Le voisinage entier se tenait devant ma maison, comme si ce spectacle les émerveillait. Certains venaient me présenter leurs plus sincères condoléances. Hypocrites. Les humains sont hypocrites. Ils ne sont ici que pour assister au malheur des autres, au malheur de ma famille. Ma tragédie les conforte dans l'idée que leurs vies ne sont pas si désastreuses. Ils me regardent attentivement, assise par terre. Je suis le spectacle, ma vie qui s'effondre est le spectacle. Je me lève fébrilement, mes jambes tremblent je manque de m'effondrer. Pourtant je ramasse le peu de forces qu'il me reste pour hurler:
-" CASSEZ-VOUS TOUS ! CASSEZ-VOUS LES SPECTACLE EST FINI ! CASSEZ VOUS Y'A RIEN À VOIR !" Je m'effondre sur le sol, et m'ouvre les genoux sur le gravier. Mes larmes commencent à couler et tombent sur mes cuisses et roulent pour finir leurs descente sur le sol mouillé par la pluie. " BARREZ-VOUS JE VOUS DIS, BARREZ-VOUS" les voisins qui avant me regardaient avec pitié, me regardent maintenant avec dégoût "QUOI JE GÂCHE LE SPECTACLE C'EST ÇA ? JE VOUS AI DIS DE VOUS BARRER" peu à peu les voisins s'éloignent en me lançant un regard dédaigneux.
Peu à peu la rue se vide. Les gens rentrent chez eux. Leurs lumières restent pourtant encore allumées, je sais qu'ils parlent encore de ce qu'il vient de se passer. Je les entend dire d'ici "quelle tragédie...une famille si unie..blah blah". Hypocrites.
Un policier déroule lentement sa bande jaune "scène de crime. Ne pas franchir la limite". Je le regarde qui déroule sa bande, comme si de rien était, comme si il faisait ça tous les jours.-" Le monde est si foutue que ça ?" Je lui demande de ma voix encore rauque.
-" Je vous demande pardon ?"
-" Le monde, vous avez l'air de faire ça tous les jours ?" Ma voix se casse "tout le monde meurt d'une façon ou d'une autre ?"
Le policier me regarde attentivement. Je sais qu'il cherche quoi dire, quelque chose d'utile, qui me réconforterait :-" ça va aller mademoiselle, ne vous en faite pas !" Dit-il doucement avant de s'éloigner.
Ma porte d'entrée s'ouvre d'un coup. Des policiers font glisser des brancards sur le chemin vers la sortie. Deux brancards, avec un drap blanc pour chaque. Un drap blanc recouvert de sang. Lequel est ma mère ? Lequel est mon père ? Aucun, ni l'un ni l'autre, c'est plus que des corps, un crime de plus qui sera oublié par tous. Une détective s'approche d'un des policiers, et lui dit assez bas mais toujours pas assez :
- "qu'est-ce-qu'elle fait encore là ?"
-" personne n'est encore venue la chercher, et elle est encore en état de choque pour témoigner !" Lui répond son collègue.
La détective me fixe, puis s'approche de moi et se met à ma hauteur :
-" Est-ce-qu'il y aurait quelqu'un chez qui tu pourrais te rendre ?"
-" Mon ami.. il était ici.." dis-je en regardant toujours le sol
-" il doit témoigner" me répond la policière " quelqu'un d'autre ?"Je ne répond pas. La vérité c'est que je n'ai personne. J'avais ma famille, mais elle est partie. J'ai quelques amis mais je ne veux pas de leur pitié à deux balles. Je n'ai..plus de famille. Plus rien. Un néant m'entoure. Je suis seule.
-" Elle viendra avec moi !" Je me retourne. Qui est-ce ?
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le pensionnat
ActionCette soirée là, où elle avait trouvé ses parents vidés de leurs sang sur le tapis blanc du séjour, où son grand-frère avait disparu. Cette soirée là où des hommes en costumes noirs l'avaient amené de force dans une voiture. Puis vint ce matin là...