1- Gâteau d'anniversaire & nouvelle Oreille.

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L'été qui venait de s'écouler n'avait pas été de tout repos. Physiquement, moralement, tous avaient été très abattus et les esprits étaient des plus tourmentés. La perte d'êtres chers enlevait tout plaisir à profiter du beau temps que la saison leur offrait dehors depuis quelques jours.

Bien qu'il ait réussi, enfin pouvait on le dire, à vaincre Lord Voldemort, Harry ne cessait de pleurer ses amis, ses proches disparus. Hedwige, Lupin, Tonks, Dobby, Maugrey, étaient des pertes dont il ne se remettrait sans doute jamais totalement, sans compter la disparition de Sirius, d'Albus Dumbledore et de ce cher Fred. Il ne se passait pas une nuit où chacun d'eux venait dans ses rêves, ses cauchemars, lui rendre une visite, laissant derrière leur venue un souvenir encore un peu plus douloureux. Comme une plaie qui ne guérit jamais.

Les esprits ébranlés de la famille Weasley, ne les avaient pas empêchés cependant de recueillir auprès d'eux Harry qui, depuis plusieurs mois, n'habitait plus 4 Privet Drive. Harry occupait donc maintenant la chambre de Ron qui, pour l'occasion, avait subi quelques sortilèges afin de la rendre plus accueillante pour deux personnes au lieu d'une seule. Sans que toutefois la décoration ne change. L'orange de l'équipe préférée de Ron était toujours présent, ce qui ne dérangeait en rien Harry, un fan inconditionnel de Quidditch également.

Pas mal de choses avaient changées depuis le fameux soir où Celui-Dont-On-Ne-DEVAIT-Pas-Prononcer-Le-Nom était mort. Tout d'abord, Harry avait appris, plus par Percy et Mr Weasley que par la Gazette des Sorciers, que le nom du remplaçant du ministre de la magie décédé serait tenu secret jusqu'à ce que celui-ci ait pris complètement en mains le travail lié à sa nouvelle fonction.

Les Aurors, eux, redoublaient de travail afin de débusquer les Mangemorts qui se trouvaient encore dans le pays, et d'après ce que disait Mr Weasley il n'y avait pas souvent de temps calme non plus pour le reste du Ministère depuis que la Gazette des Sorciers, sur demande express du Service de Dénonciation d'Abus de la Magie, avait fait paraitre un article stipulant à tout un chacun de dénoncer quiconque avait eu un lien avec Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom. Certaines personnes adressant abusément des hiboux accusant leurs voisins dont ils auraient désiré se débarrasser.

Parfois Harry en venait à se demander si les Moldus avaient eu vent des derniers évènements. D'après Ron, les moldus, de toute façon, ne voyaient jamais rien. Et il lui expliqua qu'un jour, il y a de cela très longtemps, trois siècles pratiquement, un troll des montagnes adulte était venu en pleine nuit voler un sapin de noël dans une ville appelée New York et que personne n'avait rien vu. La Brigade de Réparation des Accidents Magiques était intervenue, quelques jours plus tard, pour en planter un magique qui ne s'arrêtait jamais de pousser, et personne n'avait jamais réagi. Encore maintenant, il y était et c'était même le plus grand sapin connu par les moldus.

Lorsqu'Harry s'était réveillé ce matin-là, il avait la sensation, il ne savait pourquoi, que la journée serait meilleure que les précédentes. A tâtons, il chercha ses lunettes sur la petite table de chevet et les mit sur son nez. Pour une fois, pensa-t-il, elles ne sont pas cassées. Il explora du regard la pièce et repéra son camarade de chambrée dans son lit. Il regardait le plafond, les yeux larmoyants. Si Harry avait perdu des êtres chers, ce n'était toutefois rien en comparaison de la famille Weasley.

Après quelques minutes, Harry se décida à lui parler.

-Bonjour Ron, Bien dormit ?

Ron renifla bruyamment, essuya d'un revers de manche ses yeux embués de larmes et se redressa.

-Salut, je ... je pensais à ... Balbutia-t-il
-Je sais, moi aussi lui répondit Harry, le regard compatissant.

Il y eu un long silence, la pièce était baignée par la lumière du soleil qui s'infiltrait par la fenêtre. Harry s'attarda sur un poster de l'équipe de Quidditch préférée de Ron et regarda les joueurs effectuer des cabrioles sur leurs balais. Quelle heure pouvait-il être ? Ces derniers jours Harry et les autres avaient perdu la notion du temps, ce qui n'avait rien d'étonnant. Mais il se leva, et avec son compagnon de chambre ils allèrent dans la cuisine. Lorsqu'ils arrivèrent au bas de l'escalier, une délicieuse odeur de bacon et d'œufs leur vint au nez. Harry s'aperçu alors seulement qu'il avait réellement faim. Mrs Weasley était là, tournant nonchalamment sa baguette au-dessus de la poêle pour diriger la spatule qui s'occupait des œufs. Ginny, quant à elle, discutait avec George qui était dans un état de surexcitation totale.

-Bonjour mes chéris, leur lança Mrs Weasley, arborant un sourire rayonnant, même si ses yeux gonflés montraient combien elle avait encore dû pleurer la nuit passée.
-Bonjour mes chéris, répéta George en imitant sa mère magnifiquement bien.

Harry ne put s'empêcher de rire en voyant la mère de George lui lancer une dizaine de torchons par magie. Ginny les saluât à son tour, de son magnifique sourire, celui qu'Harry voyait en fermant les yeux chaque fois que celui-ci avait besoin de réconfort.

Elle est si belle, pensa Harry, ne la quittant pas des yeux. Malgré qu'il vive dans la même maison à présent, elle continuait de lui manquer. Trop de sacrifices avaient touchés sa vie. Peux être un jour pourrait-il retourner auprès d'elle et vivre cette histoire jadis commencée. Qui sait ?

Harry prit place à ses côtés et fut immédiatement servi abondamment par Mrs Weasley qui, comme à son habitude, lui redonnait deux voire trois fois de chaque plat qu'elle avait préparé. Si bien que, moins de trois quart d'heure après, il se sentait presque aussi gros que ce bon vieux Dudley. D'ailleurs, qu'est-il devenu ? Et son oncle ? Sa tante ? Malgré l'enfer qu'ils lui avaient fait vivre, il ne pouvait qu'espérer qu'ils allaient bien. Après tout, comme lui avait fait remarquer un jour l'oncle Vernon, « Tu es ici simplement parce que nous avons bon cœur ». Et même si ce n'est pas la vérité, les faits étaient là, ils l'avaient gardé. Peux être parfois pensaient-ils à lui.

-Aujourd'hui c'est le grand jour, j'ai rendez-vous à Ste Mangouste pour mon oreille, dit George d'une voix claironnante, enlevant Harry à ses pensées.

Harry avait complètement oublié, George devait s'y rendre afin de se faire poser une oreille par sortilège, pour remplacer celle qu'il avait malheureusement perdue il y a de cela quelques mois. Harry comprenait à présent son agitation, même s'il n'aimait pas Ste Mangouste, l'Hôpital des sorciers. L'endroit le rendait très mal à l'aise depuis sa dernière visite, où il avait été voir Mr Weasley suite à l'attaque de Nagini le serpent du seigneur des ténèbres, et où il avait vu les parents de Neville, allongés dans un lit depuis que la Mangemort Bellatrix Lestrange les avaient torturé par le sortilège de Doloris.

-Tiens voilà Errol, fit remarquer Ginny qui regardait par l'une des fenêtres de la cuisine.

Tout le monde suivit son regard et Harry remarqua la forme du rapace se dessiner au loin. Il se crispa en espérant que le hibou viserait correctement la fenêtre et n'irait pas s'écraser contre le carreau, comme il l'avait déjà vu faire. Il s'engouffra par la fenêtre, tourna en un virage très serré tel un avion de chasse moldu bien entrainé et, après avoir lâché l'enveloppe qu'il tenait sur les œufs au plat de Ron, alla directement finir sa course dans l'évier remplit d'eau mousseuse prévu pour la vaisselle. Mrs Weasley se précipita pour sauver la pauvre bête qui se noyait et vint la déposer sur le canapé, près du chat qui, une fois de plus, avait mis le pull de Ginny.

Ron tendit la lettre à sa mère qui la tourna pour regarder l'expéditeur.

-C'est votre père, informât-elle. Elle l'ouvrit et les informa du contenu. Il tient à nous dire que le nouveau Ministre de la Magie va être révélé dès demain, et il dit qu'il nous rejoint à l'hôpital. D'ailleurs c'est l'heure d'y aller.
-Bien maman. Nous y allons en transplantant ?
-Oui la poudre de cheminette c'est bien pratique, mais il n'y a pas de débouché là-bas.

Après le départ de George et de sa mère, Harry, Ron et Ginny allèrent se changer afin de passer dans le jardin pour pratiquer une activité qu'Harry avait découvert lors de son tout premier séjour au Terrier : le dégnomage ! Harry y prenait un certain plaisir, attrapant un gnome par les pieds, le tournant le plus vite possible au-dessus de sa tête, et le lançant de toutes ses forces dans le champ voisin, pour qu'il ne retrouve pas le chemin du retour vers son trou. Ron et sa sœur avaient finis par s'amuser également, car mieux vaut le prendre en souriant, comme leur disait si bien Mrs Weasley, ça passera plus vite.

-Ron qu'est-ce que tu fais ? lui demanda Ginny
-J'essaie de toucher l'épouvantail avec, lui répondit Ron en éclatant de rire au moment où son gnome fit tomber un des bras de l'horrible mannequin de paille.

Quelques dizaines de gnomes plus tard, les trois dégnomeurs rentrèrent hilares et fiers de leur travail.

-Je vous ai battus tous les deux.
-Ce n'est pas parce que tu l'as envoyé plus loin que nous que tu es la meilleure Ginny, se défendit Ron. Moi j'en ai envoyé bien plus que toi.

Harry s'amusait de ces petits moments. Longtemps il avait eu peur que jamais il n'en retrouve après les tragiques évènements, mais néanmoins il arrivait encore que tout le monde ne se sente pas trop mal, voire même bien.

C'est plus tard que George et sa mère rentrèrent, en compagnie de Mr Weasley. Harry remarqua vite que Mrs Weasley n'était pas du tout contente, elle rallait après son fils.

-Non mais je vous jure qu'est-ce que j'ai fait pour avoir un enfant pareil ? Lança-t-elle, le visage écarlate.
-Mais Molly, ce n'est tout de même pas si grave tu sais, je...
-Oh ! Arrête ! De toute façon tu es toujours d'accord avec lui, rouspéta Mrs Weasley à l'attention de son époux. Que la reine Morgane m'en soit témoin, tu ne fais que semblant de les gronder, il n'y a qu'à voir lorsqu'il a pris ta voiture volante pour aller chercher Harry il y a quelques années déjà.

Elle détourna les yeux de son mari et constata seulement à ce moment-là que Ron et les autres étaient présents. Elle se tourna vers Harry et ajouta :

-Bien sur mon chéri je ne t'en veux pas tu sais.

Harry se sentit rougir. C'est à ce moment qu'il repéra le fruit du mécontentement de Mrs Weasley. George, qui était allé se faire remettre une nouvelle oreille par sortilège médical, avait à présent une oreille toute bleue, dont la forme rappelait celle de son regretté ami Dobby, l'elfe de maison.

-Je vous jure, se faire mettre une oreille d'elfe de maison ! Mais à quoi tu pensais ? Je te le demande. Pourquoi pas carrément une oreille de troll ? Hein ? Dis-moi ? Continua de crier Mrs Weasley les yeux braqués sur son fils.
-Mais maman, puisque ça me plait à moi. Et puis tu en fais toute une histoire, ce n'est pas comme si j'en avais deux, se défendit George qui ne réussissait qu'à mettre sa mère encore plus hors d'elle.

Ginny et Ron résistaient difficilement à l'envie d'éclater de rire.

-Harry, demanda George avec un grand sourire, comment la trouves-tu mon oreille toi ?

Harry, qui se sentait vraiment mal à l'aise, se jura de tordre le coup à celui-ci pour le piège qu'il venait de lui tendre. Bien entendu il la trouvait marrante, mais quelle serait la réaction de Mrs Weasley s'il répondait cela ? Toutefois, il joua finement le coup et se contenta de demander :

-Tu entends bien avec ?

George esquissa un petit rire et affirma ce qui ne fit que rendre sa mère plus énervée qu'elle ne l'était. Ses yeux lançaient des éclairs à présent. Il lui fallut quelques jours pour qu'elle arrête de fulminer après son fils. George, quant à lui, passait son temps à essayer de voir si, lorsqu'il bouchait son oreille normale, il avait tendance à obéir plus facilement aux ordres que lui donnaient les autres, tout comme un elfe de maison avait-il expliqué. Mais après, qu'à maintes reprises, il ait refusé de chasser la Goule qui cassait tout dans le grenier, il s'arrêta enfin.

Les sourires étaient le plus souvent revenus. Mr et Mrs Weasley avaient demandé à Bill, Fleur, Charlie, et même à Percy qui avait sa propre maison à Pré-au-Lard, de venir au Terrier pour le mois de juillet, et donc fêter l'anniversaire d'Harry en famille, comme l'avait si bien dit Mrs Weasley. Harry se sentait toutefois bien mal à l'aise, toute cette attention sur lui ne faisait que lui rappeler que, d'ici peu, son nom allait figurer dans bon nombre de livres scolaires d'élèves qui iraient dans une école de sorciers.

-Ouvrez vos livres chapitre 13, dirait un professeur. Le grand Harry Potter, une enfance brisée, un géant terrassé.
-Monsieur, demanderait une élève, c'est vrai ce que l'on raconte ? Ou bien c'est une légende ?

L'idée n'avait rien de très emballant aux yeux de Harry. Sans compter que Poudlard lui manquait énormément. Il n'avait jamais passé sa septième année, ses professeurs, ses cours, ses couloirs venteux, ses fantômes, même Peeves et les cours de potion du défunt professeur Rogue lui manqueraient. D'ailleurs, en y repensant, Harry, tout comme Ron, ne savait pas du tout ce qu'il allait faire de sa vie. Son rêve de devenir un jour Auror, malgré ses aptitudes, était tombé à l'eau l'année dernière. N'ayant jamais passé ses A.S.P.I.C (accumulation de sorcellerie particulièrement intensive et contraignante), il n'avait donc pas de possibilité de se présenter au Ministère de la Magie avec un diplôme.

D'ailleurs, le fait que Hermione non plus ne sache pas ce qu'elle allait faire ne les rassuraient en rien. Elle passait son temps à étudier toute seule chez elle. Dans sa dernière lettre, elle leur conseillait d'en faire autant. Sait-t-on jamais ! C'est toujours un plus à avoir. Même Ginny semblait ennuyée. Elle avait loupé sa sixième année scolaire, d'ailleurs les cours n'avaient été qu'une « farce » avait publié la Gazette du Sorcier. Aucun cours n'avait réellement eu lieu, les programmes n'avaient pas été respectés. Les B.U.S.E n'avaient pas été passés, les A.S.P.I.C ni aucun examen final de fin d'étude non plus. Sans compter que personne n'avait de nouvelle de Poudlard, sans directeur, trop de professeurs en moins, et une grande partie du château complètement détruite, il n'y avait aucune chance que le château reçoive un jour le moindre élève. En fait, pensait Harry, il faudrait longtemps pour que les sorciers se remettent de Lord Voldemort.

Harry n'avait jamais réellement fêté un anniversaire à proprement dit « normal ». Bien des années, cette date n'avait été qu'une occasion supplémentaire pour que Dudley le martyrise un peu plus encore. Et quelque chose en lui lui faisait croire que, cette année, il serait beau, mais pas vraiment normal pour autant. Après tout, être sorcier, n'était pas ce que tout le monde qualifierait de normal. Et ce n'est surtout pas les Dursley qui affirmeraient le contraire. Eux qui, même après l'entrée de Harry au collège Poudlard, affirmaient encore être des gens tout ce qu'il y a de plus normaux.

Toutefois, le soir du jour dit, Mrs Weasley s'était littéralement pliée en quatre. Elle avait sorti dans le jardin une immense table et des chaises, et avait disposé une grande nappe au couleur de Gryffondor, avec de jolies serviettes assorties. Des lampions avaient été accrochés un peu partout dans le jardin pour donner un éclairage très agréable et convivial. Tous les Weasley étaient présents, mais également Hermione et ses parents qui, pour l'occasion, avaient rejoint le Terrier. C'était déjà sans nul doute possible le plus bel anniversaire que Harry n'ai jamais eu.

Autour de la table, l'ambiance était vraiment joyeuse. Le repas que Mrs Weasley avait préparé était plus succulent encore que tout ce que Harry avait pu déguster de sa vie, surpassant même les fabuleux banquets de Poudlard. Des poulets aux odeurs magiques, des rôtis, des brochettes de viande, des côtes de bœuf énormes, sans compter des frites, des légumes divers et variés, de la carotte au maïs. Tout cela arrosé gracieusement de bièraubeurre.

George ramena de nombreux artifices de fête de sa création et le ciel se retrouva remplit de nombreux animaux en confettis qui se couraient les uns derrière les autres. Des feux d'artifice du Docteur Flibuste qui, une fois en l'air, gelaient après avoir explosés. Ainsi que les fameux pétards mouillés de ce même Docteur. Mrs Weasley en avait même, Harry en était sûr, oublié l'oreille quelque peu fantaisiste de son fils.

Harry regarda les visages illuminés de sourires d'Hermione et Ginny qui rigolaient en se rappelant la fois où le pauvre professeur Lockhart avait été poursuivi par deux Lutins de Cornouailles qui s'étaient échappés de leur cage. George essayait tant bien que mal de convaincre Percy qu'il était indispensable, voire même primordial, et cela même pour « une personne travaillant au Ministère de la Magie » d'apprendre à se détendre et de rire de temps en temps.

Bill, Charlie et Fleur parlaient ensemble de la réaction d'un Moldu, que Harry ne connaissait pas, qui avait, d'après ce qu'ils avaient entendu, trouvé un dragon à crête dans la grande pyramide d'Egypte. Et enfin les parents Granger et Weasley tentaient d'en apprendre le plus possible sur les mondes des uns et des autres.

-Dites-moi donc, pourquoi les Moldus utilisent-t-ils ces drôles de petits cylindres métalliques dans quasiment tous leurs objets ?

Après quelques secondes de réflexion c'est la mère d'Hermione qui comprit de quoi il s'agissait.

-Ah ! Vous voulez parler des piles ! Et bien...

Qu'il était bon de voir les gens que l'on appréciait le plus arriver encore à prendre du bon temps après les jours sombres écoulés. Chacun trouvait le plaisir de parler, chacun avait réussi à retrouver en lui le courage d'avancer.

Plus tard Mrs Weasley arriva avec un énorme gâteau de choux à la crème en forme de chapeau magique. La crème coulant ici et là rappelant ce vieux Choixpeau magique rapiécé qui l'avait autrefois mené à Gryffondor. Dans l'autre main, en équilibre précaire, tenaient deux pichets de jus de citrouille remplis à ras-bord. Elle s'était vraiment donnée du mal. Quelle femme formidable, pensa Harry, et il était sûr que sa propre mère était comme cela. Aujourd'hui, même s'il n'avait pas les cheveux roux, même si ses joues n'accueillaient pas quelques taches de rousseur, il se sentait, au fond de lui, un peu Weasley et il avait le sentiment, pour la première fois, d'avoir une famille. Que demander de plus ? se questionna Harry.

C'est alors que chacun vint près de lui avec, dans les mains, un présent toujours plus magnifique ou même inattendu que l'autre. Hermione lui avait offert un livre, comme il fallait s'y attendre. Mais le titre, lui, Harry ne l'attendait pas : « Comment vivre malgré la célébrité ?». Il ne put s'empêcher de rigoler. Ron et Percy se mirent à deux pour lui offrir un coach pour pièces de jeu d'échec, qui se rangeait avec les autres pièces et les entrainait pendant le temps où elles restaient sans jouer. Ainsi elles deviendraient plus fortes et coopèreraient davantage. Mrs Weasley lui offrit un gros sac remplit des bonbons préférés de Harry : chocogrenouilles, patacitrouilles, plumes en sucre, baguettes à la réglisse, dragées surprises de Berthie Crochue...

Mr Weasley lui avait trouvé un cadeau plutôt original : un chiffon spécial de chez Mrs Toukibrill, à poser près de la baguette, et qui la nettoyait automatiquement. Le plus amusant venait des parents d'Hermione qui ne connaissaient pas encore tout à fait bien le monde magique et qui lui offrirent une brosse à dent ensorcelée garantie « sans carie, sans tartre et pure blancheur ». Que l'on soit Moldu ou sorcier, c'est différent sauf pour les dents, avait précisé le dentiste Mr Granger. George, quant à lui, avait offert un bon d'achat de deux Gallions d'or dans sa boutique appelée maintenant « Moi le jumeau tout seul ».

Et alors qu'il pensait avoir tout vu, Charlie, Fleur et Bill arrivèrent tous les trois encombrés d'un énorme paquet en longueur. Ils le déposèrent précautionneusement sur la table devant Harry, le sourire jusqu'aux oreilles. Une petite carte était posée sur le dessus du paquet. Il la détacha doucement, l'ouvrit et distingua très nettement l'écriture féminine de Fleur. Une écriture parsemée de cœurs ici et là, et de petits dessins qui bougeaient. La carte en elle-même, d'un rose pâle, dégageait une odeur proche de la fraise.

Cher Harry,

Nous nous sommes mis à trois,

Afin de t'offrir ce présent

Qui, nous le savons, te plaira.

Merci pour tout.

Et,

BON ANNIVERSAIRE


Harry saisit le paquet délicatement et le déballa. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsque, à son grand étonnement, il découvrit un balai volant. Un balai magnifique. Même son regretté Eclair de Feu aurait paru quelconque aux côtés de celui-ci. D'un rouge rubis si magnifique qu'il semblait briller dans la nuit telle une flamme. Les branches sublimement soignées montraient à leur courbe que celui-ci avait été fait avec énormément de soin. Une forme aérodynamique et, pour les pieds, deux étriers d'un or luisant.

Harry regarda, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, le manche de cette merveille. La forme parfaitement travaillée recueillait à son extrémité des lettres d'or d'une finesse inouïe. Il leva doucement le balai devant ses yeux brillant de larmes. Quivif d'or. Jamais Harry n'avait vu un si beau balai.

Il regarda Bill et les autres d'un air ébahit.

-Je..., je ne sais... même pas... quoi vous dire, bredouilla-t-il.
-C'est encore mieux que de dire quelque chose parfois, lui répondit Bill. Saches une chose tout de même, c'est le dernier modèle, fabriqué uniquement sur commande pour les plus grands prodiges du Quidditch. Il est entièrement fait à la main, et protégé par pas moins de 250 sortilèges. Plus résistant que n'importe quel balai, plus souple, plus léger et plus rapide que tous ceux qui ont jamais été mis en compétition. Pour le moment, seulement trois autres personnes l'ont : deux grands attrapeurs professionnels, et ton cher ami Krum.
-Sans compter, ajouta Charlie, que celui-ci sèmera encore plus facilement un dragon si tu vois ce que je veux dire, même un Magyar à pointes.

Tous deux éclatèrent de rire, c'était un drôle de souvenir ! Le tournoi des 4 sorciers, ces épreuves plus terrifiantes les unes que les autres. Sans compter la mort de Cédric Diggory. Et l'argent, remit à Fred et George, avec lequel ils ont rendu fou de rage leur mère en ouvrant leur boutique déjà célèbre : « Farces et attrapes pour sorcier facétieux ».

Harry ne sut à nouveau quoi répondre. Entre l'envie de l'essayer et, au fond de lui, la profonde tristesse de savoir qu'il ne jouerait jamais plus un véritable match de Quidditch contre la terrible équipe de Serpentard. Ses pensées valsaient dans tous les sens. Il savait le prix d'un tel cadeau, et le sacrifice que ces trois personnes extraordinaires avaient dû faire pour lui offrir.

-Merci... Merci beaucoup. Réussi-t-il à dire.

Il fallut près d'une bonne demi-heure pour qu'Harry ne décroche les yeux du balai et encore une quinzaine de minutes pour qu'il le lâche. Il le tendit ensuite à George et Ron, admiratifs, qui avaient passés tout ce temps debout derrière lui à le regarder par-dessus son épaule.

Ginny vint se glisser près de lui à son tour et lui tendit alors un paquet. Harry l'ouvrit avec la même délicatesse que son balai, et y trouva plusieurs choses. Pour commencer une photo de lui, volant en piqué vers le sol. La photo bougeait et il se voyait tendre la main vers un vif d'or. Il retourna la photo et découvrit une inscription. La photo datait de son tout premier match de Quidditch. C'était ahurissant ! Comment Ginny, qui n'était même pas à Poudlard cette année-là, avait-elle bien pu obtenir cette photo ? Et la seconde chose était une superbe paire de gants, spéciale attrapeur, qui grandissait en même temps que son propriétaire, et avait la même couleur rubis que son nouveau balai.

Harry pris alors Ginny dans ses bras et lui donna un baiser pour la remercier. Jamais, depuis l'année dernière cela n'était arrivé. Alors qu'ils relâchèrent leur étreinte, les deux amoureux s'aperçurent que tout le monde autour d'eux les regardait. Et pour la première fois Harry et Ginny rougirent d'un même rouge que seuls les Weasley arrivaient à obtenir, et ne surent où se mettre.

-Tiens, on va très vite avoir un nouveau mariage dans la famille, s'exclama George, et ce n'est même pas toi Charlie ! Tu finiras vieux et tout moche, à moins que tu ne trouves une jolie momie près de ton travail.

Et tout le monde éclata de rire.

Harry Potter et Les larmes du phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant