Le Lionne Et Le Lion

600 21 12
                                    

Le jour se levait doucement sur Port Réal et Jaime lannister alias le régicide émergeait lentement de son sommeil. Il entrouvrit les yeux et aperçut un soleil radieux baignant sa chambre de lumières orangées. Il s'assit sur son lit et contempla l'épée à la tête de loup et aux yeux rouges des Stark, une brume s'empara alors brusquement de lui, une tonne de sentiments ressurgissaient de l'ombre. Les souvenirs de ces derniers mois, son bras coupé, l'ours, les brigands, la crasse, la faim, la honte réapparaissaient. Mais par dessus tout un visage revenait à sa mémoire, celui de Brienne de Tarth, cette gueuse répugnante (il essayait de s'en convaincre) que disait il ? Cette femme si étonnante, cette chevalière loyale, cette dame au coeur d'or et à la pureté d'un diamant. Elle l'avait supporté, sauvé, aidé. Ils étaient devenus des amis fidèles. Mais aujourd'hui était le jour de se dire en revoir. Brienne repartait à la recherche d'Arya Stark. Et lui devait la laisser continuer seule. C'était comme ça. Et pourtant ce n'était pas si facile, vraiment pas facile. Il sortit doucement de sa torpeur et prit un bain.

Un peu plus tard dans la journée, il demanda à Brienne de venir dans ses quartiers avant de partir. Elle était vêtue de sa tenue habituelle, quoique qu'elle ne possédait plus d'armure depuis le combat avec l'ours. Jaime la contempla, il la trouvait changée, elle était reposée et rayonnante. Il l'intima de s'asseoir mais par respect elle resta debout, droite comme un piqué. Jaime réfléchit longuement à ce qu'il allait dire puis ne trouvant pas , il tendit l'épée de Ned Stark à Brienne de sa main valide. La dame contempla la lame longuement puis la prit du bout des doigts, elle était fascinée.

"Prenez la !" dit Jaime

"Je ne peux pas elle est à vous." s'excusa Brienne

"Elle est à vous, elle vous a toujours appartenue"

Brienne , très touchée accepta le cadeau d'un hochement de tête.

"J'ai un autre cadeau pour vous Brienne"

II lui montra une armure flambant neuve.

"Si vous voulez un jour devenir chevalière et capitaine des gardes à Port Réal vous serez la bienvenue"

"J'en serais honorée mais ne peux pas ser Jaime, je dois trouver Arya pour Lady Catelyn et pour... vous"

Brienne détournait les yeux et Jaime eut le souffle coupé, il avait les larmes aux yeux.
Plus tard dans la matinée, lorsque l'aube dorée se fut éclipsée, il y eut les adieux.

"Alors comment allez vous appeler votre épée ?"demanda Jaime

"Oathkeeper'' répondit Brienne avec une pâle lueur de sourire qui s' etirait sur ses joues.

Jaime sourit et acquiesça d'un hochement de tête

"Au revoir Brienne"

Brienne le regarda les larmes aux yeux. Elle détourna la tête précipitamment et monta sur son cheval.

Il partait déjà vers l'horizon, ses sabots s'éloignaient peu à peu du chevalier, jaime hésita à suivre la chevalière. Ne pouvant plus supporter cette vue  plus longtemps il se précipita vers elle, il courrut à perdre haleine comme si sa vie en dépendait, il s'arrêta net devant l'imposant cheval brun. Brienne surprise, tourna la tête vers l'homme.

"Attendez ma dame, attendez!"

Elle arrêta son cheval et le regarda longuement.

"Qu'y a t'il Ser Jaime ?

"Pouvez vous descendre Dame Brienne, j'ai à vous parler, en privé" dit il en regardant l'écuyer.

"Pas trop longtemps" s'exclama Brienne

Jaime l'entraîna dans le bois longeant la route.

"Où allez vous ser Jaime? "

"Suivez moi sans parler !"

La femme chevalier le regarda bizarrement mais elle ne répliqua pas.

Il l'emmena jusqu'à une clairière près d'un ruisseau. Il se retourna, elle avait une expression de totale incrédulité sur le visage. Il s'approcha doucement d'elle, ses yeux étaient d'un bleu flamboyant. Il posa ses lèvres sur les siennes. La dame restait de marbre dans son armure. Il retira ses lèvres.

Il bafouilla des excuses incompréhensible et s'en alla en courant. Brienne accourut vers lui le força à se retourner et l'embrassa, d'un baiser fougueux mais doux. Ils scellaient leur amour. La femme chevalier et le régicide. La Lionne et le lion. Cersei les avaient suivis en cachette et lorsqu'elle vit son frère embrasser cette immondice son sang ne fit qu'un tour. Elle appela la montagne et tous deux accoururent vers nos deux héros.

Cersei possédait en ce moment une moue de pure haine envers son frère et cette chose. La montagne la suivait docilement comme à son habitude, prêt à défendre et attaquer aux bons vouloir de la reine. Ils arrivèrent très rapidement dans la clairière. Jaime embrassait brienne fougueusement et elle lui rendait son baiser comme si sa vie de chevalière en dépendait. Ils s'aperçurent avec une tête effarée que la vipère et la montagne se trouvait devant eux. Brienne se détacha brusquement de Jaime, les joues totalement cramoisies. Elle s'était néanmoins placée devant le lion pour le protéger de sa vie au cas où un assaut violent surviendrait. Cersei les regardait dégoutée par ce spectacle, jalouse de la chevalière qui avait prit le cœur de son jumeau. Et furieuse de voir son frère se comporter de la sorte pour une femme qui n'avait rien qui pouvait les intéresser, rien qui pouvait l'aider dans son pouvoir. Il ne l'aimait pas par intérêt et cela elle ne pouvait l'accepter. Cersei se redressa, une moue mi écœuré mi narquoise sur le visage : <Tu es tombé bien bas mon frère, s'amouracher d'une gueuse de la sorte et laide qui plus est. Tu es un lannister par un vulgaire seigneur d'une contrée méconnue. Elle ne t'apporte rien. Elle ressemble plus à un rocher qu'à une femme. En l'embrassant tu as trahi ta maison, tu m'as trahi. Je ne te mérite pas, régicide et pour te punir, demain, cette femme devra combattre la montagne à main nu dans l'arène publique. Sans aide bien entendu. Tu pourras la regarder des cachots mon très cher frère.> Elle souriait à pleines dents comme un requin s'apprêtant à dévorer les malheureux marins échoués en mer. Jaime s'avança armé de haine et de colère vers sa sœur: < Tu n'en as aucun droit, elle n'a commis aucun crime ! J'en parlerai à la main du roi ! J'irai quérir les mestres, le peuple ! Le monde se retournera contre toi ! >

Cersei lui sourit encore plus machiavéliquement: < Mais mon frère je suis le pouvoir, je suis le peuple, je suis ta reine et tu as le devoir d'obéissance. > Jaime s'apprêtait à répliquer quand la reine fit un signe de tête à la montagne qui prit violemment brienne par les poignées. Elle se débattit mais rien n'y fit. <Je peux mourir mais vous ne m'atteindrait jamais vil serpent !> Cersei sourit, enchaîna son frère, le jeta dans un cachot, laissant un jaime seul et désemparé. Demain le combat serait prononcé et la dernière heure de la lionne sonnerait. Jaime passa une main lasse sur son visage, il était dévasté, il haïssait sa sœur, il haïssait sa famille, il haïssait ce château. Il allait défier sa sœur, coûte que coûte, défier les règles des lannister et sauver sa chevalière quitte à en mourir.

La lionne et le lion contre le serpent et la montagne. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant