CHAPITRE 1

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Du noir, c'est tout ce que je vois... Du noir. Je cours aussi vite que mes jambes le permette mais je ne vois rien. Je sens la peur qui me tord le ventre et ma tête est sur le point d'exploser. Je ne sais pas où je suis. Je sens quelque chose d'horrible dans l'air. Je veux m'arrêter mais je ne peux pas. Je sens les larmes couler sur mon visage et je cours.

         J'entends quelqu'un qui m'appelle : 

         « SASHA ! SASHA ! AIDE-MOI ! »

Je veux y aller et l'aider mais je ne peux pas. Ces voix me sont familières. Comme si je les avais déjà entendus auparavant. Plus j'avance, plus elles me paraissent lointaines et désespérées...

         A chaque pas que je fais, j'ai l'impression de marcher sur un couteau, je sens la sueur et le sang me couler sur le front et dans le dos. Je me demande vaguement ce qu'il m'est arrivé en passant. Mes jambes lâcheront bientôt si je continue à ce rythme, mais je continue quand même, je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression étrange que quelque chose de mal se passera si je m'arrête...

         Mais malgré tout, soudainement, je m'arrête et me retourne, je dois m'empêcher de crier.

         Je suis face à un vieil homme qui me regarde avec des yeux d'un bleu très clair, presque blanc. Son regard... J'ai du mal à le supporter, on dirait qu'il soutient toutes les peines du monde derrière. Brisé.

         -Sasha, je...

         -Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon nom? Je demande effrayée

         Il me regarde avec tant de désespoir que je peine à soutenir son regard. On dirait que ses jambes vont se briser en un coup de vent, ses cheveux gris sont désordonnés, ses joues creusés par les larmes je suppose et vu son apparence, il doit avoir 85 ans...

-Je... Je...

         -Vous allez bien ?

         -La guerre est proche, très proche, trop proche... Je ne serais pas le seul à en souffrir, à avoir sa vie brisée. Vous êtes notre seul espoir d'avoir un avenir meilleur. Vois-tu, j'arrive à la fin de ma vie, je suis vieux, fatigué, je ne pouvais pas me battre. Ni à l'époque, ni aujourd'hui mais toi, tu es la jeunesse, la fraîcheur et l'énergie. L'allégorie même de l'espelatzin, l'espoir. Tu guideras ce peuple vers leur destin, vers leur futur... Je suis juste un messager, fille de l'espoir, un humble serviteur. La guerre est proche, très proche, trop proche...

         Avec ça, il tourne les talons et marche vers... le vide ?

         Je commence à paniquer, il n'allait tout de même pas me laisser ici quand même, seule, sans personne

         -Vous êtes là ? S'il vous plaît ! Ne me laissez pas ici ! J'appelle sans que personne ne réponde.

*****

         J'ouvris les yeux soudainement en criant, terrifiée. Je pris un moment pour reprendre mon souffle et pour regarder autour de moi et prendre en compte mon entourage comme m'a souvent dit de faire ma mère. Je découvris que j'étais sur mon tapis, j'avais dût tomber de mon lit.

         Ce n'est pas comme si ça ne m'était jamais arrivé, ma mère me raconte souvent des histoires dans laquelle je suis retrouvée à terre le matin. La plupart du temps, quand ça arrive, c'est toujours à cause de la même chose : c'est à cause de cauchemars. J'ai le même chaque nuit depuis près d'un an à peu près, à chaque fois, je cours dans le noir, une voix qui m'appelle à l'aide, puis, je m'arrête, me retourne et vois un grand-père qui me parle sans que je puisse me rappeler de ce qu'il a dit au matin. J'entends juste le surnom qu'il me donne : « Fille de l'espoir ». Et même si ça n'a aucun sens, c'est de plus en plus clair à chaque fois qu'il me fait sa tirade mais pas assez pour que je puisse m'en rappeler. Un an que je fais ce cauchemar, un an que je ne comprends pas sa signification.

Espelatzin GlauWhere stories live. Discover now