Voile de minuit

46 3 0
                                    

Je rentrais dans l'objet volant, croisant par çi, par là les mots des occupants. Ils portaient des casques, des lunettes, et certains des vestes affreuses aux couleurs fades.

Ils me regardent tous depuis mon entrée. Leurs pupilles gonflées derrières leurs écrans, faisant défiler les photos, les posts et les vidéos. L'odeur âcre des mégots sur le sol, rappelait au fond de mon palais une douce odeur de caramel.

Le matin on se réveille tous, comme si on ne savait pas où l'on était. La tête enfarinée, les yeux platrés par les larmes déversées la veille.

Mes pensées étaient emprisonnées dans ma tête, elles se répétaient sans cesse, comme des échos. Cela devenait insoutenable à un tel point que je du m'asseoir pour pouvoir calmer mes esprits.

J'espérais échapper au coup de poignard de la vie, rester ici le plus longtemps possible. Regarder toujours les arbres pousser et se faire prendre par le pied. On rêve de réinventer la vie.

Le paysage défile comme une bande magnétique dans un magnétoscope des années 70. L'anachronisme règne toujours dans ce lieu aux sombres nuages. Les rayons de soleil tentent, en vain, de s'échapper du royaume des morts.

Tout redevenait à peu près normal lorsque les portes s'ouvrirent pour laisser passer les poussettes, les fauteuils à roues et les pieds. L'air était alors renouvelé, certains sortaient, certains rentraient.

L'arrêt était arrivé, je sortais, marchais lentement au rythmes des chansons douces qui sortaient de mes écouteurs depuis plus de deux heures.

Je regardais, tantôt le paysage, tantôt mes pieds essayant de réfléchir à la personne que je voulais être. Je pense que je cherchais loin, je voulais surement être une personne simple, passe-partout.

Je veux être la personne qui sort le soir, qui boit, qui fume, qui pense plus à sa journée, qui se couche nu la fenêtre ouverte.

Le temps défile, je rentrais dans la cabine vitrée, frottant frénétiquement chaque recoin de mon corps, chantant à tout va les mélodies que j'ai pu entendre tout au long de ma journée.

Ainsi je pu m'assoir au coin de mon lit à écouter les vieilles cassettes de mes aïeux. Me couchant sur le dos, portant mon bras droit sur mes yeux je faisais défiler dans mon esprit les visages des passants, leurs yeux, leur couleur, la longueur de leurs cheveux. Plus rien ne m'étais familier.

Mes capacités tactiles simulaient dès lors, la température idéale du corps dans  l'espace confiné, la sensantion tactile lorsque que je m'accroche aux rambardes, le sentiment de chute lorsque le conducteur arrêtait le véhicule brusquement et que les passagers se retrouvaient entassés au fond de celui-ci.

Aussi, mon odorat se mit à se réveiller brusquement, tentant de me m'amadouer en revivant l'odeur du miel alors que tout la scène qui se déroulait dans mon esprit.

L'incompréhension régnais dans mon esprit, un guerre sans merci se déclara lorsque le flashback me montra un visage familier. Mes sens en exhaltation se montraient incontrôlables.

Alors, les paupières lourdes, je me laissais tomber dans ce torrent qui affluait en direction de mes songes. Mes mains se virent tomber l'une l'autre sur les draps crèmes. Le temps ralentissait à la vitesse de mes mouvements.

Tout devenait rapidement noir, un noir profond, un noir infini que même mes yeux ne pouvaient sonder. Aucune lumière ne pouvait appaiser ce vide.

Une douce mélodie venait m'accompagner dans cette descente infernale.

Pensées Passagère[En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant