Chapitre 1

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Allez, tu peux le faire.
Un œil. J'ai ouvert un œil.
Encore un effort bordel !

La lumière blanche m'aveugle. Je ne distingue rien, seulement des ombres. Légères, elles bougent lentement. J'ai l'impression de ne pas avoir utilisé mes yeux depuis une éternité.

Le temps d'adaptation est long mais secondes après secondes, j'arrive enfin à percevoir ce qui m'entoure. Un masque est relié de ma bouche à un tube en aluminium. Je suis enveloppé d'une vitre. J'aimerai pouvoir la toucher, la pousser pour sortir, mais je ne peux pas. J'ai beau user de toutes mes forces, je n'arive même pas à bouger le petit doigt. Mes cheveux bruns me chatouillent le visage et je ne peut pas les repousser. C'est très frustrant, croyez moi.

Derrière la paroi, tout semble stérile. Une sorte de comptoir en alu vide est la seule chose qui meuble la pièce. Le carrelage blanc intercalé avec du gris est disposé sur toute la salle, y compris au plafond. Tout est froid. Et malgré que des néons bleutés soient allumés, tout semble éteint.

Je ne peux pas voir ce qu'il y a à ma gauche et ma droite. Si seulement j'arrivais à bouger ma tête ! Mais ma nuque refuse d'obéir. On dirait que rien ne marche.

Plus les minutes passent, plus je ressens des choses. Je veux dire que je commence serieusement à avoir des frissons qui me traversent l'échine et que mon ventre gargouille de plus en plus fort. Je ne contrôle rien et mes dents ne se gêne pas pour claquer sans que je n'y puisse faire quelque chose.

Oh ! Rectification ! A présent je peux bouger mon index droit ! Et mon pouce, mon pouce peut remuer aussi !!

Ma main se décongèle finalement on dirait. Petit à petit, c'est tout mon bras qui peut bouger. Je peux enfin me gratter le nez.

Je souffle. Je peux pet-être bouger un peu mais sortir du tube m'est impossible. La vitre est bien trop épaisse, et seulement avec un bras, ça va être compliqué. Si déjà je pouvais voir à droite et à gauche ce serait pas mal.

Je prends alors ma tête avec mon seul bras disponible et pousse de toutes mes forces.

Aaaaaargh

Je hurle de douleur. Elle m'irradie tout le long de la colonne. Le supplice est intense. Putain. J'évite de rebouger à nouvau, ça me fait bien trop mal.

A noter : si jamais tu te retrouves coincé dans un tube et que tu ne peux plus bouger, ne force surtout pas.

Une lueur rouge retentit. Je pense que ce n'est pas vraiment normal. Le rouge c'est mauvais, dans toutes les circonstances. Dans les films, c'est toujours le bouton d'autodestruction. Je suppose qu'une alarme braille aussi, ça va avec normalement. La vitre me sert à quelque chose cette fois : je ne risque pas d'avoir les oreilles éclatées par la sonnerie.

Une ribambelle de bonhommes en blouses blanches défilent devant mes yeux. En dix secondes ils ont débarqués, ravivant la salle. Ils doivent être une bonne vingtaine. Comme si moi, 50 kg au compteur, je pouvais être dangereuse.

Je crois bien que le blondinet à ma droite m'a repéré puisqu'il n'arrête pas d'ouvrir la bouche en me pointant du doigt. C'est pas trop tôt !

Toutes les blouses blanches se ramènent vers moi.

"Pourriez vous me sortir de là ?" j'articule bien, sachant qu'ils ne peuvent pas m'entendre. J'accompagne cela de mon plus beau sourire, on sait jamais.

Le grand à lunette traficote je ne sais quoi sur une télécommande et un instant après, la vitre s'ouvre enfin. Deux blouses blanches se précipitent sur moi pour tenir fermement mes épaules. L'un m'enlève le masque. Je prends une bouffée d'air. Qu'est ce que ça fat du bien putain !

Le gars à la télécommande, qui semble être leur chef, crie quelque chose. Je dirais qu'il vient de donner un ordre mais je ne pas sûr à 100% étant donné qu'il parle dans un dialecte incompréhensible. De l'allemand ? Ou du suédois peut être ?

Deux hommes arrivent. Les blouses blanches s'écartent. Eux n'en ont pas, des blouses. Le premier, la cinquantaine bien passée à mon avis, porte un uniforme militaire rouge orné de médailles plus scintillantes les unes que les autres. Il est suivi de près par un jeune homme, surement légèrement plus âgé que moi. Et vu la ressemblance, je présume que c'est le père et le fils.

Le vieux s'approche doucement de moi tandis que les deux blouses blanches appuient de plus en plus fort sur mes épaules afin de bien me plaquer sur la paroi.

Il se rapproche un peu trop près à mon goût. Je peux sentir son haleine, et à son horrible odeur, je peux vous assurer qu'il vient de se réveiller. Ses traits son tirés. Ses yeux sont d'un beau bleu, très foncé qui tire vers le gris. De l'incompréhension puis de l'inquiétude passe dans son regard.

Le chef des b.b lui tend de la paperasse. De là où je suis je peux voir une photo de ma tête. Probablement un truc sur moi donc. Après en avoir pris connaissance, il revient vers moi et dit :

" Donc tu parles l'anglais"

Oui !! Mille fois oui ! Enfin quelqu'un que je comprend !

Mais lui, ça n'a pas l'air de le réjouir. Il fronce encore plus ses sourcils, si bien que les deux pourraient se toucher.

Il fait volte-face et chuchote quelque chose à son fils qui acquise silencieusement en me lançant des coups d'œil durs. Lorsqu'il finit, il me regarde une dernière fois longuement, avant de se retirer. Le jeune lance alors quelque chose en dialecte avant de sortir de la salle à son tour, pendant que les b.b s'affairent autour de moi.

K6Where stories live. Discover now