Chapitre 3 - C

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J'ai surement dû rater un épisode, voire une saison. Pour qui est-ce que ce mec se prend ? Il débarque sur la plage, complètement torché et trouve peut-être bénéfique d'imposer sa loi à qui ne se plie pas à ses envies. Je suis désolée pour lui qu'il le constate, mais toute la gente féminine de Los Angeles n'est pas à ses pieds. Ses parents ont dû oublier de lui inculquer la notion de respect. Mais vu comment il se comporte, je doute même qu'il ait une vraie famille.

- Tu comptes faire quoi? Tu ne tiens même plus debout.

- Je tiens debout. Alors ferme là. Retourne à ta vie ennuyeuse de petite sainte.

Plus le temps passe, plus il arrive à me surprendre tant il est arrogant. Ça ne devrait pas être possible. Je prends sur moi pour ne pas montrer qu'il m'énerve, ça serait lui faire bien trop plaisir. Mais il met hors de moi et lui mettre une droite dont il se souviendra toute sa vie, bourré ou non, pourrait un temps soit peu me détendre. Il est arrogant, hautain et condescendant. Ce genre d'attitude me révolte. Je me demande si ce garçon compte au moins une qualité dans ce tas de défauts.

A cette heure-là, je doute que Macha sache dans quel état se trouve son petit ami. En fait je ne sais pas vraiment si ce garçon est son petit ami ou son plan cul. Macha est plutôt une fille posée et si elle le voyait dans cet état, elle l'éviterait directement, j'en suis persuadée. C'est son style aussi, de faire la fête mais pas de finir dans un état proche de l'inconscience.

Ses yeux me fixent intensément. Son seul regard me fait perdre tous mes moyens. Énervée, je me relève et commence à partir lorsque je sens une main froide attraper maladroitement mon poignet.

- On se reverra, Cassiopée.

- Essaye de décuver et après on verra si sobre, tu arrives à dire des choses décentes.

- Je sais toujours retrouver quelqu'un. Tu verras. Je serai là. Partout autour de toi. Uniquement pour te pourrir la vie, quand tu ne t'y attendras pas. Tic, tac. Tic, tac. J'arrive.

Tandis qu'il explose de rire sur le sable humide, je m'empresse de regagner la place. Le petit restaurant de fruits de mer à quelques mètres de la boutique est plein à craquer. La musique à fond fait trembler les murs et les gens qui se déhanchent font vibrer la piste de danse. Un étal de cartes postales fait face à l'océan. Sur celui-ci les images presque idéalisées de la côte Pacifique feraient rêver n'importe qui, y compris moi. Je les observe attentivement quand un bruit que je reconnaîtrai entre mille me fait tourner la tête. Le rire de ma mère, protégée par les bras de mon père, résonne à travers l'atmosphère lourde et pesante du mois de mars. Quand elle me voit, son sourire retombe d'un coup. Elle s'approche de moi, doucement, comme si elle avait peur que je la rejette. Je n'ai pas envie qu'elle croit que je lui en veux. Ce n'est pas après elle que j'en ai. Ce n'est pas sa faute si tante Laureline a choisi de mourir en fumant trois paquets de clopes par jour. Mes parents n'ont rien à voir là-dedans et il est hors de question que je les accable inutilement. Je m'en veux de les avoir ignorés mais j'étais trop sous le choc pour pouvoir accepter d'aller vers qui que ce soit. Ils en ont fait les frais, sans que je ne m'en rende compte.

Elle continue de m'approcher, tremblante, et avant qu'elle ne dise un seul mot, je la prends dans ses bras. Rien ni personne ne peut égaler une mère. J'en ai conscience même s'il m'arrive de l'oublier de temps à autres. Ses bras se resserrent autour de moi comme si j'étais une poupée fragile qu'il ne fallait pas casser.

- Je t'aime ma puce. Tu le sais ?

Je hoche la tête. J'en suis persuadée.

- Dis-moi que tu le sais.

- Je le sais maman. Désolée d'avoir réagi comme ça hier. Vous n'y êtes pour rien.

En quelques grandes enjambées, mon père se retrouve à côté de nous. Il se tord les doigts, sous tension, comme pour évacuer son stress naissant.

Love Under The SunsetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant