Chapitre 3

85 28 20
                                    

Je suis dans le corbillard de Monsieur Styles.

Ça tombe bien, j'ai l'impression d'être morte.

J'ai envie d'être morte.

Ça ne sert à rien de vivre sans Simon.

Plus d'Agatha & Sherlock.

Plus d'associés contre le crime.

Plus de meilleurs amis pour la vie et jusqu'au bout du monde.

Je suis dans le corbillard de Monsieur Styles et je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à Simon et à tous mes copains du foyer. Je ne veux pas m'en aller avec Monsieur Styles et l'homme débile qui m'a attrapée, je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas...

« Agathe, arrête.

- Quoi ?, je rugis, d'un ton aussi agressif que je le peux.

- Tu n'arriveras pas à ouvrir cette portière. Il y a la sécurité enfants.

- Non.

- Si. En plus, on est sur autoroute. Si tu ouvres maintenant, tu risques de mourir.

- Tant mieux.

- Il ne faut pas dire des choses pareilles, Agathe.

- Agatha.

- Sur ton dossier il est noté Agathe.

- Et bien moi je préfère Agatha comme Agatha Christie, voilà. »

Monsieur Styles fait un regard abruti. Je parie qu'il ne sait même pas qui est Agatha Christie.

Ça me donne encore plus envie de me jeter sur l'autoroute.

Je m'acharne sur la poignée de la portière, en vain. Elle ne s'ouvre pas.

Une larme coule sur ma joue. J'en ai marre d'être ici. Je veux rentrer à la maison...

« Agathe... Agatha, je pense qu'il est temps de parler de ce qu'il s'est passé. Si Louis n'avait pas été là, tu...

- Elle m'a arraché les cheveux, ta gosse, gémit Louis.

- Ta gueule. Si Louis n'avait pas été là, tu...

- C'est pas bien de dire Ta gueule. Une gueule c'est pour un animal. Louis a une tête de babouin mais c'est quand même pas un animal. »

Je crois que s'il n'avait pas été retenu par sa ceinture, Louis se serait jeté sur la banquette arrière pour m'étrangler.

Monsieur Styles prend une très longue inspiration, et je le vois serrer si fort le volant que ses jointures deviennent blanches.

Chouette.

Avec un peu de chance, on va faire un accident.

Comme ça, Monsieur Styles décède, cet idiot de Louis décède, et moi je décède aussi.

Ou alors je survis et je rentre au foyer à pied.

« Je te préviens, Agatha. Il y a des règles à la maison.

- Ma maison c'est le foyer.

- Non. A partir de maintenant, ma maison, c'est ta maison. Tu n'as pas le droit de crier. Tu n'as pas le droit de me déranger pendant que je travaille. Tu n'as pas le droit d'essayer de t'enfuir. Tu n'as pas le droit d'insulter Louis ou mes autres amis. Tu n'as pas le droit de taper tes frères et sœurs. Tu n'as pas le droit de...

- Mes frères et sœurs, c'est Anaëlle, Kitty, Gros Billy, Nouveau Bubulle, Sarah, Carl, Lisa, Jérémie...

- Tu n'as pas le droit de parler du foyer, tu n'as pas le droit de râler, tu n'as pas le droit de casser des choses, tu n'as pas le droit de...

- Maxence, Jenny, Paul, Marie...

- Tu n'as pas le droit de ne pas manger, tu n'as pas le droit de trop manger, tu n'as pas le droit de...

- Roxane, Abigail, Flavie, Léo...

- Tu n'as pas le droit d'être méchante, tu n'as pas le droit d'être malpolie, tu n'as pas le droit de faire trop de bruit, tu....

- Simon Simon Simon Simon Simon !, je hurle, parce que je n'ai pas d'autres prénoms en tête.

- Tu n'as pas le droit tu n'as pas le droit tu n'as pas le droit !, hurle Monsieur Styles, parce qu'il n'a pas compris qu'il ne faut pas rentrer dans le jeu d'un enfant.

- Stop ! », hurle Louis parce qu'il en a assez de nous entendre.

Alors on se tait.

« Nan mais, vous êtes malades, hein », ajoute-t-il, comme si c'était utile.

Monsieur Styles ne répond pas et moi non plus, parce qu'entre temps, nous sommes sortis de l'autoroute, et nous sommes en train de nous garer devant une villa super moderne.

Moi, je n'aime pas la modernité.

Je préfère quand il y a des escaliers qui grincent, des murs qui tiennent à peine debout et des araignées. C'est plus drôle.

« Et voilà. »

Il coupe le moteur, se détache, Louis se détache aussi, et ils viennent tous les deux me détacher en me tenant chacun une main parce qu'ils ont peur que je prenne mes jambes à mon cou.

Je décide de lever mes pieds du sol.

Comme ça ils sont obligés de me porter à moitié et de me traîner jusqu'à leur villa super nulle.

Autant les embêter jusqu'au bout.

Je vois qu'ils ne sont pas très contents, mais aucun des deux ne se risque à faire un commentaire.

Et nous franchissons tous les trois la porte de la maison de Monsieur Styles. 

--- 

Heyyyy ! 

Les choses se compliquent pour Agatha, malheureusement adoptée par le méchant Monsieur Styles... J'espère que vous aurez apprécié ce chapitre, bisous et à bientôt pour la suite ! 

Agatha et la mystérieuse affaire de StylesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant