Agatha et la mystérieuse affaire de Styles

Prologue

Tout a commencé le jour de la mort du poisson.

Le poisson s'appelait Bubulle et menait une vie extrêmement tranquille. Cela consistait à nager en cercle, à dormir sous son arche en plastique et à faire des bulles quand on lui donnait à manger.

Et un matin... le drame.

Kitty, qui a presque huit ans et qui se comporte comme si elle en avait trois, s'est approchée de l'aquarium.

Il était vide.

Et Bubulle n'y était plus.

Kitty a poussé un cri d'horreur et s'est mise à pleurer. Je vous l'ai déjà dit, Kitty a presque huit ans et se comporte comme si elle en avait trois.

C'est là que j'interviens.

Je suis arrivée en courant, escortée de mon fidèle associé Simon, de Gros Billy et d'Anaëlle, j'ai inspecté la scène du crime, et j'ai dit, d'un ton lugubre :

« Bubulle a disparu. Ou pire. Il est mort. »

Kitty m'a fixée, terrifiée, et Anaëlle l'a prise dans ses bras pour ne pas qu'elle ne recommence à sangloter.

« Ça t'ennuierait d'être moins brusque, Agatha ? »

Je n'ai pas répondu.

J'étais trop occupée à observer les traces d'eau sur le parquet.

L'aquarium avait déversé l'intégralité de son contenu en une grosse flaque plus ou moins asséchée, au milieu du couloir. Il reposait à présent sur la petite commode, bancal. J'ai imaginé qu'il était tombé et qu'on l'avait remis sur la commode à la hâte. Mais qu'en était-il de Bubulle ?

A côté de la grosse flaque, il y en avait d'autres, minuscules, de la taille du poisson. Je me suis représenté un Bubulle frétillant à l'extérieur de son bocal, sautant lamentablement sur le sol dans l'espoir de retrouver un peu d'eau.

Mais ce n'était ni la grosse ni les minuscules flaques qui m'intéressaient.

C'étaient les traces de pas.

Humides et boueuses, elles s'étendaient jusqu'au bout du couloir.

Je me suis penchée pour les examiner.

Et je les ai suivies.

« On peut savoir ce que tu fais ?, a piaillé cette idiote d'Anaëlle.

Je tiens une piste ! »

Elle n'a pas répondu et moi j'ai continué à suivre les traces. Elles s'arrêtaient devant le placard à balais.

D'un geste lent et méthodique, je l'ai ouvert.

Je ne sais pas ce que je m'attendais à trouver, mais j'aurais préféré voir quelque chose d'un peu plus palpitant qu'un balai, un seau, une serpillière et un aspirateur.

J'allais renoncer à élucider l'affaire, lorsque j'ai remarqué que la serpillière pendait mollement en dehors du seau.

Elle était humide. Et dessus, il y avait des empreintes de pieds.

J'ai relevé la tête, très sérieuse, et j'ai regardé l'aspirateur.

Une espèce d'intuition étrange m'a poussée à ouvrir le réservoir. Et au milieu d'une quantité incroyable de poussière, je l'ai trouvé.

Le corps inerte de Bubulle.

Notre poisson était mort mangé par un aspirateur.

Au même moment, un nombre incalculable de choses se sont produites.

Les autres m'ont rejointe, Kitty a fondu en larmes en apercevant Bubulle, Anaëlle a sifflé, Simon a poussé un soupir tragique, Gros Billy a demandé si on pouvait manger la nourriture du poisson et Ethel, la femme de ménage, qui sortait d'on ne savait où, a crié :

« Qu'est-ce que vous faites là ? »

Et les pièces du puzzle se sont assemblées. En nettoyant, Ethel Rogers, dont le nom de famille n'est pas Rogers mais qui présente une indiscutable ressemblance avec Ethel Rogers de Dix petits nègres, avait fait tomber le bocal. Bubulle s'en était échappé, et avait sauté tout droit dans la bouche vorace de l'aspirateur.

Ethel avait ramassé l'aquarium, par la même occasion, piétiné dans l'eau, rangé l'aspirateur, essuyé ses pieds avec la serpillière du placard à balais, et elle était partie en chercher une nouvelle pour éponger, lorsque nous étions arrivés.

Et c'est à l'instant où le scénario a pris forme de ma tête que j'ai su ce que je voulais être.

Reprenons les présentations, donc.

Je m'appelle Agatha et je suis détective privé.

Miss Samovar – qui ressemble à la théière de La Belle et la Bête autant qu'Ethel ressemble à Ethel Rogers – a beau répéter qu'on ne devient pas détective privé à mon âge, je le répète : je suis détective privé.

Déjà trois enquêtes à mon actif : Le meurtre de Bubulle, le vol de la part de gâteau et l'énigme du chat sauvage.

Toutes les trois résolues par Agatha & Sherlock.

Agatha & Sherlock, c'est mon super cabinet de détective privé. Je l'ai créé avec Simon (c'est lui, « Sherlock ») et on s'est autoproclamés police de l'orphelinat.

Bon, en fait, on n'habite pas dans un orphelinat. On habite dans un foyer pour enfants. Je préfère dire « orphelinat », ça fait plus glauque. Et j'aime bien le glauque.

Bref, on habite dans un foyer pour enfants tout neuf, mais ce n'est pas grave. Simon et moi, on s'est dit que quand on seraient plus grands, on refabriqueraient notre cabinet dans un manoir géant gothique avec plein de passages secrets.

J'aime bien Simon parce qu'il est à la fois drôle et intelligent. C'est avec lui que je fais mes meilleures bêtises. Une fois, on a piqué la vieille pipe du grand père de Madame Samovar pour essayer de fumer comme Sherlock Holmes.

On s'est presque étouffés avec, et après on s'est fait punir, sauf que c'était très amusant.

De toute façon, les punitions c'est rigolo aussi. On doit aider Ethel à laver le plancher, mais dès qu'elle a le dos tourné, on fait une bataille d'eau avec les seaux. Parfois je fais exprès d'avoir mal aux yeux à cause de la mousse, Simon baisse la garde, et j'en profite pour gagner. Simon n'est pas très fort en tactique mais c'est mon super copain.

On est associés contre le crime. Pour la vie. Et on ne sépare pas les associés contre le crime.

Du moins, c'est ce que je croyais.

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HEY ! De retour avec une nouvelle histoire qui (comme d'habitude) ne sera pas sérieuse. 

Quelques petites précisions avant de publier les prochains chapitres : je ne me suis pas du tout renseignée sur les One Direction. Ni sur l'adoption, ni sur la vie en foyer pour enfants, etc. Cette fiction n'a pas du tout vocation à être vraisemblable. En fait, je veux juste m'amuser, essayer de voir ce que je peux faire avec un enfant en tant que personnage principal, et voilà. 

J'espère que ça vous plaira ! 

Bisous ♥