question, tu me réponds, tu me pose une question, je répond, puis je pose une question, et ainsi de suite, tu vois ?

 - Hum... OK.

 - Je commence.

Je lève les yeux au ciel. Quelle petite cheffe !

Elle : Comment tu t'appelles ?

Moi : Raphaël. À moi. Comment tu t'appelles ?

Elle : Lola.

Moi : Lola ?

Elle : Oui, Lola. Bon, à moi.

Moi : Eh ! C'est à mon tour, là.

Elle :  Bah non, tu m'as demandé "Lola ?"  et je t'ai répondu.

Moi : Euh ? C'est pas du jeu  !

Elle : Petit raleur ! Alors, quel âge as-tu ?

Moi : Seize et demie. 

Elle : Cacahuètes ?

Moi :  Euh... Ouais, j'aime les cacahuètes.

Elle : Non, t'as quoi, seize et demie ?

Moi : Bah mon âge !

Elle : T'as seize et demie âge ? Toi bien parler la France !

Moi : Mais non, réfléchis ! J'ai seize ans et demie !

Elle : Mais je sais, je te charrie ! À toi.

Moi : T'as quel âge ?

Elle : Seize ans et quatre mois.

Moi : Ouh, quelle précision !

Elle : Bon, je pense qu'on sait le minimum l'un de l'autre, c'était le but de mon jeu.

Moi : Ah, cool.

Elle : Tu sais d'où vient le mot cool  ?

Moi : Non...

Elle : On a quelque chose en commun ! Ha ha !

Moi : Ha ha !

Elle : C'est quoi ta couleur préférée ?

Moi : Le violet. Et toi ?

Elle : Euh... Le... b... le jaune !

Moi : Ah ouais ! C'est pas mal ! C'est... vif.

Elle : Ouais. T'aurais aimé t'appeler comment ?

Moi : Rosalie.

Elle : Mais c'est un prénom de fille !

Et punaise de punaise !!! @#&$!?*\  !!! 

Moi : Tu sais que c'est un peu sexiste, ce que t'as dit.

Elle : Ouais, désolée, c'est que je m'y attendais pas... Du coup... tu voudrais être une fille ?

Moi : Hé, wooo, attends attends ! T'inquiète, c'est juste que J'AIME ce prénom ! T'emballe pas, hein !

Elle : Ouais, excuse, mais...

Moi : Quoi ?

Elle : Non, rien, t'as raison.

Finalement, je ne tiens plus, et je lâche ce qui brûlait mes lèvres depuis quelques minutes : 

Moi : Tu es la nouvelle ?

Elle : Pardon ?

Je me hais, je me hais, je me hais,je me hais, je me hais, je me hais, je me hais, FOIS MILLE !!! Je suis le PIRE  TRAÎTRE qui puisse exister ! J'ai trahi gravement le groupe ! Oh, que je me hais, que je me hais, que je me hais, que je me hais...

Elle (qui continue sans voir ma frustration) : Ben, si tu parle du fait que je suis arrivée hier matin, alors, p'têt' que j'suis la nouvelle dont tu parles. Mais, t'sais, j'suis au courant de rien, hein, donc...

Moi : Où as-tu dormi ?

Elle hausse les épaules.

Elle : J'ai pas dormi, puisque vous êtes arrivés tout-à-l'heure, et j'étais pas couchée. Pendant la journée, j'ai dormi. Je ne me souviens de rien. Juste que, j'étais dans un rêve, et quelqu'un criait.

Moi : Où ?!

Elle : Bah dans mon rêve ! Suis, un peu, toi ! Donc, quand je me suis réveillée, j'ai regardé ma montre, mais, elle était bloquée. Sur 18 heures 04. Et vous êtes arrivés, j'dirais, un quart d'heure après. Ouais, c'est bien ça, un quart d'heure, vingt minutes.

Moi : OK. Suis-moi.

Elle : On va où ?

Moi : Suis-moi.



Dans les sombres couloirs...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant