La prison

17 0 0
                                    

Larissa fut d'abord réveillée par l'odeur autour d'elle. Ça sentait la transpiration, la défection et le sang. Puis un cri quelle crut venu des tréfonds de l'enfer la mit entièrement en alerte. Elle était dans une cellule de prison, où elle avait dormi à même un sol dur et froid, pourtant malgré quelques courbatures elle était en pleine forme, les somnifères ayant joué un rôle important dans sa régénération. Mais quand bien même Larissa était heureuse d'avoir pu bien dormir, elle l'était bien moins d'être en cage, il lui fallait parler à un garde pour qu'il comprenne que tout cela n'était qu'une méprise et quelle n'avait rien à faire ici ! C'est alors qu'une ombre apparue sur le mur en face de sa cellule. N'ayant rien à perdre peu importait qui cétait. Elle tenta d'attirer son attention.

L'homme qui lui apparut n'était pas un garde, mais un prisonnier essayant de sévader ! Larissa l'interpella, le fuyard tourna la tête, fit « hein ? » puis des pas et des cris retentir. Les gardes avaient entendu l'appel et fonçaient droit sur lui. Le lâche couru à toute jambes mais on ne mangeait visiblement pas très bien en prison, il ne tenait pas la forme. Les gardes se jetèrent sur lui, lui donnèrent quelques coups gratuits puis le trainèrent dans un couloir glauque (mieux vaut ne pas savoir où ils l'ont emmené). Deux des gardes revinrent sur leur pas, et s'arrêtèrent devant la cellule de Larissa. Celle-ci qui avait regardé toute la scène eu un mouvement de recul. « C'est toi qui a appelé ? » questionna l'un des deux lourdauds en soulevant un sourcil. Machinalement elle répondit par l'affirmative. Ils se regardèrent un instant puis tandis que l'un sortit un trousseau de clé, le second déclara « vu que tu as en quelques sorte donné l'alerte, on va t'emmener voir le chef de la prison ». Ils ouvrirent la grille en grand, Larissa fit un pas en dehors de sa cellule qu'ils refermèrent avant de la saisir par les bras et l'embarquer. Tandis qu'ils marchaient, Larissa vit de grands couloirs, dont un qui semblaient mener vers l'extérieur, c'était sûrement celui que le fuyard tentait d'atteindre, il avait presque réussi à s'évader. « Si je ne l'avais pas interpellé, il serait probablement libre en ce moment. » songea-t-elle. Et elle se surpris à imaginer un subterfuge lui permettant de fausser compagnie à ces deux messieurs pour atteindre la sortie. Cela ne lui semblait pas infaisable. Mais les gardes avaient dit qu'ils l'emmenaient voir le chef, et avec de la chance peut-être que celui-ci accepterait de discuter ? Elle contempla la sortie en trainant des pieds, mais se laissa guider à travers le dédale de couloirs.

Les gardes frappèrent à la porte de leur supérieur avant d'y pénétrer. Ils lâchèrent les bras de la jeune femme et refermèrent la porte derrière elle. Elle s'avança d'un pas, bien décidée à mettre cette histoire au clair.

" - Monsieur je- Commença-t-elle.

Le chef leva une main pour la couper. Il ne la regardait pas, concentré qu'il était à griffonner sur sa paperasse tout un tas de choses sûrement très importante mais sans importance pour Larissa. Elle bouillonnait de lui renverser son bureau dessus, tant elle avait horreur qu'on la coupe dans son élan. Larissa avait toujours été une fonceuse, et elle allait toujours au bout des choses quelle commençait, souvent sans vraiment réfléchir avant, certes, mais tout de même. Lorsqu'enfin il termina sa ligne, il leva des yeux interrogateurs vers un garde qui s'avança et lui expliqua la situation.

- Monsieur, ce matin un prisonnier s'est échappé de sa cellule dans le couloir des condamnés à mort. Nous avions perdu sa trace jusquà ce que cette barbare ne nous alerte. Grace à elle, l'homme a été arrêté sur le champ et ramené à sa cellule.

- Un barbare se préoccupant de ce que font les autres ? Il souleva un sourcil inquisiteur à l'égard de Larissa. Voilà un comportement insoupçonné, mais cela mérite-t-il vraiment de venir me voir ?

- C'est que je ne- tenta désespérément la demoiselle. Mais le chef la coupa encore.

- C'est que vous quoi ? Vous navez pas la parole, barbare. Il la scruta de haut en bas puis fronça les sourcils. Si tenté que vous en soyez une ? Malgré votre tenue, je vous trouve bien propre sur vous, et assez dépourvu de muscle.

Larissa se senti revivre.

- C'est c'que j'me tue à vous expliquer ! J'suis pas une barbare, tout ceci nest qu'un énorme malentendu !

- Un malentendu dites-vous ? Questionna-t-il avec de grands yeux curieux.

- Monsieur, savança un garde, elle fait partie du groupe de barbare que nous avons arrêté hier soir. Nous avons arrêté tous les barbares qui se trouvaient là sans interrogatoire.

Larissa songea que les gardes ici n'étaient très compétents, les villageois alentours avaient bien du souci à se faire.

He bien, voilà une histoire que je serais curieux de vous entendre me raconter mademoiselle. Si vous êtes assez crédible, je promets de vous laisser rentrer chez vous.

La jeune femme s'exécuta, bien quelle nait plus de chez-elle où rentrer depuis que les barbares avaient réduit son village en cendre. Après quelques minutes dexplications peut-être un peu trop détaillées, le chef la regardait septique. Tout cela lui paraissait un peu gros, et le raisonnement de la demoiselle face à certaines situations lui sembla un peu étrange et peut-être même limite condamnable, mais c'était crédible. Un sou étant un sou, il décida de la laisser partir. « Et nous vous remettrons des vêtements propres, maintenant sortez !» avait-il déclaré, il se massa la tempe, prit dun sérieux mal de crâne.

En sortant de la prison, Larissa portait une blouse pas tout à fait blanche qu'elle avait rentrée dans une jupe de toile bleu délavé qui lui tombait jusquaux chevilles. Elle avait gardé aux pieds les bottes de cuir de barbare qui en plus d'être bien pratique pour traverser la forêt, étaient plutôt esthétique, elle devait le reconnaitre, certains barbares avaient du goût.

Larissa ignorait où aller. Elle pensait rentrer à son village et aider les habitants qui restaient à tout reconstruire, mais elle ne s'était encore jamais rendue si loin de chez elle, elle ne s'était même jamais rendue plus loin que l'orée du bois qui borde son village. Elle savait la forêt immense et dense, et elle était en plein dedans. Un sentier semblait toutefois se découvrir à sa droite, des traces de sabots étaient marquées dans la boue, dans un sens d'allée et de venue, elle en conclu que les soldats passaient régulièrement par là pour boucler leurs prisonniers. Elle s'y engagea. Elle arriverait forcement quelques part.

Après quelques instants de marche seulement, Larissa regarda derrière elle, au loin, elle vit la prison se faire attaquer par des barbares. Une chance quelle se trouvât à présent suffisamment éloigné de la scène, « c'est la saison » se dit-elle avant de sen retourner vers la forêt. Mais alors qu'elle tourne les talons, se dresse à présent devant elle un cavalier vêtu de noir. « J'ai la berlue ! Ce type n'était pas là avant n'est-ce pas ? Il est arrivé quand ? » Larissa n'y compris rien. Elle le regarda agar pendant plusieurs secondes. Il était vêtu d'une tunique en lin qu'il portait sous un grand manteau noir dont la capuche rabattue cachait son visage. Son pantalon de toile était maintenu aux chevilles par des arrachés de tissus et tombait sur des chaussures en cuir dont le laçage était sur le côté intérieur. Un plastron d'armure et des poignets de cuir serrait sur son manteau, et un cache-nez entourait son cou.

Après une bonne minute de silence fort embarrassant, le cavalier s'approcha de Larissa qui ne put que rester planter là.

"- Monte. Lui-dit-il.

Non mais pour qui se prenait-il ? Larissa était désespérée mais pas au point de suivre un inconnu extrêmement douteux sortit dabsolument, résolument et définitivement nulle part !

- Monte. Renouvela-t-il. Tu es perdue.

- Je n'suis pas perdue. Menti-t-elle.

- Le chemin sur lequel tu te rends mène à un camp barbare, je doute que tu veuille vraiment t'y aventurer.

- Qui vous dit dabord ?

Mais Larissa se mit à douter. Elle avait trahi des barbares et cela s'était mal fini. De plus, son attirail volé était resté à la prison, elle ne pourrait plus se faire passer pour l'une des leurs. Et si elle tombait encore sur l'un d'eux ? Il était de bon ton d'être accompagnée par un homme de son gabarit. Et puis ses parents ne lui avaient jamais dit de ne pas suivre les inconnus louches qui popent de nimporte où.

- Ça va, me r'gardez pas comme ça, je monte.

Et c'est ce qu'elle fit. Puis comme pour se justifier elle ajouta :

- ...C'est mieux quà pied."

Les tribulations de LarissaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant