18, Kensington Palace Gardens

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Trois coups de marteau résonnèrent pour imposer le silence dans la salle d'audience. «John Peter Hellward, vous êtes condamné à la pendaison jusqu'à ce que mort s'ensuive.»
John Hellward resta sans réaction. Il avait tué quelqu'un. Du moins c'était la raison pour laquelle il était condamné. «... jusqu'à ce que mort s'ensuive.» Ces mots tournaient dans sa tête, sans qu'il ne sache très bien comment il en était arrivé là. Son esprit s'embrumait, et la sonnerie stridente d'un téléphone sortit du brouillard.

Hellward décrocha. Il était assis à son bureau, chez lui, occupé à signer des documents et à ranger des dossiers.
« Allo?
- John?
- Oui, c'est moi... Qui est à l'appareil?
- Andrew, ton oncle. Il faut que tu me rejoignes au manoir, j'ai à te parler d'une affaire urgente !
La voix de son oncle était pressée, inquiéte.
- Que se passe-t-il ?
- Je ne peux rien te dire au téléphone, je dois te parler de vive voix ! Viens au plus vite !
- Très bien, j'arrive de ce pas... À tout de suite ! »
Et il raccrocha, songeur. Il jeta un coup d'œil à ses dossiers, et soupira avant de se lever, de prendre sa veste et de quitter la maison en prévenant la gouvernante.
« 18, Kensington Palace Gardens ! » lança-t-il au chauffeur en montant à l'arrière d'un taxi. La voiture démarra. Le jeune homme se tourna vers la fenêtre, l'esprit préoccupé par le futur divorce qui allait l'empêcher de voir ses deux enfants plus de deux jours par semaine. Il ne lui restait plus qu'à traiter quelques documents. Heureusement, tout serait bientôt fini, il avait signé ses dispositions testamentaires, et tout irait bien. La voiture s'arrêta devant une grille en fer forgé, derrière laquelle se dressait un grand manoir entouré d'un jardin aux haies bien taillées et parsemé de rosiers anciens. John paya le conducteur et descendit du taxi qui s'éloigna rapidement.
Deux minutes plus tard, l'homme sonnait à la porte du manoir de son oncle. Il entendit des voix résonner dans le hall, des bruits de pas, et enfin la porte s'ouvrit. Le majordome le fit entrer et le débarassa de sa veste avant de le laisser dans l'entrée pour prévenir Lord Hellward de son arrivée. Le jeune homme attendit que le domestique revienne et l'emmène dans le bureau de son oncle.
« Attendez ici un instant, il va vous recevoir. » Le majordome s'éloigna.
John patienta un moment, puis frappa à la porte. Il n'obtint aucune réponse. Il réessaya, en vain. Alors il ouvrit la porte et entra. Stupéfait, il s'immobilisa, le regard perplexe et terrifié. Le corps de Lord Andrew gisait inerte sur le sol, devant la cheminée, sa chemise maculée de sang. Après un moment qui lui sembla interminable, le jeune homme s'agenouilla au chevet de son oncle, sans se rendre vraiment compte de ses gestes, et retira le poignard enfoncé dans sa poitrine, avant de prendre son poignet. Il était mort.

Tout se passa alors très vite. John finit par appeler le majordome, et celui-ci prévint la police qui arriva dix minutes plus tard sur les lieux. Les policiers inspectèrent la pièce jusque dans ses moindres détails, tandis qu'un médecin légiste examinait le corps. La mort datait de moins d'une demi-heure, approximativement au moment où John Peter Hellward été arrivé. Il avait eu assez de temps pour poignarder son oncle avant d'appeler les domestiques, ses empreintes figuraient sur l'arme du crime, et il était le seul et unique héritier de Lord Andrew Hellward. Le seul, affirma l'inspecteur Grayn après une brève enquête, à avoir une raison de le tuer. On l'emmena, il passa devant le tribunal et fut condamné. Il revit ses enfants, Georges et Edith, accompagnés par leur mère, Elisabeth, et par son ami Harry Slowen. Enfin, il rencontra un détective privé à qui sa femme avait fait appel, ne se consolant point et cherchant à contrer le destin fatal de son mari.

Dos au mur, corde au couOù les histoires vivent. Découvrez maintenant