Il était une fois, dans un monde loin, très loin du notre, une petite fille. Elle vivait seule, dans une ruelle sombre, où peu de gens passaient. Sa maison se trouvait au fond de la ruelle, elle était la seule à y vivre.
Elle avait toujours le sourire, et elle avait toujours les mêmes journées. Elle se levait tôt, se coiffait, s'habillait, et prenait sa petite aiguille. Ensuite, elle sortait de son cabanon et se postait à l'entrée de l'impasse. Là, elle attendait que les passants la remarquent. Ce n'était pas le cas de tous. Seuls ceux qui en avait réellement besoin la voyaient et s'arrêtaient. Ils avaient tous la même requête.
Aide-moi, toi qui répare les cœurs.
Alors la petite souriait, et tendait la main.
Je vais m'occuper de vous. Donnez-moi ce qui vous cause tant de peine, je vous aiderai sans compter.
Les gens, rassurés, lui tendaient avec soulagement leur cœur, qui les faisait tant souffrir. Ils repartaient, temporairement vides de ce nœud d'émotion. Le fillette, elle, recueillait le cœur, qu'il soit brisé, ébréché, coupé, serré, ou fêlé, ou encore tombé en miette. Elle serrait son aiguille dans son petit poing, et d'un mouvement fluide du pouce et de l'index, sortait quelque chose de sa poitrine, comme on sortait un oiseau d'une cage. C'était du fil rouge, très fin, très souple. Elle le passait silencieusement dans le chas de l'aiguille. Sans perdre son sourire, elle caressait le cœur qu'on lui avait confié avec tant de confiance, et commençait à faire son travail.
Elle rassemblait lentement, doucement, avec délicatesse les morceaux, les liant avec son fil écarlate. Parfois, il y avait un bout récalcitrant, qui ne voulait pas rejoindre les autres. Retenant ses larmes, elle tirait alors plus fort, ajoutant autant de fil qu'il était nécessaire. Elle murmurait des excuses à l'organe qu'elle réparait, sans cesse tandis qu'elle assurait ses points de couture.
Parfois, alors qu'elle finissait, elle se rendait compte qu'il manquait un bout de cœur. Avec tristesse, elle songeait alors au propriétaire qui avait dû le perdre, l'oublier, ou le jeter. Elle posait alors sa main sur la sa cage, contre sa poitrine. Le fil qui sortait s'épaississait, devenait un petit objet qui s'adaptait à celui qu'elle réparait.
Lorsqu'elle avait fini un ouvrage, elle souriait, posait son aiguille, et regardait le cœur à bout de bras. Il se mettait alors à briller, puis disparaissait, s'évaporant en dizaines de petits éclats qui illuminaient la pièce. Le cœur retournait à son propriétaire, et la petite fille retournait à son poste. Elle attendait encore, jusqu'à ce qu'une autre personne s'arrête.
La petite fille ne grandissait pas, ne faiblissait pas. Toujours elle mettait son cœur et son sourire à l'ouvrage, heureuse du bonheur des hommes et femmes qui lui confiaient leurs sentiments blessés.
Mais le fil qu'elle tirait d'elle, les morceaux qu'elle utilisait pour panser les cœurs brisés, tout cela provenait de son cœur à elle. Sans compter, elle donnait. Son sourire, jamais ne disparaissait. Elle avait toujours tout donné pour les autres, cela la rendait heureuse, pensait-elle. Et elle souriait.
VOUS LISEZ
Broken Heart
Short StoryIl était une fois une petite fille qui réparait les cœurs... - Une nouvelle, plutôt un conte, différent de ce que je fais d'ordinaire. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, j'espère que vous en aurez autant à lire ! - Partie 1 : "Aide-moi...