3 | Les cauchemars

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Andrea ouvrit les yeux. Les lieux lui étaient bien trop familiers. La pièce circulaire, d'au moins dix mètres de diamètre était quasiment totalement grise. Seul un rectangle, tracé dans l'un des murs, se détachait, sanglant rouge sur les peintures cendrées. A hauteur de ses yeux, la tâche rouge attirait immanquablement son regard.

Andrea ouvrit la bouche et hurla, se sachant surveillée :

- WILLIAM !

Pas de réponses. Pas encore de réponse. Il finirait par entrer, il entrait toujours.

- WILLIAM !

Les cris de la frêle rousse se répercutèrent sur les murs pendant de longues minutes. Ses pouvoirs ne fonctionnaient pas, elle n'arrivait pas à augmenter la portée des vibrations que provoquaient ses mots dans l'air. Elle n'hésita cependant pas à s'user les cordes vocales.

Debout au centre de la pièce, la jeune femme ne voulait pas s'asseoir. Pas de chaises. Pas de tables. Rien. Et s'asseoir par terre serait montrer sa faiblesse. Ce n'était pas le cas en temps normal, mais Andrea avait compris qui il était, et qu'elle était sa logique. Aussi logique qu'on puisse appeler sa manière de penser, de fonctionner, si tordue.

- Je sais que tu es là. Tu entends William ? Je sais que tu m'observes. Je sais que tu veux te servir de mes pouvoirs. Je sais que tu veux nous atteindre. Ce que je ne sais pas, c'est pourquoi tu t'acharnes sur moi. Tu sais pertinemment que ça fait des années que je n'ai plus aucun contact avec l'Ecole. Je ne suis pas la mieux placée pour t'y introduire.

Le même discours, tous les jours. Combien de temps cela faisait-il ? Depuis combien de jours était-elle enfermée là, mangeant deux fois par jours, sortie une fois pour des interrogatoires, par ce jeune homme en qui elle avait eu confiance ?

Seize ans. Elle n'avait pas seize ans... La jeune femme jeta un coup d'oeil à ses mains, à sa tenue. Son habituel pull vert bouteille, et son jean sombre. Autour de son cou, le médaillon.

Des pas se firent entendre, non loin de la porte, forcément, sinon, elle n'aurait jamais pu les percevoir. Quelque chose clochait. Elle n'avait pas encore ce médaillon. Elle n'avait pas encore conscience de l'étendue de ses pouvoirs.

Andrea ferma les yeux.
Lorsqu'elle les rouvrit, elle se sentit en sécurité, mais avait encore le souffle très court. Une légère plaque de sueur couvrait sa peau. La jolie rousse releva brusquement la tête. Elle souffla de soulagement en voyant l'individu assis sur une chaise, à côté de son lit.

- Tu dois avoir un milliard de choses à faire...
- Je t'ai promis tu te souviens ?
- De me protéger ? Je ne suis plus une enfant.
- Mais tu fais toujours ces cauchemars. La preuve que tu n'as pas tourner la page.

La rousse sourit avec douceur, mais aussi un brin d'amertume. Elle n'arriverait sans doute jamais à tourner la page. C'était gravé dans sa chair et dans sa mémoire. Cela faisait d'elle ce qu'elle était, mais cela la poursuivait aussi. Parce qu'elle avait perdu Jonas avant même de l'avoir rencontré à cause de ça, et qu'elle s'était laissée avoir par un garçon presque aussi jeune qu'elle.

- Tu hurlais son prénom.
- J'ai perdu tellement de choses à cause de William.
- Il est mort, Andrea. Tu ne peux pas laisser tes démons te poursuivre toute ta vie. Je t'ai appris à être bien plus forte que ça. Ces émotions passées peuvent te tuer.
- Je sais Nick. Tu me l'as répété des dizaines de fois.
- Pas encore assez visiblement, asséna-t-il sèchement.
- Je te rappelle que William est mort, mais Jonas aussi. Et je sais que je vivrai avec la certitude que c'est ma faute toute ma vie.
- Tu es forte Andrea. Je ne te demande pas d'oublier. Juste de prendre conscience que tu dois avancer et que ressasser les vieilles douleurs ne t'y aidera pas.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 04, 2019 ⏰

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