The Summer I Met You [Sous contrat d'édition]

Chapitre 3

— Mais bon Dieu, à quoi tu pensais ?!

Damien est furieux, mais ce n'est pas le premier. Ma mère, puis mon père m'ont déjà fait savoir exactement ce qu'ils pensent de ma décision. Cela comprenait des mots plus colorés que leur vocabulaire habituel. Et quelques blasphèmes aussi.

Sauf que, pour une fois, je n'ai pas enchéri. J'ai laissé la tempête me passer dessus et la pluie de mots tous plus méchants les uns que les autres s'abattre sur moi sans bouger. Les choses que j'avais à dire n'auraient en rien enrichi le débat. Depuis ma conversation avec Judie, il y a un endroit dans mon cœur qui s'est apaisé. Je ne savais même pas que j'avais ce tumulte en moi. J'ai seulement laissé le calme prendre le dessus, convaincue au plus profond de mon être que mon oui spontané était, est, juste.

Je n'ai aucune idée des détails et de la manière dont les choses vont se dérouler, mais cela n'a pas d'importance. Judie a promis qu'elle s'occuperait de tout avec moi et je la crois. Quant à mes parents, ils font confiance à Damien pour me ramener à la raison.

Il se passe la main dans les cheveux, ne faisant que les désordonner davantage. Je sens un nœud de désir se former dans mon bas-ventre. J'aimerais marcher droit sur lui et passer moi-même les doigts entre ses mèches. Ses sourcils sont froncés, lui donnent un air de mauvais garçon qui affole mes sens.

— N'en fais pas toute une montagne : c'est juste pour environ un mois et demi, je réplique en roulant des yeux.

— Tu dis ça comme si ce n'était pas grand-chose.

— Ce n'est pas grand-chose.

— Qu'est-ce que tu attends de moi, Juliette ? m'interroge Damien en soutenant mon regard.

— Rien, je réponds. Comme je suis presque ton épouse, maman et papa ont décrété que le dernier mot te reviendrait.

Mon fiancé se remet à arpenter ma chambre, les mains croisées au sommet de son crâne.

— Pourquoi ?

— Pourquoi quoi ?

— Pourquoi tu as dit oui ? Qu'est-ce qui peut bien t'attirer dans l'idée de retaper une vieille barraque et nourrir trois poules ?

Ses mots me heurtent comme un ballon dans l'estomac. Je sens aussi mon sang ne faire qu'un tour.

— Oh et tu peux m'expliquer ce qu'il y a d'attirant dans le fait d'emballer des chocolats toute la journée ?

Damien me lance un regard noir. Il n'aime pas mon ton, mais je m'en fiche : je suis à deux doigt de carrément l'envoyer chier.

— Tu aimes ce que tu fais à la boutique de tes parents.

Ça c'était avant qu'on me fasse miroiter l'idée de séjourner en Angleterre.

Je masse mes paupières closes du pouce et de l'index.

— Tu sais quoi, Damien ? Je n'ai pas besoin de ta bénédiction. Je suis majeure : si je veux quitter le pays, personne ne va me retenir à la frontière.

— Tu es sûre que c'est de cette façon que tu veux commencer notre mariage ? Sur des menaces ?

— Parce que tu crois que ta façon de me dissuader n'est pas une forme de menace ?

Damien me rejoint pour prendre mes mains dans les siennes. Il est un peu plus grand que moi, doit baisser les yeux pour rencontrer les miens.

— C'est ce que tu penses ? Que je te garde ici contre ton gré ?

— On est tout sauf en train d'avoir une discussion. Tu cherches à me convaincre de changer d'avis : c'est déjà une conversation à un sens unique.