Chapitre 14 : La tentative

404 25 1
                                    

Point de vue : Min Yoongi

En fait, je ne peux pas attendre. J'ai envie ; j'ai besoin de lui. Quand je l'ai vu dans gare, arrivant en hurlant, j'ai cru que j'allais le perdre. Pourtant, je n'ai rien fait. J'avais trop peur de Chung-Su. Je me suis senti faible, et j'ai horreur de ce sentiment. Quand ses mains ont touché le ventre de Jimin, j'ai vu rouge. Pendant trente secondes, j'étais prêt à tuer quiconque se trouvant devant moi. Pourtant, je me suis juste agenouillé et ai supplié. Pourquoi ne lui ai-je pas planté mon poing dans la figure? Ça lui aurait fait du bien. Ensuite, il aurait été tellement surpris, que j'aurai pris Jimin avec moi et qu'on serait parti en courant comme on a fait.

Mais... Grâce à Jimin je me sens plus fort. J'ai l'impression de servir à quelque chose. D'avoir un rôle. J'ai déconné ce matin. Je ne le libérerais pas en mettant fin à mes jours. Du moins, je ne me libérerais pas.

Alors là maintenant, j'ai besoin d'être sûr qu'il est là. A moi, pour moi. Et puis je me sens prêt. Mon esprit semble libre de l'emprise de Chung-Su. J'ai envie d'en profiter, avant que la porte que Jimin vient d'ouvrir en moi ne se ferme à nouveau.

Sans attendre qu'il réponde, je recommence à l'embrasser. Mais il me repousse gentiment. Mes yeux le supplient de continuer. Sauf qu'il ne croise pas mon regard. Il se retourne pour éteindre la plaque et me prend la main. Ils nous fait sortir de la cuisine et monter des escaliers. Je me laisse faire. En haut, il y a plusieurs portes. Il ouvre la première à gauche.

C'est sa chambre. Il ne me l'a pas dit mais j'en suis sûr. Elle est grande avec un grand bureau. Et une chaîne avec de grandes baffles. Le milieu de la pièce est vide. Sûrement pour danser. En face, il y a le lit. Il lâche ma main et se tourne pour me regarder avec un sourire aguicheur. Ça me fait immédiatement de l'effet.

Il recule en commençant par défaire sa chemise. Elle est légèrement trop grande pour lui, il a retroussé les manches. Hé mais c'est la mienne ! Je secoue la tête, impressionné. Il l'a gardée. Jimin le remarque. Il commence à rougir et s'arrête. Il ouvre la bouche, sûrement pour s'excuser. Mais je ne lui laisse pas le temps. Je parcours le mètre nous séparant et je plaque ma main contre sa bouche. Ses yeux m'interrogent. Je suis sûr qu'il pense qu'il a fait quelque chose de mal. Je mets mon index contre mes lèvres. Chuut. Je ne veux pas qu'il parle, qu'il stoppe le moment, le mette en pause. Il hoche la tête. Je relâche ma main pour le pousser contre lit, juste derrière lui. Je me penche au-dessus de lui et finit de défaire les boutons restants, puis je lui enlève la chemise.

Je ne sais plus quoi faire. Heureusement Jimin prend le relais. Il tient mon visage en coupe et m'embrasse encore. J'aime tellement ça. Puis ma bouche parcourt son visage. Mais elle s'attarde sur sa mâchoire gauche. Là où je l'ai frappé en tout premier. La toute première douleur physique que je lui ai faite subir. Le bleu a disparu mais je n'ai pas oublié. Puis mes lèvres descendent dans son cou. J'embrasse chacune des marques violacées que je lui ai affligées. Elles sont encore bien visibles. Elles sont bien récentes. Je descends le long de son torse, m'arrêtant sur son ventre où un bleu commence à apparaître. Ce n'est pas moi qui l'ai frappé. Mais c'est ma faute s'il était à la gare ce matin.

Je me demande ce qu'il faut je fasse après quand une pensée me traverse. Je me redresse vivement. Jimin me dévisage. Non, tu n'as rien fait de mal...

« Les préservatifs., je chuchote, J'en ai pas.

Jimin rougit.

-Moi oui.

Puis il ressent le besoin de se justifier :

-C'est... C'est en troisième, on a eu une intervention... Et... et il y avait des préservatifs à disposition... Je... Je me suis dit que ça serait mieux que j'en ai sur moi. Du coup... Enfin, je...

-C'est parfait Jimin. Ils sont où ? »

Il me désigne sa table de chevet. Moi j'y cache mon carnet et lui des préservatifs. Chacun son truc. Je souris et il essaye de cacher sa gêne. Il m'embrasse mais quelque chose cloche. Je sais. L'envie. Elle a disparu. L'image de Chung-Su, bien éméché, s'installe dans ma tête. J'essaye de la chasser en me concentrant sur les lèvres de mon partenaire mais c'est un échec. Je me bloque. Les sensations de la nuit me reviennent. Les larmes me montent aux yeux. Mon souffle s'accélère. Je revois son regard d'impatience alors qu'il examinait mon corps tout tremblant. Dans ma tête, il tend la main et j'ai l'impression de la sentir me caressant la peau. Je me recule immédiatement, en soufflant un «Non !» de détresse. J'attrape la main pour l'éloigner de moi. Je... Je crois que je commence à trembler.

Puis une voix, dans laquelle je peux sentir une détresse différente de la mienne, me rappelle à l'ordre :

« Yoongi hyung ?

J'ouvre les yeux. Jimin me dévisage à nouveau. Mais cette fois, ce n'est pas de la surprise que je lis dans ses yeux. C'est de la peur. Je suis allongé à côté de lui.

-Tu...Tu me fais mal., il ajoute »

Je me rends finalement compte que je sers son poignet de toutes mes forces. Je le lâche comme s'il m'avait brûlé. Je l'ai encore blessé. Sans le vouloir. Je n'ai jamais voulu lui faire mal. Mais c'est arrivé encore. Sauf que le pire, c'est que j'ai confondu Jimin,un garçon innocent sur tous les bords, avec Chung-Su, un salaud de première (et encore l'insulte n'est pas assez violente).

Je me recroqueville sur moi-même. J'essaye de me planter les poings dans les yeux pour m'empêcher de pleurer. J'ai envie de m'affliger toutes les tortures du monde. Je me déteste.

Jimin me prend dans ses bras. Je sens la chaleur de son torse nu m'envelopper. Il ne parle pas. Je tente de le repousser mais il tient bon et j'abandonne. Il me berce et me caresse la tête. Finalement, je laisse tomber mes bras et je pleure tout mon soul. Je déverse toutes mes hontes, mes peurs, mes haines, mes souffrances... Le seconde n'ouvre la bouche seulement pour laisser passer des « chut » plus ou moins long afin de me calmer. Je pleure pendant un bon moment avant de m'endormir.

Ma vie est un bordel, [yoonmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant