D'un continent à l'autre

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Lorsque j'arrive  dans mon bureau, j'allume mon MacBook et aperçois un mail me disant que j'ai été convoqué chez notre directeur général. Un tas de question me sont alors apparues en une fraction de seconde. Avais-je fais quelque chose de mal ? Allais-je être renvoyé ? Tant de questions auxquelles j'aurais réponse dans ce qui me paru bien trop longtemps mais qui n'était en fait que 5 minutes. En effet, cette rencontre se faisait à 8h05. Or il était 8h.

"J'espère que ça ne durera pas trop longtemps" me dis-je à moi même. "J'ai un boulot monstre à terminer avant mon shopping de cet aprem" je continu dans ma tête.

Cela m'arrivait souvent de commencer un phrase à voix haute pour finir en parlant à qui veut bien l'entendre dans ma tête, surtout lorsque je me parle à moi même ! Mes collègues se moquent de moi quand je fais ça, seulement je ne m'en rend même pas compte !

Enfin bref, je me dirige d'un pas décidé mais avec un peu d'appréhension tout de même. Même  si dans mon souvenir, je n'ai rien fait de mal ces derniers mois, on n'est jamais à l'abri d'un licenciement économique ou d'une délocalisation.

J'arrive devant la porte du bureau du DG (Directeur Général) et je toque. En attendant une réponse je regarde ma montre : "8h05, pile à l'heure" je me félicite. Franck, le DG, m'ouvre la porte brusquement et me serre la main. Il a l'air en colère. Il me fait signe de s'assoir et s'assoit face à moi de l'autre côté de son bureau. Il se masse les tempes comme pour faire passer une horrible migraine.

Je crains le pire. J'allais être renvoyé. Ou pire rétrogradé au rang de simple secrétaire ou assistant. Mais ce n'est pas ça que je veux. Ma vocation, c'est la photographie !

Franck ouvre la bouche quelque secondes avant qu'un son n'en sorte :
"J'ai eu le QG de New York hier soir, me dit-il péniblement.

- Je vais être renvoyé ? je m'empresse  de dire. Mais pourquoi le QG vous aurait il appelé ? J'ai fait une faute grave ? J'ai déclaré un scandale ?"

Je n'arrive plus à réfléchir logiquement. J'invente tous les scénarios possibles et imaginables qui aurait pu être la cause de cette appelle presque improbable. Qu'ai-je donc bien pu faire de si grave pour que NY appelle Paris ? Mon DG repris en m'incitant à me calmer :

"Non, rien de tout cela n'est censé se passer enfin sauf si ....

- Sauf si quoi ? Sauf si j'accepte de devenir assistant ? Sauf si je ridiculise mes talents pour leur simple volonté ? Il n'en est pas question !"

Un de mes défaut est que je pars vite dans les tours. Dès que je stress ou que je suis sous pression, un rien pourrais me faire frapper quelqu'un comme un café renversé sur mon pantalon ou une faute dans mon prénom. Enfin c'est vrai quoi ! C'est pas compliqué à écrire Alex, si ? Enfin bref, j'essaye de reste calme pour ne pas encore plus énerver mon DG.

Il reprend en haussant le ton :

"Rien de tout cela ! Laisse moi finir de te dire ce que j'ai à dire et après tu pourras parler"

Il dit ça d'un ton sec et avec un niveau assez fort pour qu'on puisse nous entendre de l'autre côté de l'open space malgré que le bureau dans lequel nous nous trouvons est le seul fermé de ce dernier. Je me tais alors d'un seul coup et le laisse parler, ne connaissant pas cette facette de Franck, d'ordinaire gentil, amical et patient. Il continu :

"Bon, comme je te le disais j'ai eu NY au téléphone hier soir. Et c'est à ce moment là que tout à dérapé. Ils ont vu et fortement à apprécié ton travail et te veulent là-bas avant trente jours sous peine de licenciement."

Je suis resté bouche bée. Dans ce cas là, cette expression prenait tout son sens. Ma bouche s'est littéralement ouverte en grand comme si on me l'avait anesthésié et que je ne pouvait plus utiliser ma mâchoire. On aurait dit que j'essayais de gober les moches ou d'imiter une baleine. J'étais littéralement scotché ! On me propose un job à NY !! Et si je ne veux pas y aller, je suis viré ! Mais c'est quoi cette technique de poser un ultimatum à ses employés comme ça ? Le DG reprend :

"Je n'approuve absolument pas leur méthode surtout que si tu n'y vas pas, ils m'ont menacé de me virer aussi. Alors sache que je ne te force absolument pas à y aller, et ne t'en fait pas pour nos emplois, les lois françaises nous protège contre ce chantage. C'est ta décision et non pas la mienne. Mais il faut que je t'avoue que le combat contre notre licenciement va être compliqué et long." 

Ma tête se retrouve à Hiroshima le 6 août 1945 pendant son bombardement. Je n'arrivais plus à réfléchir. Trop d'information pour un petit cerveau comme le miens. Si j'étais un ordinateur, l'écran afficherai ERROR et la carte mère brulerais.

J'essaie de me calmer et d'établir un liste des pour et des contres. Pour : Je ne me fais pas licencié ainsi que mon DG, je partirais à New York City, ce qui est quand même la classe et j'aurai un avenir professionnel plus grand que mes espérance en France et un CV bien rempli. Je crois que j'ai fait le tour des Pour, maintenant les Contre :  Je na parle pas bien Anglais, j'ai toute ma famille en France et je devrais totalement changer de vie. 3 contre 3 ... Cette liste ne vas pas beaucoup m'aider à prendre ma décision. Il me faudrait encore quelques jours pour résoudre mon conflit intérieur. Mais c'est bien évidemment sans compter sur Franck qui à ce moment précis me dit qu'ils voulaient la réponse dans une heure.

Plus rien. Dans ma tête tout c'est arrêté. CRITCAL ERROR. Et puis un oui. Un petit oui. Ah moins que ce ne soit un grand oui. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mais qu'il soit petit ou grand, sa signification restait la même. Je partais à NY sous 30 jours. Je n'ai rien préparé. Je n'ai prévenu personne. je ne sais pas ce que je fais. Ce que je ferais. Je ne connais même pas mon emploi là-bas. Je crains avoir fais une grosse bêtise. Mais il est trop tard je l'ai déjà faite.

Mon DG, étonné de ma réponse direct et non réfléchi de part, moi qui met une demi-heure à choisir le meilleur objectif pour un shooting, moi qui suis si perfectionniste, pris la parole :

"Wow ! Je ne m'attendait pas à une réponse si spontané ! Mais si c'est ta volonté. Alors tu pars dans un mois à NY. Comme je sais que tu ne parle pas bien anglais, tu aura des cours particuliers d'anglais jusqu'à ce que tu n'en ai plus besoin. Tu ne travaillerais plus à compter de ce soir et jusqu'à ton arrivé aux Etats-Unis."

Il dit cela d'un ton formel qui n'étais pas le sien. Il n'allait pas bien. Sûrement triste car j'ai répondu positivement à la proposition. En effet, c'est grâce à Franck que je travail chez Guess. Depuis qu'il m'a fait passer mon  entretien, il m'a pris sous son aile et s'est comporté comme un père, me protégeant des conséquences de mes bêtises depuis mes débuts. Il doit sûrement se sentir trahit par ma décision. Il a tant donné pour moi, pour que je parte sans aucune reconnaissance envers lui du jour au lendemain. Je comprendrait si il se mettait en colère mais au lieu de ça, il se renferme et se cache derrière la solennité. J'essaye alors de m'excuser mais je m'enfonce plus qu'autre chose. Je sors alors de son bureau, désolé.  Je rentre chez moi.

1h après cette entrevue remplie d'émotion, un professeur d'anglais sonne à ma porte. S'en suit un mois de cours d'anglais intensif et de préparation pour le grand voyage. Le grand saut comme je l'appel. J'ai connu toutes sortes d'émotion lors de l'annonce de la nouvelle à mes proches, passant de la joie à la tristesse. Mes parents ne voulaient pas que je parte, mais il était trop tard, j'ai déjà pris ma décision.

Jour-J. Enfin le voilà. Le grand jour. J'ai confié mon appartement à ma soeur a qui j'ai demandé de le vendre, ne comptant pas revenir de si tôt des E-U. Arrivé à l'aéroport accompagné de mes parents et de ma soeur, nous finissons tous en larmes. Alors je monte le plus vite dans l'avion pour ne pas aggravé la dureté de cette séparation qui, à chaque secondes de plus passée avec ma famille, s'accentue.

À l'entrée de l'avion, un hôtesse m'indique ma place. La société m'avais payé un siège en première classe, c'était la grande classe. Je rigole tout seul, ce qui me vaut un regard intrigué de l'hôtesse.

L'avion décolle. Je regarde par l'étroit hublot et m'imagine ma famille en train de pleurer du fait des ces séparations difficiles. Même si mes parents m'avaient promis de venir me voir, ces séparations étaient toujours difficile. Mais elles sont aussi souvent signe d'un changement radical de vie. En bien. Enfin j'espère. Dans tout les cas, je ne pu réfléchir à cela durant le trajet car je m'endors au bout d'une demi-heure de vol.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 20, 2018 ⏰

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