22-

211 31 5
                                    


22-

Les choses s'étaient bien mieux déroulées que ce à quoi Lachlan s'attendait. Bon, il avait été gêné. Très gêné même. Mais au-delà de cela, il ressentait beaucoup de joie. C'était stupide mais il avait adoré se réveiller et trouver Nicola toujours endormie à ses côtés. Il s'était rapproché d'elle sans en avoir conscience et avait caressé sa taille nue. Et c'était involontaire, il le savait, mais elle avait souri.

L'homme ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur ce qu'il avait ressenti à ce moment-là ainsi que la veille. Admettre qu'il ressentait des choses pour sa collègue était simple. Il était assez mature pour savoir ce qu'il aimait ou non et n'avait pas de mal à savoir ce que son corps voulait. Le truc complexe était de savoir qu'est-ce qu'il ressentait. Il savait que son cœur ratait parfois des battements lorsque la femme lui souriait ou qu'elle le regardait. Il savait grâce à la nuit précédente qu'il pourrait envisager plus qu'une simple amitié ou qu'un plan cul régulier. Et il savait aussi que le bien-être et la plénitude qu'il avait ressentis lorsqu'il avait vu la brune avec Sahara, n'était pas ce qu'il aurait dû éprouver.

Tout ça, c'était la partie émergée de l'iceberg. Il restait tout ce qui était là, très profondément renié. Lachlan avait toujours refusé de sortir avec des femmes à cause de son père et de ses peurs stupides. Il ne voulait pas devenir comme son père parce qu'il avait vu comment sa mère avait perdu de sa joie de vivre. Et s'il était aussi maître de ses émotions, c'était à cause –ou grâce il n'en était pas trop sûr- de ça. Il ne s'énervait pas, jamais et il ne plaçait jamais ses désirs avant ce qu'il devait ou non faire. Il avait une carapace qui le rendait imperméable au monde extérieur.

Mais Nicola avait brisé ses défenses et il se retrouvait avec des sentiments et émotions qu'il n'avait jamais ressentis auparavant. Il ne savait pas comment gérer l'avalanche de nouveautés et hésitait sur ce qu'il devait faire –à moins que ne rien faire soit préférable ? Il avait tellement peur de devenir comme son père s'il se laissait aller qu'il se mettait à douter de lui, lui qui était si sûr de lui.

En fait, l'homme aurait voulu tout envoyé balader et répondre à ses envies, lâcher prise et laisser les conséquences de ses actes derrière lui. Il voulait prendre la brune dans ses bras juste pour le plaisir de la sentir contre lui. Il voulait respirer son parfum encore et encore. Il voulait être avec elle tous les matins et tous les soirs et lui sourire et rire avec elle et la regarder caresser Sahara jusqu'à ce qu'elle tombe de fatigue.

Il voulait être avec elle.

Mais il n'avait jamais fait ça, il n'avait jamais été avec quelqu'un d'autre avant et il n'avait jamais eu envie de ce genre de choses. Il se trouvait con parce que, merde, ils étaient collègues et que la femme avait déjà imposé des limites. Ils seraient amis, tout au plus. Et cela déchirait Lachlan. Parce qu'il ne voulait pas être un simple ami. Parce qu'il ne supporterait pas de la savoir avec quelqu'un d'autre. Parce que l'imaginer dans le lit d'un autre, même si ça n'avait rien de sexuel, le tuait.

Alors il devait lui parler, lui dire la vérité. C'était ce que les gens faisaient, d'habitude, non ? Ils avouaient ce qu'ils ressentaient. Pourtant, le brun savait qu'il ne pourrait pas accepter un refus, et que, si jamais ça foirait, si leur relation foirait, il ne pourrait pas juste faire comme si de rien n'était.

A quel moment s'était foutu dans cette merde, exactement ?

Nicola ne voudrait pas plus, lui si et elle était pour l'instant chez lui, en train de prendre une douche, nue, dans sa salle de bain. Il l'avait convaincu de rester travailler avec lui, chez lui, alors qu'il aurait dû la laisser partir. Parce qu'à présent qu'elle était là, il allait s'habituer à sa présence. Mais elle ne resterait pas indéfiniment et il le savait. Et à ce moment-là, il se retrouverait seul dans son King size –quelle idée il avait eu déjà, de prendre un lit aussi grand alors qu'il était tout seul ? – et il serait obligé de reprendre sa routine : travailler jusqu'à tomber de fatigue et avoir juste le temps de nourrir sa chatte avant d'aller se coucher.

Et après la nuit dernière, il détestait cette manière de survivre. Parce que oui, il avait l'impression de devoir se battre tous les jours contre quelque chose qui le dépassait, et ce bien avant qu'il ne rencontre la brune.

Etait-ce égoïste de choisir de vivre ?

Etait-ce égoïste de choisir de suivre ses envies ?

Etait-ce égoïste de vouloir qu'elle soit avec lui tous les jours de sa vie ?

Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant