Chapitre 2

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De bruits sourds retentissent. La terre tremble. Nous entendons, de notre cachette, les larmes des pauvres femmes épouvantées, les protestations des vieillards et les cris désespérés des enfants. 
Il fait noir. Nous sommes cloitrés sous terre depuis des heures. Nous nous serrons les uns contre les autres, apeurés. Le parquet au-dessus de nous grince. Nous frémissons tous. Les pas approchent, mon cœur palpite, je redoute le pire. Ma respiration s'accélère, mes lèvres grelottent. Un trou de lumière apparaît au-dessus de nos têtes, nous nous faisons encore plus petits, nous repliant encore plus sur nous-mêmes.

Inspire
Expire
Inspire 
Expire

Les néons bleutés sont tous éteints. Mes yeux ont du mal à s'adapter, je peine à distinguer ce qui m'entoure alors je cligne plusieurs fois des yeux.

Cela fait un petit moment que je cauchemarde depuis que je suis dans cette petite cellule stérile mais c'est la première fois que tout était aussi limpide. 

Qui est cette personne qui se serrait contre moi ? Qu'est ce que c'était que ces bruits fracassants ? Que y avait-il derrière ce trou de lumière ?

Je souffle, frustrée. Je n'ai toujours aucune réponse.

La pièce est habillé du même carrelage blanc et gris que là où je me trouvais quelques jours plus tôt. Pour tout meuble, il y a le lit en fer où je suis allongé. Très peu confortable.

Après m'avoir injecté un liquide vert dans le bras, je me suis vite évanouie. Quand je me suis réveillée, j'étais déjà allongée ici, menottée aux poignets et aux chevilles.

J'ai beaucoup pensé ces derniers temps. A vrai dire, je n'ai rien d'autre à faire de plus intéressant. Et j'ai remarqué plusieurs trucs.

Tout est flou dans la tête. Mes souvenirs sont brouillés. J'ai beau me concentrer, je n'arrive qu'à me donner mal à la tête. Ma mémoire est comme bloquée. Je ne me souviens pas comment je suis arrivée là, pourquoi je suis ici, et même pas de mon prénom ! 

La seule piste que j'ai, c'est cet étrange tatouage sur mon avant-bras. K6. Je ne me rappelle pas m'être fait ça. Alors cette éternelle question reviens, pourquoi ?

Bip. Bip. Biiiiip.

C'est la petite sonnerie qui annonce que je vais encore me faire examiner par un petit scientifique bigleux. Tous les matins c'est la même chose. Un militaire me met en joue tandis que le médecin commence son inspection. D'abord il mesure mon rythme cardiaque puis celui respiratoire, ainsi que ma pression artérielle. Il prélève aussi un peu de ma bave avec un coton tige, prends mon poids et ma température et des fois il me fait en plus une prise de sang.

Encore un mystère de plus qui s'ajoute à ma liste interminable. Je suppose que tout ça leur servent pour leur expériences minables.  

Si je suis "gentille" j'ai le droit à mon repas. Si jamais je tente quoi que ce soit pour sortir, je ne mange pas. Et je pense que les militaires n'hésiterai pas à me tirer dessus.

- Bonjour, dit la blouse blanche. C'est le seul mot qu'il sait dire en anglais je crois. A chaque fois que j'essaye de communiqué avec lui, il me regarde confus.

Maintenant je ne prend même plus la peine de lui répondre et tends seulement mon bras vers lui. 

Quelques minutes plus tard, la blouse blanche se racle la gorge. Je crois qu'on en a finis pour aujourd'hui.

- Tu manger avec Monsieur.

- Euh... Pardon ? je dit, plus surprise qu'il m'adresse la parole avec son anglais imparfait que par la phrase en elle-même.

- Tu manger avec Monsieur, répète-t-il lentement.

L'information n'est pas arrivée à mon cerveau que je suis déjà empoignée aux épaules par deux montagnes de muscles armés jusqu'aux dents.

C'est la première fois que je quitte ma cellule. Toujours le même carrelage, je remarque.

Plein de blouses blanches s'affairent autour de moi, m'effleurant au passage dans ce couloir étroit. Certain me regardent avec curiosité, d'autres froncent les sourcils et se regardent soucieux. Je jurerai qu'une lueur de peur règne dans chacun de leurs yeux même chez les plus intéressés. C'est bon à savoir. S'ils sont effrayés c'est qu'il doit y avoir une raison. Il me reste juste à déterminer laquelle.

Mémorise le chemin, je pense.

Couloir à droite, huitième porte à gauche, escalier dernier étage, grande porte tout de suite à gauche, je répète pour moi-même.

Une grande porte en bois se dresse fièrement devant nous. Je me sens petite d'un coup. Même les colosses paraissent ridicule à côté d'elle. De jolies gravures sont sculptées dessus et de longs filaments en or enroulent soigneusement les poignées.

L'un des militaires donne trois petits coups tandis que je continue de m'émerveiller. La porte s'ouvre brusquement laissant échappé un grincement enroué. Le jeune homme de la dernière fois se tient droit devant moi, me fixant de ses yeux perçants. Les trois colosses qui m'accompagne s'agenouillent avec respect. 

Je ne sais pas s'il faut que je fasse pareil. Je les regarde tour a tour et lève finalement les yeux vers l'homme. Il continue de me scruter de façon très indiscrète. Ses yeux ne ressemblent pas du tout à ceux de son père par ailleurs. Ils sont bien plus clair, on dirait deux petits diamants bruts. Je ne le lâche pas du regard, pas question de perdre cette bataille.

Finalement c'est lui qui détourne en premier. Il se retourne et lance quelque chose en dialecte. Les trois colosses se lèvent et me poussent à entrer.

Et je n'ai qu'un mot à la bouche : waouh.

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⏰ Last updated: Aug 17, 2018 ⏰

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