Chapitre 8 : Souvenirs

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« Je n'ai pas de souvenirs précis d'avant mes cinq ans. Ce dont je me rappelle, c'est que j'étais heureux. Et puis, un jour, tout a basculé. J'étais en cours quand une dame est venue. Elle a d'abord tout expliqué à ma prof. Ensuite ça a été mon tour. Elle m'a appris que ma maison avait brûlé et mes parents avec. Je ne l'ai pas crue. Elle mentait. Comment mes parents pouvait-il mourir ? J'avais cinq ans, j'étais pas prêt. Mais j'ai vu les cendres restantes sur le sol et j'ai réalisé que c'était vrai. La dame m'avait dit que c'était à cause d'une fuite de gaz. Mais ça aussi j'ai cru que c'était faux. Sur le moment, j'avais besoin d'un coupable pour pouvoir me venger.

On m'a envoyé dans un premier orphelinat. Personne ne pouvait m'approcher. Je suis devenu violent. Je ne sais pas si je l'étais avant. Je ne pense pas. Ma maîtresse m'appréciait, il me semble. Je revois son regard de pitié à cause de ce que je suis devenu. Mes camarades ont commencé à me tourner le dos un par un. Maintenant je comprends pourquoi mais à l'époque, ça m'a encore plus enfoncé. Les disputes ont commencé à être de plus en plus nombreuses et violentes. En cinquième, j'ai envoyé un de mes camarades à l'hôpital. Lui et ses potes m'avaient coincé dans les toilettes. Le premier a commencé à insulter mes parents. J'ai vu rouge. Je lui ai foncé dessus. Mais c'était plus pour l'impressionner qu'autre chose. S'il n'avait rien ajouté, je n'aurais rien fait de plus. Mes ses amis étaient là, il ne pouvait pas se défiler. Alors il a continué et j'ai frappé, frappé, frappé jusqu'à qu'un professeur nous sépare. Je ne sais pas ce qu'il a eu, on n'a pas voulu me le dire. Il n'est jamais revenu au collège. En y réfléchissant bien, je l'ai peut-être tué. Mes larmes me brouillaient la vue. Je n'ai vu que du rouge.

Un soir, alors que je rentrais à l'orphelinat, son grand frère m'a suivi. Il n'était tellement pas discret... Je l'ai immédiatement repéré. Mais je n'ai rien dit, je voulais savoir ce qu'il allait faire. Mon orphelinat était un peu éloigné de la ville, alors quand on s'est retrouvé seuls, il m'a arrêté. Il m'a demandé de lui rendre des comptes. Je lui ai craché au visage. Forcément, il est sorti de ses gonds. Il m'a battu de toutes ses forces. Je suis tombé au sol et il a continué. Je n'ai même pas cherché à me défendre ou à me protéger, je voulais mourir, rejoindre mes parents. J'ai vu un voile noir recouvrir mes yeux. J'ai vraiment cru que j'étais mort. Mais je suis réveillé à l'hôpital, et on m'a remis sur pieds.

L'orphelinat a décidé de me faire déménager parce que soi-disant c'était l'environnement qui me rendait violent mais j'ai tout de suite compris que c'était pour me mettre en sécurité. J'ai alors quitté Daegu pour Busan, dans le seul orphelinat qui voulait bien de moi. Et il me détestait tellement au bout de quelques mois, qu'ils ont choisi de me mettre dans un collège avec internat pour ma rentrée en quatrième.

Cette dernière m'a fait du bien. J'y ai vite fait ma loi et me suis mis tous les profs à dos. Mais j'ai eu la bonne idées de laisser tranquilles mes camarades de classes. Alors ils ont fait pareil préférant jeter leur dévolu sur un pauvre mec un peu timide, discret et chétif. Au début je n'ai rien fait. Il ne faisait juste que se moquer de lui. Du moins, c'est ce que je pensais. Un jour, j'étais au toilette et je les ai entendus. Ils riaient. Je suis sorti de ma cabine pour me laver les mains. La victime était là aussi. Ils se sont d'abord moqué de lui, puis comme il répondait pas, ils l'ont insulté. Toujours pas de réponse. Alors ils en sont venu au mains. C'est là que j'ai tiqué. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais je me suis interposé. Alors qu'un d'eux allait le baffer, je me suis mis entre eux. Ils m'ont ordonné de bouger. Ce que je n'ai pas fait. Ils se sont énervé et j'en ai envoyé un valser. Ils ne sont jamais plus jamais venu me parler ou me chercher des noises. La victime, elle, elle m'a collé. Il préférait se prendre mes foudres que celles des autres. Petit à petit, on s'est rapprochés pour devenir amis. Il s'appelait Kim Seokjin mais je l'ai surnommé Jin. J'ai passé mes deux années au collège avec lui. Mes notes ont légèrement remonté, mon comportement s'est amélioré...

Ma vie est un bordel, [yoonmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant