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J'ai toujours trouvé que la pluie était la chose la plus belle et poétique qu'il m'avait été donné de voir. Elle a peut-être l'air extrêmement triste aux yeux de la majorité des personnes vivant dans ce monde, je ne suis pas de cet avis. La pensée qu'une personne au-dessus de nous provoque les averses à cause d'un quelconque chagrin ou d'une envie m'a constamment enchantée. Le ciel gris me semble bizarrement familier, et j'arrive à m'identifier à lui, sans vraiment savoir pourquoi.
Plus j'observe ces cieux orageux et plus je me dis que si j'en aime la couleur, c'est certainement parce que mon esprit lui est semblable en tout point. J'adorais le soleil, avant. Maintenant, le moindre rayon solaire me fait grogner tandis que la pluie me rassure. Et je ne sais vraiment pas quoi en penser.
Parfois, je me dis que ça me ferait du bien d'en parler à Dante et Mickey. On se dit tout, habituellement. Mais je n'y arrive tout simplement pas, je ne réussi pas à me convaincre qu'ils pourraient comprendre. Parce que je sais qu'ils ne le pourraient pas.
C'est plus facile pour eux. Tant qu'ils sont ensemble, tout va bien. C'est toujours plus facile lorsque ton âme-sœur se trouve à tes côtés.
Ça m'avait fait bizarre quand j'ai compris qu'ils étaient des âmes-sœurs. Ils sont nés avec leurs tatouages complétés, étant donné qu'ils étaient dans le même ventre avant de venir au monde. Alors que moi j'avais ma moitié de rose, ils avaient un bel aigle encré sur la peau de leur épaule.
Je ne vais pas mentir, j'ai longtemps été jalouse de ça. C'est bien connu, dans un groupe de trois personnes, il y en a toujours une en trop. Et c'était moi. Ils avaient beau me répéter à longueur de temps qu'ils m'aimaient plus que tout et qu'on ne serait pas « Kai, Dante et Mickey » sans Kai, ça ne me rassurait pas, parce qu'ils se suffisaient bien à eux-mêmes. Maintenant que j'ai un peu grandi, je me dis que ce n'est pas si grave que ça, je me dois d'être heureuse pour eux, ce sont mes jumeaux et ils ne méritent pas de souffrir plus, c'est déjà assez comme ça.
Je n'arrive donc pas à leur parler, je songe alors à Micah, mais il n'a que 12 ans. La mort de maman l'a beaucoup affecté, mais il ne comprendrait pas pourquoi j'ai des pensées aussi sombres. Il arrive encore à voir la beauté de certaine chose, malgré tout.
Mon père, je n'y pense même pas. Je pense que si j'essayais de lui expliquer, il sauterait par une fenêtre. Il doit subir déjà tant de chose.
Alors, je ravale mes flots de pensées grisonnantes en sortant de la voiture, le soupçon d'un sourire sur mes lèvres alors que des goûtes glacées coulent le long de mon visage.
Mes frères et mon père se dépêchent de prendre les affaires du coffre, tandis que je sens mes pas lourds, comme s'ils résonnaient contre le béton à chaque mouvement. Mickey me tend ma valise, que j'empoigne sans réelle conviction, avant qu'il n'entre dans l'hôtel à toute hâte en suivant les autres.
