Je suis née

Ma sœur

La première larme à dévalé ma joue en lisant tes mots, quand j'ai compris que je te perdais, que tu me filais entre les doigts, mais je n'ai pas tenté de la stopper.

La deuxième et les suivantes ont ravagé mon visage, alors que je comprenais que rien ne te ramènerai parmi nous, auprès de moi.

Je n'ai plus les mots pour te soutenir, pour éponger ta douleur, pour te refaire sourire, je ne peux que te faire encore souffrir.

Je ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer cette peine qui ronge mon âme écorchée, ni la force de repousser ces perles salées qui forment tant de sillons sur ma peau.

Toi non plus tu n'as pas trouvé la force de te relever après son départ, tu as sombré dans la folie, emportant une partie de moi au passage, déchirant mon cœur et mon âme.

Je vois son absence te torturer, te détruire, te rendre folle, et je t'enveloppe de tout mon amour qui jamais ne vaudra le sien, essayant tant bien que mal de te ranimer, mais ton esprit est trop emmuré pour nous entendre.

J'ai besoin que tu me laisses venir jusqu'à toi, je dois trouver une brèche pour venir rassurer ton âme, panser tes blessures à vif, anesthésier ta douleur ; je veux te guérir de ton mal, j'ai trop peur de te perdre à mon tour.

Mais tu ne laisses passer personne, tu bâtis un mur autour de toi, comme des remparts pouvant surmonter n'importe quel siège, te protégeant du monde extérieur, mais tu es devenue sourde au monde à cause de son absence.

Maintenant c'est moi qui doit supporter ton absence, parce que même si ton corps est encore là, tu es déjà partie loin de tout, tu n'es plus là.

Tu ne ris plus à rien, ta voix n'a plus la même couleur, cette même douceur qui a accompagné tant de fois mes réveils difficiles, tu as perdu ton entrain, ta passion pour les Arts et l'Histoire.

Malgré mes efforts, je ne sais plus quoi faire pour te ramener, j'ai pourtant cru que nous avions tout essayé, mais avec son absence plus rien n'est possible.

J'ai déjà perdu ma meilleure amie, ma sœur, et cette pensée me tue doucement.

Tu te perds, et une partie de moi se perds avec toi.

© Rose A.M. Farque